.
Si 2012 n’était pas une fiction douteuse et que l’on devait sauvegarder quelques RTS pour le patrimoine avant la destruction de la planète, Starcraft figurerait parmi les élus. Blizzard avait donné au genre ses lettres de noblesses avec Warcraft I & II, mais le studio ne comptait pas s’arrêter là et insiste en cette année 98 avec un nouveau soft hors du commun, dans un univers radicalement différent.
L’impact de ce titre fut inquantifiable. Nul besoin de justification d’ailleurs, il suffit d’aller sur le Battle Net et constater que les serveurs sont toujours fréquentés une décennie plus tard ! Car Starcraft représente pour beaucoup l’aboutissement du jeu en réseau, encore aujourd’hui un modèle d’accès et de fun. Il s’agit de ma première expérience en ligne et elle restera à jamais dans mon esprit. Attention je ne dis pas ça banalement pour faire passer le message et encenser gratuitement le titre, non, je m’en souviens bel et bien parfaitement. L’histoire se passe dans une salle en réseau de Valence courant 99, sortez le pop-corn…

Nous avions tous pris les Terrans et mes deux amis, après s’être entretués, me laissèrent alors tranquillement accumuler des ressources et succombèrent sous mes bombes nucléaires. Une minute de silence pour les 10 tanks en mode siège éradiqué en 20 secondes, Thomas si tu me lis sache que je culpabilise toujours (ou pas). Je me rappelle plus ou moins de la map, de la configuration de ma base, et même de l'habitué hautain gloussant devant notre misérable skill. Durant les jours qui suivirent je racontais à tout le monde notre partie, grand moment solitude lors des repas familiaux au passage, mais qu’importe puisqu’une passion pour Starcraft et le RTS était née. Tout le monde s’en flagelle n’est-ce pas ? Soit, mais je devais partager cette simple partie multi-joueurs que j’arrive encore à décrire aujourd’hui. Diagnostic docteur ? Abus sexuels pendant mon enfance ou jeu d’anthologie ? J’opterais pour le second choix mais j’ai un affreux doute.
Délire mis à part, techniquement la claque n’a pas de nom pour l’époque tant la finesse des graphismes éblouie. Grâce à un design parfait chaque bâtiment, unité, ou décor possède un charme particulier. Car la grande force de Starcraft est de proposer 3 races complètement différentes, esthétiquement parlant bien sur, mais surtout dans l’approche du gameplay.

Trois campagnes sont accessibles dans un ordre chronologique conseillé pour une meilleure compréhension du scénario, loin d’être secondaire. En effet la trame de Starcraft est intelligente, bien construite, et très immersive. Mais revenons à nos campagnes, chacune représentant une race spécifique. Les Terrans d’abord, nous sommes au 23e siècle et les descendants humains ont créés de nombreuses colonies spatiales grâce à une technologie très avancée. Vaisseaux, robots, tanks et autres engins mécaniques constituent la base de l’armée. Niveau caractéristiques propres on notera la bombe nucléaire ou encore des bâtiments mobiles par exemple. Les Zergs quant à eux représentent une nuée d’insectes géants à l’aspect organique répugnant. Leur reproduction s’effectue à une vitesse folle et n’est freinée que par le mucus immonde auto-produit sans lequel la construction s’avère impossible. Les Protoss complètent le tableau. Société extraterrestre très avancée, adepte du bouclier d’énergie et des unités couteuses mais dévastatrices. Trois races bien étudiées nécessitant une approche différente au service d’un gameplay génial et parfaitement équilibré. Fondamentalement on se retrouve devant un RTS assez classique avec un schéma bien connu : accumulation de ressources, création d’unités, bourrage de gueule. Mais ne croyez pas le titre répétitif pour autant, la stratégie reste importante et les missions s’enchainent avec facilité.

La bande son se compose de musiques d’ambiances prenantes, mais surtout d’un doublage Français de grande qualité. Cinématiques et briefings constituent un vrai plaisir, renforçant alors l’immersion déjà exceptionnelle. Car si j’ai brièvement évoqué l’ambiance nous sommes contraint d’y revenir tant l’atmosphère de Starcraft est unique. D’une planète volcanique à une jungle sauvage ou une cité dévastée, votre périple vous embarquera aux 4 coins de cette galaxie apocalyptique, le tout servi par un design grandiose. J’insiste, rarement un univers n’aura été aussi riche et envoutant.
Ne comptez pas sur la durée de vie pour trouver une quelconque faille dans ma critique, le mode solo vous occupera déjà plus de trente heures. Une bagatelle si l’on cumule le temps passé en ligne ou en réseau… Peut-être derrière Warcraft II et III dans mon cœur, Starcraft aura nettement marqué ma vie de joueur. Un jeu de stratégie unique et magistral, chef d’œuvre incontesté au sein d’un genre souvent surexploité. Pourtant l’étoile brille encore et ne demande qu’à se raviver avec le second opus en préparation. Souhaitons-lui un destin tout aussi mémorable.