Avant propos : Je ne suis pas ici pour commenter l'E3 de Microsoft ni même tenter de le mettre en parallèle avec celui de Sony et/ou d'autres constructeurs/éditeurs. Je ne cherche pas à savoir qui a gagné ou perdu cet E3.

Je viens de lire quelques 5 interviews de Phil Spencer produites à la suite de la conférence E3 2016 de Microsoft et j'ai été frappé par leurs similarités.
Sur tous les sites que j'ai visité, les questions posées par les journalistes au Xboss sont d'une étonnante complaisance, d'une naïveté qui confinerait presque par moment à de la servilité.

Si ces interviews ne servent au final qu'à une chose, résumer l'heure et demie de publicité venant de s'écouler en compagnie de Phil Spencer, à quoi bon les donner ?
Surtout que cette année, après cet E3 en particulier, il y en avait des questions à poser.

La stratégie de la XboxOne est en effet rentrée dans sa phase 4.0 au terme d'une conférence qui vient, en 90 minutes, de balayer d'un revers de manche 3 années de bullshit marketing. Notion d'exclusivité, prix, Kinect, puissance ; tout vient de sauter sous nos yeux et pas un seul journaliste pour chercher à savoir pourquoi et, surtout, comment ?

Bref rappel des différents stades de la XboxOne :

- XboxOne V1.0 : Mai 2013 / E3 2013 + 6 jours
¤ TV, TV, TV
¤ Toujours connectée, Kinect obligatoire, XboxLive ; le futur du divertissement
¤ Il est trop tard pour changer, faites nous confiance
¤ Vous n'en voulez pas, prenez une 360

-XboxOne V2.0 : E3 2013 + 7 jours / Avril 2014
¤ Au revoir Don Mattrick
¤ En fait si, on peut changer. Nous écoutons les joueurs
¤ Kinect, toujours présent, mais optionnel

- XboxOne v3.0 : Mai 2014 / Juin 2016
¤ Bonjour Phil Spencer
¤ ByeBye Kinect
¤ Nouveau dashboard, nouveau DirectX, nouveau prix, nouvelle ère

- XboxOne V4.0 : Juin 2016 / 20XX
¤ Écosystème unifié Windows 10, fin des exclusivités console
¤ La XboxOne sera désormais disponible en quatre saveurs : Vanilla, Elite, S et Scorpio.

Maintenant que ceci est dit, j'en viens au sujet de mon billet : Le bullshit.

Je ne dis aucunement ici que la stratégie de Microsoft est mauvaise ou que leur conférence était mauvaise en soit. Je dis simplement que, à la sortie de la conférence, tout le monde a fait comme si ce qui venait d'être dit était normal et dans la continuité de tout ce qui nous avait été promis avant. Alors que c'est tout le contraire.
4 points en particulier m'ont sauté au visage :




Dès que le grand public a eu l'occasion de voir le design définitif de la XboxOne, et surtout quand il a pu le comparer avec celui de la PS4, un consensus général s'est instauré quasi immédiatement.
« Elle est sacrément moche cette XboxOne »
Alors qu'en toute sincérité, la PS4 n'est pas tellement plus recherchée que ça. Mais bon, internet étant ce qu'il est et la comparaison avec un lecteur bétamax étant si facile, Microsoft a jugé bon de monter aux créneaux pour défendre son nouveau bébé.
Dans ce long billet, daté de mai 2013, le designer de la console nous explique en long, en large et en travers que la conception de la plastique extérieure de la console a été pensé en synergie avec l'équipe s'occupant du hardware. Tout y est fait dans l'optique d'avoir les meilleurs performances possibles. Le design est aussi sobre qu'ingénieux, etc...

Bref, tut tut les rageux. Si c'est gros, c'est parce que les ventilateurs sont essentiels au bon fonctionnement du bouzin. Et si l'alimentation est externe depuis qu'on fait des Xbox, c'est pas parce qu'on est des branlos, c'est parce qu'il est impensable de mettre ce truc qui chauffe dans la console. Ok ?

Seulement voilà, vient de nous être présenté une XboxOne S qui, non contente d'être 40 % plus petite que son aînée, se paye même le luxe d'avoir des composants plus puissants (donc que l'on suppose chauffer au minimum tout autant, si ce n'est sensiblement plus).
Mais là où les choses deviennent intéressantes, c'est que l'on assiste enfin à la disparition du bloc d'alimentation externe au profit d'une alimentation intégrée au châssis.
Chose qui aurait pu être applaudi si, entre autres, Sony ne le faisait pas depuis plus de vingt ans...

Mais là, pas un seul journaliste pour demander à Phil Spencer par quelle magie vaudou ils avaient changé leur design. Ou alors si, par le plus grand des hasards, on ne se serait pas tout simplement foutu de notre gueule pendant des années ?




