De tout temps, l’homme a toujours cherché à représenter le monde qui l’entoure. Certains avec onirisme, lyrisme ou même réalisme. Les mouvements picturaux ne manquent pour étayer ces visions de notre monde. Dans nos jeux-vidéos, il existe aussi des « mouvements » picturaux assez reconnaissables : le style SD, Kawaï, le cell shading, le pixel art… Et : le photoréalisme.
Technique qui consiste à rester le plus fidèles en terme de visuel à la réalité. La technique est souvent bluffante, et fait souvent mouche auprès des technophiles, mais il est quand même bon de rappeler que chaque technique à ses avantages et ses inconvénients.
Seulement voilà, comme le jeu vidéo est devenu par la force des choses un art, il faut absolument lui donner des critères de jugement égaux à une toile ou un film, en lui attribuant des canons de beauté. Et comme le photoréalisme reste encore une prouesse performable, rare et convaincante, elle prône très souvent chez les gamers en haut des critères de sélections, jusqu’à devenir une exigence chez nombres de gamers.
Mais peut-on qualifier un jeu photoréaliste de « beau » ?
A l’origine, techniquement, les consoles de jeux ne pouvaient afficher qu’un faible taux de pixels à l’écran. Du coup la représentation des univers s’est toujours fait de de manière imaginative, forçant le joueur, à l’image d’un livre, ou d’une histoire qu’on raconte, à s’imaginer et à se dépeindre lui-même les détails de cet univers.
La génération des plus vieux gamers à connu les jeux
Pong,
Arkanoïd,
Space Invaders,
Captain Blood,
Barbarian… Des jeux où la base graphique était plus proche d’un pixel art qui poussait à la projection du joueur. Mais à l’époque, on avait pas le choix. Vu que le jeu photoréaliste n’existait pas. On devait se contenter de ce genre d’expériences, ce qui faisait du jeu-vidéo plus un jouet électronique qu’un jeu en lui-même.
Puis vinrent les scénarios complexes, et les psychologies des personnages, nécessitant toujours plus de réalisme. Les histoires sont semble-t-il toujours les mêmes car elles tournent quasiment toutes autour d’un héros qui doit sauver le monde
(hormis les jeux à concept type casse-têtes…).
A partir du moment, où l’on prend comme base un humain, il semble évident que lui et le monde qui l’entoure doivent être le plus proche possible de ce que l’homme connaît pour les développeurs, accouplé aux exploits technologiques possible de son temps.
A chaque époque son exploit donc, et à chaque génération, nous avons aussi remarqué que le terme de « photoréalisme »
(apparu semble-t-il au début des années 2000 dans le jv) vint s’accoupler à différents jeux pour chaque époque, la norme et les canons de tolérance évoluant sans cesse avec le temps. On se souvient encore des exploits techniques de
Flashback en son temps, de
Doom,
Duke Nukem,
Counter Strike, de la démo de la PS2 avec le vieux, de
The Last of us, des productions
Square-Enix et aujourd’hui de
The Order, nouvelle référence du style.
Et depuis l’avènement de la
3D, toutes les machines ont cherché à singer la réalité par leurs héros, leurs univers, ou animations. Qu’on soit bien d’accord, la technique est ici indissociable de ce style graphique, car l’évolution de nos machines à permis de repoussé les exploits techniques du jeu vidéo, jusqu’à arriver aujourd’hui à des univers vraiment époustouflants, tant dans les décors, que dans les animations, et les particules ou les lumières… De plus en plus de détails permettent de mieux se projeter dans un univers parfois déroutant de réalisme, et à la limite du crédible.
Car il faut bien l’avouer, le photoréalisme n’a de réaliste que sa forme.
A vouloir repousser techniquement les frontières du réel, les studios en oublie que notre univers ne se résume pas à des décors ou des personnages réalistes. Les situations sont, elles, parfois grotesques, ou peu crédibles, et viennent souvent contredire une expérience qui se veut finalement éblouissante, mais peu convaincante en terme de réalisme et/ou d’expérience vidéoludique. Avoir des jeux avec des mecs ultra réaslites, mais dont il faut 10 balles dans le buffet ou 3 headshots pour les tuer, ça manque un peu de sérieux… De même concernant notre héros, dont peu de jeu peuvent se targuer d’un réalisme au niveau de son conditionnement vital tant il faut plusieurs coups/balles/explosions pour tuer notre héros. De même pour les simulations sportives, toujours plus à la pointe de la technologie, du réalisme dans son fond comme sur sa forme, mais ne générant pas plus de fun pour autant, juste plus de maîtrise tout au plus.
