La série des BOF débarque enfin sur PS2 avec un cinquième opus, qui offre un relookage complet tant sur la forme que sur le fond, et qui met en avant un aspect survival-RPG à la difficulté assez relevée. Plongez donc dans l’univers obscur de ce Dragon Quarter et en avant pour le test !
Pour ne pas changer, vous incarnez dans cet épisode…Ryu ! Vous êtes un ranger qui vit sous la surface de la Terre ainsi que tous ses habitants suite à de graves événements qui se sont produits 1000 ans auparavant. En tant que ranger, vous serez assigné à diverses tâches (protection, chasse de monstres géniques,…) en compagnie de votre ami Bosch. Toutes les personnes évoluant dans cet univers possèdent un D-RATIO, qui est leur carte d’identité et qui donne des informations sur leurs habilités/capacités latentes. Suite à certains événements, vous ferez la rencontre d’un monstre génique, plus particulièrement un dragon (tiens, tiens…), ainsi que d’une jeune fille avec des ailes, Nina (comme d’hab quoi ^^), et d’une membre de l’organisation rebelle Trinity, Lin. Le scénario du jeu se veut très basique en apparence (faire voir le ciel à Nina), mais il se révèle très sombre, et surtout, il passe en revue tous les sentiments humains, de la haine à l’amitié, en passant par la colère, la jalousie, l’orgueil, etc…, le tout sur fond de manipulations entre individus et d’expériences génétiques malsaines. Le vrai sens du scénario ne se révélera à vous qu’au bout de nombreuses parties recommencées, et il est tout bonnement excellent mais il fait froid dans le dos dans le sens où le destin de tout un chacun est déterminé, même s’il reste un soupçon de libre-arbitre®par-delà les apparences, ce jeu est véritablement à vocation philosophique !
Puisqu’en ce moment ça fait très « fashion » d’utiliser le cell-shading, et bien BOF ne déroge pas à la règle ! Rassurez-vous, cette technique est ici bien maîtrisée, et tout est super bien rendu à l’écran. Pour commencer, impossible de faire l’impasse sur la présentation, qui reste vraiment un bijou d’orfèvre. Ensuite, le jeu se déroulant 100% en intérieur, les teintes sont très sombres (heureusement variées et agréables à regarder), et cela reste identique lors des combats et des cuts-scenes. Les décors sont ultra-détaillés (tout en 3D et avec caméra libre à 360°), les ennemis aussi, et lors des combats, le tout évolue avec grâce sous nos yeux, et les effets accompagnant les coups portés et les magies déclenchées sont vraiment très bien foutus. On peut dire que ce BOF place donc la barre haut. Néanmoins, on pourrait regretter l’absence de couleurs plus chaudes/vives, mais c’est l’ambiance du jeu qui veut ça, et ça vaut vraiment le coup d’œil (seuls les persos sont habillés de façon claire, et en plus ils sont vraiment bien faits, attachants et charismatiques…et, grande nouvelle, Ryu a appris à parler, mais c’est cette fois Nina qui hélas joue le rôle de la muette).
Certains vont penser que je fais de la propagande, mais Mitsuda, c’est vraiment l’un des meilleurs ; à noter toutefois qu’il n’était que directeur sur le coup et que c’est Hitoshi Sakimoto qui s’y est collé (FFT entre autres), qui est tout autant excellent que Mitsuda dans ses compositions ! Tous les thèmes musicaux sont au minimum bons, et un certain nombre frappe dans l’excellence. Les musiques sont hyper-variées et collent parfaitement à toutes les situations (celle de l’intro est divine). Niveau bruitages, les héro(ïne)s crient (au top !), les coups d’épées et autres sont bien rendus (même les ennemis gémissent sous les coups portés, et le bruit de l’impact d’une arme sur leur corps varie en fonction du type de monstre), et les petits jingles des menus sont très discrets et agréables.