Avant même d'être lancé sur le marché, la XboxOne avait perdu la guère des prix. Peu importe si le pack de base chez Microsoft offrait plus de contenu que celui chez Sony, pour le consommateur c'était trop tard, elle était à 100€/$ de plus que la concurrence. La faute à un seul périphérique, alors obligatoire au fonctionnement de la console, Kinect.

Kinect, c'est (c'était?) un peu la Vita de Microsoft. Un vrai bijou technologique dont ils ne savent objectivement que foutre.
Sauf que, contrairement à la Vita, Kinect, lui, s'est bien vendu. Il y a actuellement de millions de caméras dans les foyers qui attendent autre chose que de servir à montrer sa trogne lors de session de skype ou de face commentary.
Malheureusement, depuis le lancement de la console, Microsoft se refuse d'admettre qu'il faut tuer la bête. Alors il préfère la débrancher, petit à petit.
En la retirant du pack de base, en allouant ses ressources mémoire pour augmenter les performances de jeu, en ne développant plus de titres exclusifs et en patchant ceux déjà disponible pour les rendre jouable à la manette, etc. Ils ont tout essayé pour rendre la chose la moins douloureuse possible.

Mais, encore une fois, c'est de cette XboxOne S que semble venir le coup de grâce puisque celle-ci ne possède même plus le port Kinect pour y brancher la caméra.
Vous voulez tout de même utiliser un Kinect dessus, alors qu'ils se sont pourtant donné du mal pendant 90 minutes pour ne même pas l'évoquer une seule fois ? Pas de soucis, il vous suffira d'acheter un adaptateur à 50 $.

Alors je suis peut-être parano, mais quand on a besoin d'un adaptateur spécifique pour brancher un périphérique à un produit technologique, j'ai tendance à penser que ce périphérique n'est plus tellement dans l'air du temps.
Mais, encore une fois, pas un seul journaliste pour poser la question.

L'année dernière, on nous annonçait : « Nous [Microsoft] allons donc continuer à soutenir Kinect où il fait sens ». J'aurais aimé savoir où Kinect peut-il avoir du sens si on ne peut même plus le brancher à sa console sans un adaptateur.




Xbox One is more than 10-year journey.
En d'autres termes, la durée de vie de la XboxOne sera d'au moins 10 ans, tout cela parce qu'elle a été conçu dans ce but.
DirectX XII, le cloud, la techno embarquée, cette console est une console de nouvelle et de prochaine génation. Alléchant non ? Faut avouer que ce genre de promesse, ça fait rêver. Mais, comme toujours, les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent.

Des deux consoles, et Sony a su appuyer là où ça picote, celle de Microsoft était celle qui en avait le moins sous le capot. Et même si les promesse du « pouvoir du nuage » étaient toujours bien présentes dans le discours, semaines après semaines, les vivisection de Digital Foundry avaient fini d’entériner le débat, la XboxOne était la console des infériors versions.
Pas de mystère, la moins puissante des deux faisait le moins bien tourner les jeux. Alors, pour tenter d'inverser la tendance et de respecter ses promesses, Microsoft a cravaché pour faire cracher ses tripes à sa XboxOne.

D'abord en retirant le Kinect et en allouant ses ressources au jeu, puis en déployant DirectX XII, puis en montrant Crackdown 3, le jeu utilisant le pouvoir du Cloud.
Ce cloud computing qui, selon les dires de l'époque, devant servir à l'ensemble du catalogue Xbox qui aurait pu ainsi se soulager d'une partie des calculs pour permettre d'atteindre le sacro-saint 1080p/60 FPS.
Le nuage, solution aussi miraculeuse qu'elle fut nébuleuse.

3 ans plus tard, le mot est laché : Scorpio.

Vous voulez avoir l'assurance de jouer en Full HD et de manière fluide à vos jeux préférés, c'est sur Scorpio que ça se passera. Pire que ça, ce projet vise même le jeu en 4K. Les joueurs xbox n'auront donc pour ainsi dire jamais connu le jeu en 1080p/60Fps. Ils seront passé de 720/900P, 30 FPS souvent, à 4K…
Mais toujours est-il que les promesses de puissance pour la console semblent s'être envolées dans les nuages.
On est passé d'une XboxOne évolutive grâce au Cloud conçue pour durer 10 ans à une version entrée (pour de pas dire bas) de gamme. Pourquoi pas ?

Mais bon, il faut se rassurer en se disant que « la Scorpio  n'a pas pour but de segmenter le marcher, juste d'élargir le choix du consommateur qui se retrouve par conséquent gagnant ». Elle est pas belle la salade ?

Aïe. Chez moi, ça passe pas trop ce genre d'argument.

