Aujourd’hui, j’ai bien envie de vous parler d’une de mes passions : les vidéos de déballage. Il m’arrive de passer des heures à admirer sur Youtube des vidéos fascinantes de gens qui se sont filmés en train de déballer un jeu ou une console.
Ce que j’aime dans ces petits films d’amateurs : d’abord découvrir l’intérieur de leur chambre, admirer leur couette, parfois ornementée d’un Pokémon — héritage de l’enfance qui crée un drôle de contraste lorsqu’ils déballent GTA IV. Mais surtout écouter le bruit de leurs doigts sur le plastique, sur l’emballage ; apprécier le son des pages du booklet lorsqu’ils les feuillettent ; voir leurs mains agissant précautionneusement. Depuis mon enfance, je ressens un intense plaisir en regardant les gens (pas tous cependant) manipuler certains objets, surtout lorsque ces derniers sont faits de plastique ou de bois. Je me souviens des frissons qui parcouraient mon dos lorsqu’en maternelle la maîtresse posait un tabouret par terre. Dans un Columbo, la scène que j’apprécie le plus est celle où l’on observe le tueur en train de préparer méticuleusement son crime ; les mains couvertes de gants, il démonte un revolver ou verse un produit dans un tube à essai ou réduit en poudre un médicament. Je ne parviens pas à décrire ces bruits que j’aime tant — et que je ne sais pas apprécier lorsque j’en suis l’auteur — alors autant vous faire voir des vidéos où vous pourrez, vous aussi, les entendre, et me dire quel effet ils vous font.
Il se pourrait que je vous fasse régulièrement part de vidéos de déballage trouvées au cours de mes promenades. Pour ce billet, je me suis limité aux vidéos de déballage de GTA IV, qui foisonnent. A force d’en regarder, il est possible de voir ce qui les lie et ce qui les différencie. Même si de nombreux déballages se ressemblent, tous ne sont pas identiques. Chacun a sa manière de mettre en scène cet instant, qu’il ait l’impression que ce dernier constitue un acte fondateur pour toute sa vie, ou qu’il semble au contraire s’en balancer.
Commençons par une vidéo de déballage représentative des plus nulles : celles que l’auteur a cru bon d’agrémenter d’une musique. Bonne ou mauvaise, cette dernière ne peut que gâcher le délice des bruits évoqués plus haut :
Voilà. C’est de la merde. Voyons plutôt un déballage tout à fait normal, typiquement comme ceux que j’aime :
Certains déballeurs sont organisés et fixent (comme ici) leur caméra sur un support avant de procéder au déballage. Mais d’autres, un peu foufous pour ne pas dire concons, font tout avec une seule main, tenant leur caméra dans l’autre. Ce sont les plus drôles. Voyez un peu les difficultés de celui-ci pour refermer son coffret, à la fin de la vidéo :
Parfois, lorsque l’emploi des deux mains est vraiment indispensable, il y en a qui posent leur caméra par terre comme des barbares. Ce faisant, ils nous donnent surtout l’occasion d’admirer le relief de leur moquette.
Jusqu’à maintenant, ceux que nous avons regardés étaient bavards et nous racontaient un peu ce qu’ils faisaient. D’autres déballent en silence, comme celui-ci :
Les muets sont les meilleurs parce qu’ils permettent d’apprécier pleinement les sons les plus excitants… Mais il plane souvent sur leur vidéo comme un sentiment de malaise. Contrairement aux excités qui parlent tout le temps pour faire savoir leur bonheur (jusqu’au ridicule, comme
ici (clic)), les muets semblent assez conscients que l’exercice de se filmer en train de déballer un jeu a quelque chose de ridicule. Cela se sent lorsqu’ils en viennent à montrer les booklets ou, dans la vidéo présente, l’artbook. Il y a un moment où l’on sent que l’auteur s’interroge : putain mais au fond, à quoi ça sert ce que je fais ? Et en effet : à quoi sert-il de nous montrer toutes les pages d’un artbook ? Il arrive qu’à cet instant, le déballeur, réalisant qu’il va passer pour un con, accélère le rythme… et passe un peu moins pour un con mais tout de même.
A contrario, les bavards ont tendance à s’attarder sur tout, et particulièrement les détails. Pour certains, on en vient à craindre qu’ils lisent jusqu’aux précautions d’usages dans toutes les langues, de l’anglais au chinois. Exemple avec ce relou :
Ces vidéos ne constituent qu’un échantillon de ce qui a été publié concernant GTA IV. Elles ne sont pas forcément représentatives de l’ensemble. Mais on aura pu y observer qu’un certain nombre de vidéastes sont (leur voix nasillarde et traînante permet de le déduire) d’assez jeunes adolescents qui prennent sans doute un certain plaisir à montrer qu’en dépit de leur âge peu avancé, ils jouent à des jeux pour adultes (l’un d’entre eux s’attarde sur le logo Mature et lit l’ensemble des avertissements sur le contenu du jeu).
Pour finir, un superbe déballage somptueusement exécuté par un mec à la cool qui n’a vraiment pas l’air passionné et qui porte finalement sur son visage la question fondamentale que posent ces vidéos : se filmer en train de déballer un jeu, pour quoi faire ?
Et en attendant d’autres vidéos de déballages, je jure, mais un peu tard, qu’on ne m’y prendra plus.