Les Aliens sont des cons ; laissez-moi vous le dire.
Pour commencer, ils ignorent tout des règles de savoir-vivre qui régissent nos civilisations. Tenez, la dernière fois qu’ils sont venus dans mon jardin, ils ne m’ont même pas prévenu et, pire encore, ils ont roté à pleines mandibules à peine les palmes de leur deuxième patte en partant de la gauche posées sur le sol.
Qui pis est, ils ne sont pas toujours très sympathiques. En fait, certains de leurs spécimens sont particulièrement répugnants, tant dans le fond de leur propos que dans la forme de leur abdomen. Et là où on peut carrément dire qu’ils sont en fait vicelards, c’est qu’ils habitent bien souvent chez nous, en France. Tenez, pas plus tard qu’avant-hier (
Voyez ici), j’en ai trouvé un caché en Dordogne qui se dissimulait sous un nom d’apparence française qui était en fait un anagramme de son véritable patronyme. Son nom réel ? Criale Bronemd. Ce dernier (cette dernière ?) m’avait envoyé une lettre virulente en réaction à une analyse sociologique du joueur de jeu vidéo particulièrement sérieuse et documentée que j’avais publiée il y a quelque temps. J’y ai répondu en deux temps trois mouvements, et croyez-moi, ça a bardé. Rembarré(e), l’Alien(e). Désaliénée.
Cela étant, ce cas flagrant de connerie extraterrestre et ultranavrante n’est pas le pire. Le pire, c’est cette question de Zbignouf Pcholut, résidant dans le Limousin, qui m’écrit :
« Borfvour. En fairdft je voufdfdrais saghgdvoir si les Cogfco Pocsfps sonrft-ils bonrfs, cofdsmme noufffriture j’entensgssds ?§ Et sinon, PSP ou DS ? »
Voici ma réponse à Zbignouf :
Cher Zbignouf,
Il ne faut surtout pas s'inquiéter. Seule la beauté intérieure compte. Toutes les filles te le diront. En tout cas les plus moches. Le meilleur moyen pour qu'on t'aime est d'abord de commence par t'aimer toi-même, en dépit d'un physique qui n'y aide pas forcément. Ou bien de prier très fort. Sache que de toute façon, tu trouveras toujours quelqu'un pour prêter attention à toi. Le fisc, par exemple. Si tu es perdu sur la route de la vie, si tu ne sais pas où aller, quelle intersection prendre, cherche dans ton coeur ; tu trouveras le vrai chemin, celui du bonheur pour toi et tous les tiens, et même pour la planète entière, si Dieu se décide enfin à être un peu indulgent. J'espère que cette réponse aura pu t'aider. Ca fait 10 € tout rond. (A part ça, les Coco Pops, ouais, disons que ça va, c’est pas mauvais, mais perso je préfère les Chocapic, et entre la DS et la PSP, je te conseille Phoenix Wright.)
Ceci mis à part, je ne peux pas dire que je n’aime pas les Aliens. Force m’est de constater que ce sont des gens, enfin des trucs, tout à fait fréquentables ; ils sont souvent plus gentils que mes concitoyens, et encore plus que mes intellocitoyens. A vrai dire, bien souvent, quand je regarde les gens qui m’entourent, je me demande si les Aliens ne nous ont pas déjà envahis.
Car les vrais Aliens, mes amis, ne sont pas ceux qu’on veut nous faire croire ! Ils sont là, partout autour de nous ! Et, plus qu’à Criale ou à Zbignouf, pour qui j’ai somme toute de la sympathie parce qu’il sont gentiment cons, c’est à des terriens que je vais répondre dès maintenant, parce que ce sont
eux les vrais Aliens,
eux qui sont dans le bus avec leur air amorphe, leur écharpe de l’OM et leur baladeur dont on n’entend que les basses et qui se précipitent sur les places assises à peine leur pied posés dans le véhicule alors qu’ils vont passer une journée complète le cul sur une chaise,
eux qui nous piétinent le pied gauche au cinéma pour rentrer en premier dans la salle dans un comportement ovidé affligeant et qui nous piétinent le pied droit pour en sortir dans un comportement bovin tragiquement pitoyable à peine le générique de fin a-t-il débuté comme si à ce moment l’écran allait envoyer un rayon laser pulvérisant tout sur son passage ou comme s’il allait leur falloir payer un supplément pour connaître le nom du réalisateur du film ou comme si le générique n’appartenait pas à l’œuvre,
eux qui se lèvent dix minutes avant l’arrivée du train en gare et qui nous envoient leurs bagages dans la tronche en espérant que le fait d’être debout plus tôt les rapprochera de l’arrivée,
eux qui font des fumeurs des intouchables en les montrant dans des reportages en contre-jour, la tête de profil en arrière, expirant de la fumée, la clope à la main, comme des héroïnomanes, et en filmant des cigarettes en train d’être fumées en gros plan comme s’il s’agissait des chars nazis pénétrant Paris,
eux qui perdent toute déontologie journalistique pour s’exclamer dans leurs articles au sujet des mensonges sur les paquets de clopes comme s’ils étaient directement atteints et qui se réjouissent publiquement des derniers chiffres sur le recul du tabagisme et qui traitent carrément sans la moindre honte les Irlandais d’indélicats parce que selon leurs chiffres 47% d’entre eux n’hésitent pas à enfumer les gens avec qui ils se trouvent en voiture ce qui fait d’eux des meurtriers avérés,