Le photoréalisme a non seulement encore des progrès à fournir pour crédibiliser son environnement, mais aussi et surtout, il pêche dans un domaine pourtant nécessaire et primordiale a un oeuvre artistique en soit : l’imaginaire.
Lorsqu’on joue a un jeu abstrait, on pousse notre imagination pour crédibiliser et rendre palpables nos sensations. Ici, tout est servi sur un plateau, pas même besoin d’imaginer quoique ce soit. Imaginer ? Pour quoi faire ?
Beaucoup de jeux n’offrent aujourd’hui qu’une facette réaliste parfois creuse car voulant toujours prouver techniquement pour vendre et se rapprocher d’une caste de gamer demandeuse pour nourrir ses machines surpuissantes pour se gaver de 5k et admirer le moindre pixel d’un jeu. Car le gamer d’aujourd’hui désire forcément un jeu vraiment proche de la réalité, le rassurant surement sur les possibilités qui lui sont offertes ou les actes manqués de sa propre vie. S’amuser, pour lui, c’est vivre l’aventure à son échelle. S’il ne peut pas se projeté, cette expérience reste souvent peu intéressante et peu concluante.
Mais a-t-on tout vu de ce réalisme ? Clairement non. Nous en sommes peut-être même aux origines. Et les accessoires des consoles tentent tous de s’adapter aux joueurs pour leurs proposer une immersion toujours plus importante : le
virtual boy, la
Wiimotte,
kinect, les caques
VR… Toujours plus loin, plus vite, plus réaliste.
Le jeu-vidéo comme miroir de notre réalité. Un avenir peut-être voué à l’unique destin graphique du jeu-vidéo qui prend forme aujourd’hui. Et si l’on considère aujourd’hui que les jeux-vidéos ne peuvent être beau que s’ils sont photoréalistes, alors cela veut-il dire que les jeux qui ne le sont pas ne peuvent être beau ?
Le succès au japon des jeux mobiles n’est peut-être pas seulement dû au simple fait que le marché est en plein mutation. Les japonais ayant toujours eu du mal avec la vue subjective, ils ont sans doute du mal avec le photoréalisme. Du coup, le seul moyen de trouver encore un échappatoire au monde qui nous entoure, c’est surement les jeux mobiles, dans le sens nomade
(consoles portables, smartphone…). Limités techniquement par leurs supports [img](pour le moment ?)[/img] ils offrent encore un éventail plus varié graphiquement que les consoles de salon actuelles.
On est en droit aussi de se demander s’il est toujours bon de créer un monde qui est le reflet du notre. Vouloir toujours le copier peut nous sembler tellement familier par moment qu’il peut aussi nous ennuyer car justement si on joue aux jeux-vidéos, c’est avant tout pour s’évader, pas pour revivre dans un monde qui est semblable au notre.
L’industrie a compris qu’aujourd’hui, maitrisant tout les genre graphiques ou presque, il reste encore à prouver sur le photoréalisme et à s’imposer sur tout les détails qui forment un monde pour envisager imposer un style graphique qui rapprochera le joueur d’un univers reconnaissable pour lui, et proche de ce qu’il maitrise. Ses repères étant basés sur ses connaissance du monde qui l’entoure, finalement, copier son monde n’est pas si bêtes pour lui permettre de franchir un porte qu’il jugerait trop fantaisiste ou puérile. Mais à trop vouloir en faire, on sombre dans le superficiel… Néanmoins, l’histoire a montré que c’est en devenant de plus en plus réaliste que le jeu-vidéo est devenu au fur et à mesure un média « acceptable » et gagna fièrement ses lettres de noblesses en devenant de plus en plus un objet technologique de pointe. Illustrant ainsi une société plus ancré dans la réalité virtuelle proche de la réelle, et développant surement une schizophrénie autour d’un monde bis accueillant tout les possibles, un fantasme relater dans nombres de films SF. Mais ce n’est apparemment plus de la fiction, mais de l’anticipation…
Alors peut-on dire qu’un jeu photoréaliste est plus beau qu’un jeu qui ne l’est pas ?
Ne nous limitons-nous pas à un monde qui nous est proche, ignorant ce qu’artistiquement, nombre d’oeuvres peuvent nous offrir visuellement ?
S’enfermer dans un jeu réaliste, et ne jouer qu’à ce type de jeu, n’est-ce pas une forme de fermeture d’esprit ?
Doit-on impérativement jouer à des jeux photoréalistes pour jouer à des jeux matures ?
Y a-t-il une dictature du photoréalisme ?
Le JV doit-il être techniquement proche de la réalité pour être pris au sérieux ?
Un jeu photoréaliste est-il fondamentalement plus impressionnant qu’un jeu qui ne l’est pas ?
Merci de débattre dans le respect des uns et des autres.