Oh, je crois bien que je suis en train d'écrire un post de blog, cette émotion. Pourquoi ce geste, alors que je ne sais même pas ce que je raconte ? Et pourquoi pas après tout ? Je suis libre.
Voilà. J'ai écrit tout ce que j'avais à écrire jusqu'à un autre jour, plus tard, où je vous raconterai une histoire.
Dans cette histoire, je serai seul en voiture sur une route de Meurthe-et-Moselle, direction le sud du département, à la lisière des Vosges, là où naissent les images et où meurent les enfants.
Il fera nuit, je roulerai en silence. Je connaîtrai la route car je la connais déjà. A gauche, au-delà de quelques arrondis se dessinant dans la nuit, il y aura, en haut de la colline de Sion, la statue de la vierge éclairée.
A droite de la colline de Sion, il y aura, comme toujours à cet endroit, le grand crocodile assoupi. Il roupillera tranquillement, attendant, ainsi qu'il l'a fait depuis treize ans, que les arbres arrachés au sommet de son crâne par la tempête repoussent.
Dans cette histoire que j'écrirai un jour si Dieu le veut, au moment où je regarderai le crocodile assoupi et la colline de Sion, une grande ombre noire et volante et silencieuse dépassera la voiture par la gauche. Une aile frôlera mon visage avec la douceur du nouveau Soupline qui fait que les peaux de bébé sentent comme du coton.
L'ombre noire passera devant moi et viendra voler dans les phares. Son envergure dépassera à l'aise la largeur de la voiture. Elle fera battre ses ailes lentement, car un battement de rien du tout lui permettra de s'élever très haut, je sentirai cette puissance jusqu'au fond de mes tripes.
Je fixerai obstinément ce volatile noir me précédant dans les virages tortueux de la route. Je le fixerai tant et si bien qu'au moment de prendre un virage, la silhouette noire continuera tout droit et moi aussi.
Je volerai un instant, le crocodile assoupi et la colline de Sion face à moi maintenant, le volatile toujours à moins d'un mètre et je me cognerai au plafond quand la voiture heurtera le sol une première fois, puis au sol quand le plafond heurtera le sol, puis un boîtier de disque négligemment posé sur le fauteuil passager viendra me heurter le coin de l'oeil, puis je cracherai un peu de salive en faisant RHEU tout en pensant bah tiens t'as bien l'air con là tout en me disant que j'aimerais que ça s'arrête tout en réfléchissant à mes chances d'en sortir vivant tout en ne voyant pas s'approcher le mur d'une maison en pierre installée va savoir pourquoi au pied de cette pente dont on ne sait d'ailleurs pas ce qu'elle fait derrière ce virage dont on ignore par ailleurs pourquoi donc il tourne sur cette route dont on peut interroger la légitimité à se laisser rouler dessus par des voitures dont on peut questionner la pertinence à l'heure où il est temps de penser à la Terre dont on admettra qu'elle a été mal conçue par Dieu dont on ne sait d'ailleurs pas s'il existe, celui-là.
Dans l'histoire que j'écrirai un jour pour vous, pour vous divertir un peu par une blême soirée de septembre, je me retrouverai donc encastré dans un mur après avoir connement suivi un corbeau ou ce genre de chose venu voler devant moi. Mais JE NE SERAI PAS MORT, voilà l'information principale. Pas comme Michel à qui j'avais fait subir
un sort similaire, je ne sais pas si vous vous souvenez ou si même seulement vous l'avez lu, en tout cas moi je ne me souvenais pas de l'avoir écrit comme ça et en plus je ne m'emmerde pas, je reprends à moitié des trucs déjà écrits maintenant, remarquez d'autres le font, ça doit être bien.
Je sortirai de la voiture et puis je vivrai encore un tas d'aventures, des aventures que je vous raconterai donc dans l'histoire que j'écrirai. Quant à savoir comment elle aura commencé, ça je l'ignore, je ne sais pas commencer les histoires.