Premièrement parce que, quand j'achète une console, je sais que j'achète du matos dépassé (ou qui le sera très rapidement) mais que les développeurs vont apprendre à maîtriser et à optimiser le jouet. Il n'y a qu'à voir Kameo et Gears 3, ou Uncharted 1 et The last of us.
Seulement voilà, qui me dit désormais que la XboxOne sera optimisée pendant encore des années ? Les devs ne vont-il pas seulement se dire « Boh c'est bon, c'est une version entrée de gamme, c'est amplement suffisant » ?

Deuxièmement, on nous promet pour la Scorpio qu'il n'y aura pas de jeux exclusifs, juste des meilleurs versions. Déjà, c'est un non sens en soit puisque la Scorpio sera la seule Xbox en 2017 permettant de jouer via un casque de réalité virtuelle. Donc c'est qu'au minimum, il y a aura des jeux/concept VR exclusifs. Et puis, j'ai du mal à croire que toute cette puissance servira juste à faire touner Fifa 19 et COD : Infinite/0 Warfare en 4K

Bref, là encore, pas un journaliste pour demander à Phil Spencer ce qu'il en était du Cloud pour la XboxOne et des promesses de FullHD.




Cet E3 signe aussi la fin d'un cheval de bataille de la guerre des consoles : Les exclusivités.

Alors, soyons honnête, de voir les jeux sortir à la fois sur PC et sur XboxOne, ça ne changera pas grand-chose.
Un joueur console ne possédant que la XboxOne verra toujours des jeux arriver et y jouera comme avant. Il ne pourra tout simplement plus dire « Merci MS de n'offrir la possibilité de payer pour ce jeu qu'à notre seule commuanuté ».
Un joueur PC quant à lui aura enfin la possibilité d'acheter des jeux de licences historiquement ancrées chez Xbox. C'est tout bénef', surtout si il avait déjà envie d'y jouer mais ne voyait pas l’utilité d'acheter une console pour 3 ou 4 jeux.
Non, quand on y réfléchi, les seuls cocus dans l'histoire, ce sont les joueurs qui possédaient déjà un PC Gamer capable de faire tourner les jeux tiers mieux que sur consoles et qui se sont acheté une Xbox se disant qu'ils voulaient à tout prix jouer aux Forza et autres Gears of War. Eux oui, ils peuvent l'avoir un peu mauvaise. Mais ça ne doit pas représenter beaucoup de monde non ?

Mais, ce qui m'intrigue le plus dans la fin des exclusivités console, c'est le Play Anywhere. Tu achètes un jeu sur consoles, tu obtiens ce même jeu sur PC. D'accord, c'est pas mal. Mais à qui ça s'adresse ?

Comme je l'ai dit, un joueur XboxOne n'ayant pas de PC ou un joueur PC n'ayant pas de XboxOne n'y verra pas d’intérêt (si ce n'est celui de s’acheter un jeu à deux).
La seule personne qui serait intéressé par ça, c'est la personne ayant les deux. Mais, avec la fin des exclusivités consoles, posséder à la fois un PC Gamer et une XboxOne devient un non sens, la Xbox faisant désormais doublon.
Quel futur potentiel acheteur, possédant déjà un PC gamer, va acheter une XboxOne sachant que plus aucun jeux ne sortant dessus ne sortira pas aussi sur son PC ? Quel intérêt d’acheter la console ?

Jouer avec une manette ? Le PC le fait aussi.
Jouer en ligne ? Le PC le fait aussi et gratuitement/mieux en plus.
Jouer sur sa TV ? Des tas de solutions existent déjà et pour beaucoup moins cher. Boîtier de stream, câble HDMI de 20 m, bouger ses fesses et déplacer la tour, …

Qu'on se mette d'accord, je ne suis pas contre le Cross Buy. Mais là, je ne comprends pas vraiment à qui ça s'adresse dans ce cas là.
Et bien évidemment, pas un seul mot de nos chers journalistes.




Pour finir sur une note moins cynique, je dois bien reconnaître que j'ai enfin l'impression qu'en balayant tout le Bullshit de ces 3 dernières années, Microsoft a enfin une ligne directrice à laquelle s'en tenir et qu'ils savent vraiment où aller pour l'avenir de la marque Xbox.
Mais je reproche aux journalistes de ne pas chercher à en savoir plus. Je n'attends pas d'eux qu'ils gobent, année après année, la communication de Mircosoft et qu'ils l'oublient aussi sec dès qu'un nouveau communiqué ou qu'une nouvelle conférence pointe le bout de son nez.

Pour tout ceux qui seront arrivé jusque ici, merci de m'avoir lu.
Pour les autres, merci d'avoir essayé.
Umbasa.