Mais cet accord pourrait ne jamais voir le jour. Une roquette s'est abattue dans la soirée sur le sud d'Israël, sans faire ni victime ni dégât, selon la police israélienne. Le Hamas a aussitôt démenti être l'auteur de ce tir, premier incident signalé depuis l'entrée en vigueur, lundi, de ce cessez-le-feu, mais il pourrait mettre le feu aux poudres.

POINTS D'ACCORD

Toute la journée, les discussions entre délégués israéliens d'une part et délégués du Hamas, du Jihad islamique et du Fatah d'autre part se sont déroulées au quartier général du renseignement, où les Egyptiens faisaient la navette entre les deux délégations, enfermées dans des pièces distinctes. Peu d'informations ont filtré jusqu'ici sur la teneur des discussions, mais des points d'accord semblaient se dégager.

Côté palestinien, la levée du blocus israélien, imposé de manière stricte en 2007, est une exigence fondamentale. Ce blocus asphyxie l'économie d'un territoire exigu où s'entassent 1,8 million de personnes coincées entre Israël, l'Egypte et la Méditerranée. Selon des négociateurs palestiniens et la presse israélienne, des avancées pourraient être acceptées sur ce point par Israël :

- Alléger les restrictions à deux points de passage de la frontière entre Gaza et le territoire israélien, l'un pour les personnes, l'autre pour les biens. Ce dernier serait sous supervision internationale. Les trois parties auraient aussi accepté l'idée que le passage de Rafah, entre Gaza et l'Egypte, soit contrôlé selon des modalités à définir par les Egyptiens et les Palestiniens.

- Porter à 5 000 le nombre de permis délivrés chaque mois aux Gazaouis pour se rendre en Israël ou en Cisjordanie et doubler à 600 le nombre de camions autorisés à franchir chaque jour le point de passage de Kerem Shalom.

- Permettre l'entrée d'argent sous de strictes conditions pour payer les dizaines de milliers de fonctionnaires qui attendent leur salaire depuis des mois.

- Etendre les zones de pêche.

DES DÉSACCORDS À DISCUTER PLUS TARD, SELON L'ÉGYPTE

D'après un document écrit par les services de renseignement égyptiens, qui conduisent la médiation, et consulté par l'Agence France-presse (AFP), l'Egypte propose un accord de cessez-le-feu permanent prévoyant que la zone-tampon le long de la frontière de la bande de Gaza avec Israël soit graduellement rétrécie et placée sous la surveillance des forces de l'ordre de l'Autorité palestinienne, basée en Cisjordanie et dirigée par le président Mahmoud Abbas. C'est pour l'instant le Hamas, visé par l'offensive israélienne, qui contrôle de facto l'enclave.

L'Etat hébreu, fort du soutien très majoritaire de son opinion publique à la guerre, voudrait de son côté obtenir par ces négociations la démilitarisation de Gaza. Mais la délégation palestinienne a réaffirmé à l'Agence France-presse (AFP) que le Hamas, qui gouverne la bande de Gaza, refusait de désarmer.

Autres motifs de querelle : la construction d'un port ou d'un aéroport pour alléger le blocus à Gaza ; mais aussi le sort des prisonniers palestiniens et le retour en Israël des corps de deux soldats israéliens tués au combat. L'Egypte a proposé aux deux parties de s'entendre sur un cessez-le-feu permanent et de reporter d'un mois les discussions sur ces deux points.

SIX MORTS MERCREDI

Mercredi, six personnes – dont un journaliste italien et trois membres des services de déminage palestiniens – ont été tuées à Gaza lors d'une opération de désamorçage d'un missile israélien, selon les secours palestiniens. Le journaliste, Simone Camilli, 35 ans, couvrait l'opération, à Beit Lahyia, dans le nord de la bande de Gaza. Il avait tourné il y a trois ans un documentaire sur la bande de Gaza, et travaillait pour plusieurs médias internationaux, dont l'agence de presse américaine Associated Press.

Un reporter local et quatre autres Palestiniens ont par ailleurs été blessés dans l'explosion. De nombreux missiles, munitions et bombes non explosés se trouvent dans les ruines de Gaza, bombardée pendant plus d'un mois par l'armée israélienne. Cette offensive a fait près de 2 000 morts côté palestinien et 67 côté israélien.