Pour le système du jeu, avant de parler des choses plus « classiques », voilà une petite explication sur 3 concepts présents ici, et qui changent la vision que nous avons d’un BOF, mais aussi d’un RPG en général. Le premier se nomme PETS (positive encounter and tactics system) : en fait, les ennemis sont visibles à l’écran, et vous pourrez, avant d’engager le combat, poser des pièges/envoyer des bombes/attirer les ennemis/etc…, et lors des combats, Nina pourra poser des trappes magiques ; la manière dont vous utiliserez le PETS fera varier votre XP gagnée ainsi que le D-RATIO qui vous sera attribué lorsque vous finirez et recommencerez le jeu ; et cela offre de plus un petit côté tactique assez plaisant. Vient ensuite le SOL (scenario overlay system) : en fait, le jeu est très dur, et c’est presque impossible de le finir d’un coup et à la première partie. Les développeurs ont donc créé un système permettant d’abandonner sa partie et de la recommencer depuis le début, au niveau 1 (!), mais tout en conservant ses zennys, son équipement, ses skills, ainsi que sa cagnotte d’XP (à chaque combat remporté, en plus de l’XP habituelle, vous aurez une réserve d’XP qui se remplira, et que vous pourrez utiliser quand bon vous semblera, avant un boss par exemple, ou dès le début d’une nouvelle partie, pour ainsi faire grimper Ryu au niveau 15 dès les premières minutes de jeu) ; le SOL permet aussi de débloquer de nouvelle séquences qui n’étaient pas présentes à votre précédent passage, ainsi plus de fois vous finirez/recommencerez le jeu et plus de nouvelles scènes vous aurez, amenant ainsi à une meilleure compréhension du scénario. Enfin, il y a le D-COUNTER : à un certain moment du jeu, vous vous verrez attribuer une jauge, le D-COUNTER, qui une fois remplie à 100% vous précipitera dans les abîmes du Game Over ! Je m’explique : une fois les pouvoirs du dragon acquis, ce pouvoir vous consumera lentement de l’intérieur, et certaines actions feront grimper votre jauge (qui n’a aucun moyen de redescendre, d’où la notion de survival, et en temps limité qui plus est…à noter aussi que les auberges n’existent pas ici, et qu’il va vous falloir gérer votre stock d’items de récupération), comme simplement marcher, combattre, utiliser le D-DASH (c’est une technique de terrain qui vous permet de prendre des accélérations fulgurantes et ainsi de kicker les ennemis trop collants présents à l’écran, ou tout simplement d’éviter d’être encerclé ou de combattre quand vos HP sont au plus bas), et bien sûr vous transformer en dragon (un seul type transformation dans cet épisode, qui vous rend immortel ou pas loin de l’être, mais qui fait monter votre D-COUNTER de manière infernale ; à utiliser avec parcimonie donc !).
C ‘est tout pour les « à-côtés » du soft ! Comme je l’ai dit précédemment, il n’y a pas de carte du monde, vous évoluerez de souterrains en complexes industriels et villes, tout en vous rapprochant de la surface de la Terre. Vous pourrez sauvegarder n’importe où, mais ce n’est qu’une tempory save qui s’efface à chaque loading de partie (donc si vous mourrez ou si il y a une coupure de courant, vous recommencerez à partir de votre dernière hard-save…), d’où l’importance de faire des « hard-save », grâce aux « coins save », qui sont peu nombreux comme on pourrait s’en douter, et qui doivent être utilisés à des endroits spécifiques (les telecodeurs, eux aussi assez rares). En ce qui concerne l’équipement, ce sera pour tout le monde une arme, une armure, un bouclier ! Vous pourrez mettre un des skills trouvés dans le jeu dans certains de vos boucliers (réduit de 10% les dégâts, protège du poison, etc…), et pour chaque arme vous pourrez mettre jusqu’à 9 skills d’attaque suivant l’arme (trouvés eux aussi dans des coffres au cours de la partie). Vous disposez de skills de niveau 1, 2 et 3, les 3 étant les plus puissants, mais consommant plus d’AP (action points) ; à noter que vous conservez vos skills une fois appris, et qu’ils se transmettent donc de parties recommencées en parties recommencées.
