On approche de la fin de l’année alors la question est posée : comment ça se passe au Japon ?
Vous vous doutez que le Noël associé à la naissance du Christ a encore moins de succès au Japon que chez nous, non parce que les croyances et les traditions se perdent mais bien parce que c’est une culture différente qui n’a que peut été marquée par le Christianisme, même après les infortunées tentatives d’invasion occidentale du 19e siècle. Certes, il y a une petite communauté chrétienne mais elle est réduite et les festivités de Noël ne leur sont pas consacrées. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les fêtes de fin d’année au Japon sont surtout une adaptation du folklore païen occidental mêlée à une tradition ancestrale : à Noël on célèbre les enfants, les liens d’amour et d’amitié, et pour le jour de l’an on se réunit au temple le plus proche, vêtu du kimono traditionnel pour offrir quelque donation aux dieux et faire ses vœux pour l’année à venir.

Commençons donc par Noël (Kurisumasu, クリスマス). Plus qu’ailleurs, cette fête est devenue celle du mercantilisme. Récupéré et instrumentalisé par les grandes enseignes (comme Isetan l’équivalent de nos Galeries Lafayette et qui règne sur Shinjuku) et groupes de l’industrie du luxe, Noël au Japon est la fête de la dépense et des cadeaux somptueux. Les enfants sont privilégiés, comme le veut l’inspiration occidentale, mais puisque c’est aussi la fête des amoureux, il faut passer cette journée / soirée du 25 décembre avec son âme sœur, lui renouveler sa promesse d’éternité en lui offrant des heures de joies et de beaux cadeaux hors de prix…

Pour les célibataires, la fête prend l’allure d’une réunion entre amis autour d’un bon repas, d’un karaoké et se clos par des cadeaux… Rien de bien original me direz-vous puisqu’en Occident on en est là aussi… sauf quand les enfants attendent le passage du bonhomme en rouge pour avoir leurs cadeaux ou que la messe de minuit est de rigueur. Les Japonais aiment aussi les petits artifices de Noël : sapins, illuminations… L'élément le plus surprenant : les jeunes Japonais se sont pris de passion pour l’habitude occidentale des expatriés, manger de la volaille frite pour Noël. Mais où trouver un poulet ou une dinde frits au Japon ? Bah, chez KFC, le roi du poulet frit sur place et sans concurrent apparent. D’où le menu KFC spécial Noël réservé au Japon !

Pour le Nouvel An (Omisoka, おみそか), on change de registre ! Là c’est une vraie fête traditionnelle qui a gardé ses atours car elle est l’une des plus importantes de l’année, d’autant que quelques jours sont fériés, chose rare au Japon. Depuis l’ère Meiji, on célèbre le nouvel an le 1er janvier mais avant 1873, le nouvel an débutait avec le début du printemps. Avant le soir du 31 décembre, un grand ménage (ôsoji) s’impose pour purifier la maison. On installe un shimenawa, sorte de porte bonheur en forme de grosse tresse de paille à l’entrée et on prépare les plats (osechi) qui seront mangés le 1er janvier (surtout le mochi) et les jours suivants.
La famille et les amis proches sont réunis autour du plat traditionnel, une soupe et des Sobas, symbole de longévité. C’est aussi un plat convivial que l’on offre à ses voisins en signe de bonne entente et d’amitié, une manière se resserrer les liens ou d’en créer.
La chaîne NHK diffuse un programme spécial qui bat des records d’audience et séduit toutes les générations (enfin… il y a surtout le succès évident des Morning Musume).
Mais les jeunes se réunissent parfois dans des quartiers animés pour faire la fête. A minuit, les cloches de temples shintoïstes sonnent 108 coups pour chasser les 108 mauvaises pensées accumulées au cours de l’année écoulée. La tradition veut que l’on soit présent au temple à ce moment là, que l’on fasse ses vœux en pensée après avoir frappé trois fois dans ses mains face à l’autel. On peut ensuite aller tirer une prédiction et souhaiter qu’elle soit bonne…


Il est plus facile de sortir de son chaud chez-soi pour aller au temple si on décide de profiter des stands de festival qui se sont souvent installés aux abords. Sous un parfum unique de Japon ancestral, les visiteurs peuvent chemin faisant découvrir des stands de douceurs traditionnelles ou locales, jeux et autres petites échoppes vendant des jouets très simples comme des masques, des ballons… Le lendemain, il faut se lever très tôt car il est de bon ton d’assister au premier lever de soleil de l’année. La visite au temple shintoïste le plus proche est de mise entre le 1er et le 3 janvier. Le port de beaux vêtements ou haregi est apprécié. Si les hommes ont perdu l’habitude de porter le kimono pour l’évènement, ce n’est pas le cas des femmes et des enfants.


La visite au temple se fait en famille mais aussi entre amis ou en amoureux. On s’y réunit, on prie les dieux pour une bonne fortune au cours de l’année qui commence et on écrit ses vœux sur une feuille blanche avant de l’accrocher nouée dans le temple, les dieux ne peuvent pas tout lire et entendre en même temps ! Les jeunes reçoivent aussi leurs étrennes à cette occasion, chose non négligeable ! Bon, il y a aussi des traditions locales pour le nouvel an comme le bain public de purification… qui ressemble à nos nageurs du jour de l’an, vous savez ceux qui se jettent dans une mer glacée… !! Brr !
Depuis le Tsunami et la mini apocalypse de Fukushima, ce rituel est lourd d’un message plus fort. L’année passée, les festivités étaient marquées par la tristesse et un manque d’engouement général. Pour preuve, alors que des milliers de cartes de vœux sont envoyées à cette occasion, une baisse significative avait été enregistrée.