Entre la préparation de deux billets à venir (l'un sur les femmes, l'autre sur les Français), je vous donne ici tel qu'il me vient mon avis sur Silent Hill, le film, réalisé par Christophe Gans. C'est super orignal hein. Mais je m'en fous, on est en démocratie, je peux parler librement, merde !
Sur le papier, ce Silent Hill là a tout pour être bon, bien plus en tout cas que les bouses bollesques que sont House of the Dead, Alone in the Dark et assurément les prochains films de Uwe. Il a aussi tout pour être meilleur que les Resident Evil, les Street Fighter et autres Mortal Kombat (c'est une évidence, mais disons-le tout de même), voire les Créatures de l'Esprit, qui n'avait de Final Fantasy que le nom.
Comme pour chaque adaptation d'une oeuvre en film, deux questions se posent. Premièrement : est-ce une bonne adaptation ? Deuxièmement : est-ce un bon film ? N'oublions pas que les deux ne vont pas forcément ensemble, qu'il peut arriver que des infidélités doivent être commises pour que justement l'oeuvre adaptée ne soit pas trahie et pour que le film soit bon, tout simplement.
Dans le cas de Silent Hill, j'ai encore du mal à savoir ce que j'en pense vraiment.
Oui, je me suis plutôt bien laissé prendre au jeu (c'est le cas de le dire) ; oui, l'ambiance est on ne peut plus fidèle à l'oeuvre de la Team Silent, et oui, ce fut une joie de retrouver les musiques de Yamaoka qui à elles seules font 50 % de ladite ambiance. D'une manière générale, ce Silent Hill est un plutôt bon fim, que je définirai par sympa. Vous comprendrez donc qu'il est très très loin d'égaler le jeu dont il est tiré, mais je vais aussi vous expliquer que je ne lui en veux pas (trop).
Silent Hill, film sympa. Ben oui, on ne s'ennuie pas, c'est divertissant, la réalisation est très agréable et l'esthétique particulièrement réussie, avec une reproduction parfaite de la ville et du bestiaire folklorique. Rien à redire donc à ce niveau-là.
Là où je bloque particulièrement, c'est sur le jeu des acteurs. Bon, déjà, pas moyen de trouve une VOST sur Nancy, c'est donc en VF que j'y ai eu droit, et là, je suis désolé, mais j'ai eu beaucoup de mal à croire aux acteurs. Radha Mitchell était pas trop mal, mais pour le reste, ça ne collait pas, je sortais constamment du film parce qu'une remarque me venait en tête sur telle ou telle actrice. Je le dis clairement : le film avait, par certains aspects, un authentique côté Série Z, heureusement pas trop présent.
Du côté de l'histoire, quelques regrets aussi. D'abord la ville a perdu, je trouve, une partie de son caractère mystérieux et surnaturel. Cette perte, je l'ai ressentie dès le plan où Rose pénétrait dans Silent Hill, tout au début, par un détail simple : on voyait le ciel. Dans le jeu, la ville semble comme enveloppée par une sorte de bulle maléfique, un truc qui la plonge dans les ténèbres, une sorte d'énorme chappe noire ; c'est une impression que l'on ressent tout simplement parce que la caméra en extérieur reste constamment en plongée et opresse le personnage. Là, Rose semblait bien plus libre.
Et d'une manière générale, j'ai trouvé que la ville tout entière perdait de sa superbe. En fait, ce qui m'a posé problème, c'est une chose qui n'était peut-être pas évitable en film : le monde extérieur. Là où le jeu nous plonge directement au coeur de son ambiance et ne nous laisse pas en ressortir, le film multiplie les connexions entre la ville et le monde extérieur, tout en développant des personnages secndaires quasiment inutiles (à commencer par le mari de Rose) qui vont et viennent dans la ville comme dans un moulin. Silent Hill est reconnectée au monde ; elle se trouve soudainement rationalisée, ne serait-ce que par l'explication de son aspect fantômatique, à savoir un incendie ayant eu lieu trente ans plus tôt. D'une manière générale, ce film est trop explicatif ; il veux trop nous faire comprendre les choses, le pourquoi, le comment, le quand, et le qu'est-ce qu'on fait là. D'où le personnage de Sean Bean, qui permet de faire clairement apparaître les différentes dimensions existant à Silent Hill, et toutes les scènes hors de la ville, qui ont pour but d'expliquer ce qui se passe dans la ville.
Là où le joueur était dupe et pouvait comprendre peu à peu, le spectateur est pris par la main, voire empêtré dans un scénario qui oublie de laisser de la place à l'imagination. De la même manière, la fin se veut moralisatrice (c'est pas bien d'embêter les petites filles orphelines, le fanatisme religieux c'est mal... quelles nouveautés !) ; c'est d'ailleurs ce qui a certainement sauvé le film d'une interdiction totale aux mineurs aux Etats-Unis, parce qu'à part ça Gans ne lésine pas sur les effets spéciaux gores et dégueulasses, et on ressent parfaitement le côté malsain si présent dans le jeu. Enfin, dernier détail gênant : la population présente sur place, et l'abondance de personnages. Rose n'est jamais seule ; le sentiment de solitude, si important à l'origine, disparaît totalement. Et avec lui la peur. Car si en matère d'ambiances glauques et malsaines SH se pose là, il oublie tout de même un peu de nous faire peur. Je tiens tout de même à appuyer sur un point qui m'a plu, en rapport justement avec le nombre d'humains présents à Silent Hill : la question qui se pose sur la fin, et qui est : qui sont les vrais monstres dans cette histoire ?
Cela pose le problème de l'adaptabilité du jeu. Aurait-on pu refaire Silent Hill au cinéma montrant Rose déambulant seule dans des couloirs pendant 2 heures, trouvant au fur et à mesure des indices lui expliquant quelques trucs et rencontrant en tout et pour tout trois personnes ? Etait-il possible de faire un film intéressant qui n'aurait été qu'une partie de joueur filmée ?
Par son aspect cinématographique, Silent Hill devait clairement se séparer du jeu. Je regrette juste qu'il s'en soit séparé comme ça.
Que ce soit pour le cinéphile ou pour le joueur que je suis, Silent Hill m'apparaît comme un film tout juste bon : plutôt fidèle en tant qu'adaptation, mais pas vraiment excellent en tant que film, j'entends par là dans les codes qui régissent un film : jeu des acteurs, dialogues, etc.
Dans la forme, Silent Hill est donc une réussite ; dans le fond, des choses me semblent contestables. Cela étant, j'ai bon espoir pour Silent Hill 2, du moins sur le plan de la réalisation. Si Gans et Avary prennent plus de risques dans l'écriture, et évitent de tirer les ficelles du genre comme ils l'ont fait dans ce premier opus, ça peut être très bon.

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posted the 04/27/2006 at 11:27 PM by
franz
BRAVO !!
Enfin, pour terminer sur un aspect qui ne t'a pas plus, moi je trouve plutôt bien que Gans nous ait fait un film plus explicatif, remontant aux origines du mal de Silent Hill. Je suis qqln qui adore comprendre les choses, et avoir une explication si bien faite ( qui prend le temps d'arriver que vers la fin du film quand même ), ça m'a vraiment beaucoup plu! Et puis les contraintes du format Cinema ont été respectée, c'est pour cela que les modifications au Silent Hill Jeu ont été faites... Silent Hill et Resident Evil sont pour moi les meilleures et seules bonnes adaptation des jeux vidéo respectifs...!
Ha, et un dernier point, je te trouve trop pointilleux pour le jeux d'acteur... il faut savoir relacher l'attention dans ces moments là, sinon, tu te gaches le film tout seul...