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La réputation des Suikoden n’a aujourd’hui plus grand-chose à envier aux grands noms du genre. Depuis sa naissance sur Playstation rares sont les amateurs de RPGs à faire l’impasse sur cette saga. Pourtant nous allons voir que Suikoden Tierkreis délaisse plusieurs traditions, à commencer par le support puisque Konami abandonne Sony et ses consoles de salons au profil de la Nintendo DS.
Après une ère 128 bits en demie teinte suite à un troisième opus jamais sorti en Europe et un quatrième volet décevant, sans parler de l’add-on Tactics plutôt foireux (heureusement Suikoden 5 rehaussa le niveau), le changement de plate-forme au profil du parc de consoles le plus fourni du marché semble assez logique. Inutile de préciser que les fans l’attendaient au tournant, verdict.


Tout débute par une introduction animée du plus bel effet, confirmant une fois encore que la portable de Nintendo maîtrise parfaitement cet exercice. Le prélude magistralement classique nous met dans la peau d'un jeune orphelin recueilli par le chef du village. Néanmoins malgré un lancement assez mou la trame de Suikoden Tierkreis s'avère difficilement critiquable. L'histoire se base sur d'étranges chroniques, conférant parfois à ceux qui la touchent le pouvoir des étoiles, mais délivrant surtout d'étranges visions. Bien sur ces bouquins sont extrêmement convoités, notamment par l'Ordre, organisation (ou secte) puissante prônant l'idée d'un dieu unique et d'un destin prédéterminé. Des principes peu encourageants qui associés à des événements malheureux pousseront notre héros à monter son armée et à défier le monde entier (petits joueurs s'abstenir). Je n'irais pas plus loin pour éviter de spoiler une histoire dans l'ensemble rondement menée et très prenante, avec pourtant l''insupportable cliché du héros insouciant et bagarreur.
Une fois n'est pas coutume, l'un des gros points fort de Suikoden reste le charater-design toujours très soigné malgré l'incroyable nombre de protagonistes. Hormis quelques fausses notes on ne déroge pas à la règle, et si l'ensemble s'avère moins travaillé que dans certains opus il s'impose sans réticence. Néanmoins l'ensemble visuel manque d'harmonie, car si l'on restera bouche-bé devant les somptueux décors en 2D Konami a fait l'illogique choix d'y intégrer des sprites 3D. D’abord écœuré par cette mode SD qui pollue la console, on s'y fait vite et la réalisation régale de bout en bout.


Les combats sont quand à eux intégralement en 3D, mais ici ce facteur passe au second plan tant la déception est de taille : exit les habituels six personnages, on conserve bien les lignes arrière et avant mais on ne peut y placer que quatre combattants ! Prenons du recul, plusieurs raisons l'explique. D'abord atténuons cela par l’utilisation d’un gars en soutient, il n'apparait pas à l'écran mais offre diverses capacités : rétablissement de PV, prévention des attaques surprises, gain supplémentaire d’expérience, etc... L'action se déroule au tour par tour, on sélectionne donc tous nos choix puis observons impuissant le déroulement des attaques, aussi bien alliées qu'ennemies puisque régies par l'initiative. Des combats peu dynamiques mais finalement agréables, même si l’on privilégiera souvent l’attaque automatique pour un gain de temps certain. En revanche l'aspect gestion passionne davantage. A vous d'attribuer les attaques spéciales, d’équiper judicieusement les persos, et d’équilibrer vos équipes lors des batailles multiples. Un gameplay simpliste mais bien rodé, boosté par le traditionnel château et la quête des 108 étoiles. Car on ne déroge pas à la tradition et Suikoden Tierkreis propose une panoplie de personnages à recruter. Notez pour finir la gestion des saisons qui influe sur le recrutement et les tarifs commerciaux. Facteur non négligeable car l’argent se gagne en vendant les divers items ramassés à droite et à gauche. En tout cas la durée de vie impressionne et malgré l'absence de challenge les heures défilent vite, signe d’une immersion certaine.
Musicalement Suikoden Tierkreis rassure avec des compositions agréables et des voix Anglaises pas toujours de très bon gout mais bien présentes. Néanmoins l'ambiance s'avère un poil décevante, la faute au design légèrement moins réussi et surtout aux personnages Kawai en 3D peu charismatiques. On aurait aussi souhaité davantage de liberté au sein des villes, qui imposent une sélection de lieux (auberge, rue principale, magasin, etc...).
Au final après le grandiose Suikoden V l'orientation de Konami apparait comme une récession. Mais ne vous y trompez pas car nous tenons ici un excellent RPG, parmi les meilleurs de la console. Suikoden Tierkreis est un jeu très équilibré, long, prenant, et qui malgré quelques défauts propose une aventure intéressante.