Mis à part le PETS, voilà comment se déroulent les combats : vos persos à l’écran de combat évoluent suivant leur statut de rapidité et non au tour par tour. Les combats sont gérés par une règle très simple : vous serez limité dans vos déplacements par votre capacité de « move »( un peu comme dans un T-RPG mais sans les cases ; c’est en fait le même système qu’Hoshigami pour ceux qui connaissent), et chaque perso aura à sa disposition une barre d’AP ( dont la valeur maximale augmente au grès des niveaux), qui permet de se déplacer, puis d’attaquer, à vous donc de bien gérer vos déplacements pour pouvoir attaquer efficacement par la suite, voire même économiser vos AP pour en avoir une plus grande réserve au tour suivant. Une fois déplacés, vos perso pourront attaquer avec 3 niveaux de puissance( comme dans Xenogears), le premier dépensant 10 AP par attaque, le second 20, et le dernier 30 ( chaque niveau comporte 3 attaques différentes au maximum, appelées skills, à choisir parmi une nombreuse liste apprise en cours de parties) ; admettons que vous disposiez de 70AP, voici un schéma possible d’attaque = 10 AP pour bouger + 10 AP skill niveau 1 + 20 AP skill niveau 2 + 30 AP skill niveau 3 = 70 AP. Si vous partez d’une attaque faible en allant vers de plus fortes et en variant les attaques, vous réaliserez des combos qui vous feront gagner plus d’XP. Sinon, les combats se déroulent à l’identique que vous attaquiez avec Ryu (épée), Nina (magie) , ou Lin (flingue). Il est à noter que lorsque vous touchez l’ennemi avant de combattre, lors des phases d’exploration (avec la touche s), vous obtiendrez l’initiative, et inversement.
Nous arrivons enfin aux deux dernières particularités de ce soft : d’abord, il y a le trio (je crois bien que ce sont des sœurs mais je n’en suis pas sûr c’est assez ambigu) qui vous suivra tout au long de l’aventure, qui se compose du marchand d’items, du marchand d’armes, et de celui qui identifie les armes/armures trouvées lors de vos pérégrinations, et qui stocke pour vous tout cela en plus des items qui vous encombrent (il n’y a d’ailleurs qu’en les stockant qu’ils passent d’une partie abandonnée à une nouvelle partie recommencée), étant donné que vous êtes ultra-limité en capacité de portage. Ensuite, il y a la colonie des fées (mais on ne pêche pas cette fois hélas !) ; en embauchant des fourmis, vous créerez votre propre colonie, qui grandira, et proposera au fur et à mesure divers services (vente/achat/banque/restaurant/statistiques/élevage de poulets/etc…).
En ce qui concerne la durée de vie, et bien je suis assez dans l’embarras ! En effet, si comme moi vous le recommencez 4 fois avant de le finir, votre compteur affichera pas loin de 50 heures, mais en une seule traite (là c’est carrément être un Dieu du paddle !), vous n’aurez qu’un timide 10 heures…mais ce jeu est fait pour être abandonné, puis refait une fois terminé, alors je considère la durée de vie comme étant largement satisfaisante.
Pour dire les choses simplement, ce BOF en décevra beaucoup je pense (à cause du SOL et de l’aspect trop dongeon/survival de ce RPG), mais pour ceux aimant une ambiance démente, un scénario relevé (tout comme sa difficulté) et une pression constante, alors ce RPG est fait pour eux, et leur procurera de nombreuses heures de plaisir et de sueur, dans des somptueux décors et autres rebondissements scénaristiques, en passant par l’écoute attentive d’une bande/ambiance sonore excellente et d’une pléthore de nouveautés qui manque cruellement aux RPG contemporains.
