(Jeudi 20 avril 2006)
Pouet.
Ca y est, c’est mon nouveau leitmotiv. Je veux du pouet, hou.
Oui, attendez-vous aussi à une forte présence de
hou dans les temps à venir ; en fait c’est parce que je suis plongé dans
Glamorama, autre chef d’œuvre de Bret Easton Ellis, et que Victor, le héros de ce magnifique texte, n’a de cesse de mettre des « hou » à la fin de ses phrases, d’appeler tout le monde « baby », et de dire « arrêtte » à toutes les personnes à qui il parle. Ca vous laisse entrevoir le personnage. Pendant que j’y suis, j’en profite pour dire que BEE est effectivement un cran au dessus de Houellebecq ; c’est en tout cas ce que je pense depuis une semaine, depuis que je prends conscience de l’ampleur d’American Psycho et de la réflexion que ce livre amène sur le sujet de l’écrivain, de l’écriture, de la crédibilité que le lecteur veut bien apporter au narrateur d’une histoire, au delà de sa critique sociale bien évidemment surpuissante (et d’autant plus surpuissante quand on garde à l’esprit que Bateman
n’est pas un serial-killer, qu’il n’a jamais tué personne). C’est Lunar Park qui, finalement, fait apparaître clairement, en la poursuivant, cette réflexion, avec pour personnage principal un écrivain nommé Bret Easton Ellis.
Enfin bon, tout ça ne doit pas nous éloigner du pouet, qui est le sujet du jour, à n’en point douter.
Qu’est-ce que le pouet ?
Il peut s’agir d’un type qui écrit des conneries en s’efforçant de les faire rimer entre elles et de les rythmer avec des pieds pour leur donner l’allure de quelque chose de beau. Parmi ces types-là, on en retiendra peu, comme Baudelaire, Rimbaud, De Nerval, Lou Reed, Brassens, ou bien Francis Lalanne, pour ne citer qu’eux.
Nous avons déjà donné ici une grande place à la pouétie, à travers la biographie et un pouème de Zinédine Cambronne, que je vous laisse chercher par vous-même, bande d’assistés dégénérés à qui il faudrait une bonne guerre. Pour vous allécher par l’odeur, voilà un autre pouème de Cambronne, tout en douceur, tout en finesse, hou.
Quand je regarde tes yeux,
Je vois l’eau bleue
De l’océan qui s’écrase
Sur les rochers de mon extase.
Les arbres fleurissent ;
Les fleurs arbrissent.
Mais la nature ne sera jamais aussi belle
Que toi, qui est plus belle qu’elle.
Je ne sais pas quoi te dire,
Enfin en fait si.
Je veux te dire que je sais quoi te dire
Quand tu ne sais pas quoi me dire.
Ne me dis rien.
Tu n’as pas besoin de parler pour me séduire.
Il suffit que tu respires,
Et alors je me sens bien.
J’aime tes bras,
J’aime tes genoux,
J’aimes tes abats,
Et tes joues.
Mon amour,
Je voulais que tu susses une seule chose,
La plus importante à ce jour :
Je crois que tu m’hypnotisoses.
A l’aune de ce texte fondateur du mouvement pouétique dit du Pourrisme, on comprend mieux ce qui fait de Cambronne un écrivain si important.
Voilà donc ce qu’est un Pouet.
Et c’est en hommage à ces soldats de la pouésie que j’ai décidé d’utiliser le terme
pouet pour ponctuer mes phrases les plus fortes, pouet.
Le pouet sera mon cri, comme le
Cocorico est celui du coq, le
Heil celui du nazi, et le
Aïe celui du Juif.
N’oublions d’ailleurs pas que le nazisme est à l’origine un courant artistique lancé dans le domaine de la peinture par Adolf Hitler, et qui a du coup éclaboussé un peu tous les domaines culturels (littérature avec
Mein Kampf, et guerre avec
Mon Camp).
Adolf Hitler était un peintre naze ; il était normal qu’il soit considéré comme un chantre du nazisme. Tout comme le fascisme est à l’origine un courant artistique lancé par Mussolini, qui était toujours fâché contre tout et le faisait savoir.
A propos de nazis et de fascistes… vous avez vu le nouveau look de Le Pen ? Je suis fasciné (prononcez « fassiné » hein, pas « fachiné ») par ce revirement esthétique, ce petit coup de jeune. C’était tout à l’heure chez Duhamel sur France2, et notre Jean-Marie un peu trop national s’est pointé avec une revue totale de son apparence. Exit les lunettes, cheveux coupés en brosse, plus de gloître, des traits rajeunis, certainement pas un petit lifting des familles ; du vrai boulot de pro en somme.
Non mais vraiment, magnifique, le Jean-Marie. Et puis, comme à son habitude, il a été spectaculaire, avec des piques géniales contre De Villiers et surtout, surtout, en fin d’interview, une petite surprise qui a étonné tout le monde : reprochant à Duhamel d’avoir choisi dans son dernier bouquin une photo où il apparaissait tristounet, Le Pen lui en a fourni une où il se trouvait mieux pour qu’il mette à jour son livre. Extraordinaire. Il a ensuite fini par un automoussage en règle, avec un sondage annonçant que 35 % environ des Français pensent que les idées d’extrême droite sont proches de leurs préoccupations. De quoi réjouir notre débonnaire poujadiste.
Ca m’emmerde toujours de le dire, mais Jean-Marie est indéniablement l’homme politique qui s’exprime le mieux, celui qui peut le mieux se faire comprendre, celui qui peut le mieux convaincre. C’est un peu triste dans la mesure où s’il ouvre bien sa gueule, c’est généralement pour lui faire dire des conneries.
Vivement les débats pré-électoraux, qu’on puisse à nouveau voir le trublion en action, hou.
En attendant, je vais écouter, attention tenez-vous bien,
Radio Le Pen ! Avec un 6-9 excellent.
D’ici là, pouettez-vous bien.