Vivendi a levé une ambiguïté : on pourra toujours s’abonner à BeIN Sports en solo même si un accord d’exclusivité est signé entre Canal+ et le groupe qatari.
Une menace et une concession. A l’occasion de l’Assemblée générale de Vivendi ce jeudi, Vincent Bolloré, le président de son conseil de surveillance, a prévenu qu’il n’était pas interdit d’imaginer une fermeture de la chaîne cryptée française Canal+ si ses pertes n’étaient pas jugulées. En revanche, le groupe a levé une ambiguïté afin de se donner plus de chance d’obtenir le feu vert de l’Autorité de la concurrence pour son accord d’exclusivité avec BeIN Sports. On pourra toujours s’abonner aux chaînes sportives du groupe qatari séparément même s’il y a accord, a expliqué Stéphane Roussel, DG en charge de l’opérationnel chez Vivendi.
« On dit que je suis la cause des pertes, mais j’en suis la conséquence et peut-être la solution, » a d’abord expliqué Vincent Bolloré avant de faire un dégagement sur Canal+ sur un ton assez libre. Pour l’homme d’affaires breton, Canal+ est un maillon essentiel si Vivendi veut être « ce groupe européen capable de rivaliser avec les géants de l’Internet », actuellement tous américains et asiatiques. Cependant, Vivendi est majoritairement détenu par des fonds anglo-saxons, et il n’est pas question que les six chaînes françaises Canal+ (Canal+, Canal+ sport, Canal+ cinéma, Canal+ séries...) continuent à perdre 410 millions en résultat opérationnel, comme cela devrait être le cas cette année, a expliqué Vincent Bolloré.
« Si on ne peut pas avoir BeIN Sports , on ne pourra pas financer indéfiniment les pertes des chaînes de Canal, a-t-il alerté en direction de l’Autorité de la concurrence, des fans de foot, des instances de direction des sports, qui vendent cher leurs droits de diffusion, ainsi que du milieu du cinéma, dont Canal est le principal bailleur de fonds. A Dieu ne plaise, mais notre activité de fabrication de chaînes ne marche pas et cela pourrait s’arrêter ». Selon lui, on pourrait imaginer un groupe Canal+ avec Canal Overseas (1,5 milliard de revenus, 250 millions de bénéfices), CanalSat (1,5 milliard de revenus et 250 millions de profits), les chaînes gratuites (« D8 et D17 sont rentables, la seconde plus que la première », a-t-il dit), StudioCanal (500 millions de revenus, 50 millions de profits), mais sans la chaîne cryptée et ses déclinaisons.