eux qui disaient en 1968 qu’il serait interdit d’interdire et qui veulent aujourd’hui tout interdire et tout réglementer pour préserver la santé des gens et qui ne se rendent pas compte qu’un bar sans cigarette n’est plus un bar mais un salon de thé et que les coins non-fumeurs des restos et cafés sont toujours ceux où les gens semblent le plus s’emmerder et où toutes les tables sont vides à partir de 22 heures parce que la santé ça se préserve aussi en dormant tôt pour se lever tôt pour faire un jogging le matin pour être en forme toute la journée pour vivre plus longtemps pour rien parce qu’on finit de toute façon par mourir,
eux qui préfèrent survivre plutôt que vivre en prenant garde à bien bouffer des trucs dégueulasses mais bons pour la santé à la place de mets gras mais exquis et en se contraignant à faire du sport quotidiennement pour conserver un corps dont il n’empêcheront de toute manière pas la déliquescence et en prenant garde à l’évolution de leur rides pour se préserver de la vieillesse et en ne buvant que de la flotte et en se privant de tout pour survivre médiocrement mais longuement et non pas vivre tout simplement et qui décidément n’inspirent que dégoût pour les soixante-huitards quand on voit ce que ces fervents défenseurs de l’hédonisme sont devenus, des chefs de choucroute chez Intermarché comme disait Desproges et d’habiles gestionnaires de leur petite vie, des petits patrons d’entreprise, des petits calculateurs, des rapiats qui mesurent la rentabilité éventuelle du plaisir qu’une chose pourrait peut-être leur procurer et le risque que cette chose leur enlève ne serait-ce qu’une heure de leur vie inintéressante et routinière parce que c’est la survie à tout prix qu’ils désirent, une sorte de compensation de l’idée de leur mort par une tentative d’atteindre une certaine forme d’immortalité, et ce sont
eux les vrais Aliens, ces gens qui sont aujourd’hui la norme mais qui se croient plus lucides que les autres et uniques, et qui font un concours à celui qui vivra le plus longtemps et qui ne supportent pas l’idée qu’à côté de ça on puisse fumer et en être heureux, intégrer la cigarette dans sa vie et se foutre de sa survie, voire parfois vivre plus longtemps qu’eux tout en ayant fait preuve d’inconscience durant tout son existence, et alors ces censeurs de joie viennent avec des ciseaux marqués du sceau de la liberté d’interdire la liberté, et on se dit qu’on aimerait que les Aliens, les autres, ceux de l’espace, nous filent leur adresse pour qu’on aille les rejoindre et fumer les joints par quatre avec eux et ingurgiter du vin à n’en plus finir et se taper du Desproges, du Lou Reed, du Bret Easton Ellis, du Radiohead, du Sergio Leone et du Parrain à hautes doses et ne rien foutre de ses journées en restant affalé comme une loque, mais en riant, en jouissant, en jubilant, en aimant, en étant
vivant.
On meurt tous de quelque chose ; je veux mourir d’avoir vécu.
(Note : je remercie amoureusement ma Muse d'avoir rêvé d'une personne qui aurait écrit un livre intitulé Ma Réponse aux Aliens, et de m'avoir, à travers nos dialogues, grandement aidé dans les idées de l'avant-dernière phrase)
Une fois que la personne est consiente, libre à elle de fumer ou non.
Autre chose qui n'as rien à voire : est-ce que tu as entendu l'album "The bends" de Radiohead. Sinon, toi qui les aiment, rues toi dessus, c'est surement leur meilleur ^^.
J'ai bien rigolé sur le passage du cinéma.
sur les crème chantilly "en manger va te faire un gros cul", ou sur les gels "en mettre va te faire une gueule de con". Mais pour les cigarettes, il faut quand même mettre "fumer pue".
Parce que oui, le mec qui fume et qui sait lire que ça va le rendre impuissant, stérile, mort, dépendant, et que ça lui a couté des sous, je m'en fout.
Le mec qui boit à s'en peter le foie et tous les organes autour, je m'en fout.
Le mec qui veut se suicider, je m'en fout.
Maintenant le mec qui veut se suicider pour une cause assez bizarre que certain appelle Dieu et d'autres Allah, et qui veut m'en faire profiter durant un trajet à new york, là je suis concerné.
Le mec qui boit et qui conduit la voiture en face de moi, (et très en face de moi: l'alcool a pousser le mec à tenter de conduire de l'autre côté de la bande, pour voir)
je suis concerné.
Le mec qui veut me faire partager SES goudrons surtaxés, pour tester l'efficacité de la résistance d'un petit poumon non habitué à la cigarette, je suis concerné.
Et à finir par être cerné comme un con, on a envie que ça cesse.
C'est pourquoi j'aimerait que les suicidaires pour une cause le fasse en privé. C'est pourquoi j'aimerait que les buveurs cuve en silence et sans bouger.
C'est pourquoi j'aimerait que les cigarettes ne fassent pas de fumée, afin que le fumeur en question puisse enfin profiter de l'integralité de sa cigarette chère payée et qu'il avale après la fumée également.
Je suis pas forcément ennuyeux ou ennuyant avec mes amis mais alors pourquoi devrais-je supporter ce qui est à eux ?
Parce plus que d'avoir peur de ma santé, dieu n'est pas compatible avec mes idées.
L'alcool c'est vraiment dégueulasse comme gout, je préfère détruire mes dents à coups de boisson industrielles trop sucrée issus du capitalisme aigue (et qui est souvent moins chère que l'alcool).
Et puis si encore la fumée de cigarette sentait la rose, mais non, Barthez version guignol a raison : fumer pue.
Comme la merde. (qui elle aussi est dangereuse pour votre santé si vous glisser dessus.)