Aujourd'hui, je tiens à m'entretenir avec vous de différentes choses totalement désunies et superficielles ; en conséquence vous n'aurez droit ni à une analyse sociologique bidon, ni à un coup de gueule d'aigri, ni à un truc d'écriture automatique à la con.
Premièrement, en tant que fanatique de Michel Houellebecq, je vous prie de bien vouloir asseoir votre joli petit cul devant votre télé ce soir ,sur Arté, à 00h20. C'est certes l'horaire cliché par excellence quand on parle des débats hautement intellos de la chaîne, mais là c'est un cas de force majeure, avec tout un reportage sur La Miche accompagnée d'un metteur en scène espagnol qui lui est totalement dévoué mais qui ne suscite chez elle qu'une indifférence pas plus voilée que la femme de Tariq Ramadan ou la connerie d'Edwige Antier. Bref, c'est à voir ; notre Droopy des Lettres ne passe pastous les jours sur nos écrans, et puis ça devrait vous aider à vous endormir, puisque Houellebecq possède un Master de Soporifie (quant à moi, si je possédais ne serait-ce qu'une Licence de Français, je n'inventerais pas un substantif aussi laid que ''soporifie''. Bref.)
Deuxièmement les poteaux, j'adresse ici et maintenant mes remerciements à Joypad, bien que mon abonnement se soit arrêté il y a deux mois et que je n'aie pas jugé utile de le renouveler. Aujourd'hui, en le lisant peinard à la médiathèque, sur quoi tombé-je ? Mon analyse sociologique du joueur de jeu vidéo, publiée naguère sur cette page d'infortune, et dont j'avais envoyé une copie au magazine à la fin de l'année dernière. Ce mois-ci, ils ont publié la première partie. A en juger par la taille totale du texte et celle de l'extrait, ça pourrait bien s'étendre sur trois mois, ce qui n'est pas pour me déplaire, je vous l'avoue. Et pour une fois, j'ai préféré signer de mon vrai nom ; ça fait plus sérieux. Notez que quelques modifications ont été apportées : je n'avais pas mis de guillemets autour du mot races (surtout que j'aurais eu l'air très con avec mon truc sur les guillemets d'il y a quelques jours) ; ils semblent également ne pas avoir compris un petit truc quand je parle du cas de joueur pro-anti-réac-ignorant, puisqu'à l'origine je le citais comme suit : Je suis pour Nintendo, contre Sony et Microsoft. Mais je n'aime chez Nintendo que ce qu'ils faisaient avant, comme par exemple Sonic, et cela a été reproduit comme ça : [...] mais je n'aime chez Nintendo que se qui se faisait avant. En clair ils ont cru que mon erreur sur Sonic était involontaire, alors qu'elle était là justement pour montrer l'ignorance du type que je citais. A part ça, quelques petits remaniements ont été opérés, mais ne dénaturent pas le truc, donc ça va. Toutefois, je rappelle que l'article de mon blog est le seul, l'unique, qui soit totalement conforme à lui-même (oui, c'est con mais c'est vrai). Ce qui ne m'empêchera pas de remercier à nouveau Joypad, surtout que ce n'est pas la première fois qu'ils me donnent la parole dans le courrier des lecteurs.
Voilà, je me suis bien fait mousser ; je suis content.
Troisièmement, je sais que plus tard je pourrai, comme Desproges en son temps, dire qu'autant que toutes les jeunesses, je renie la mienne.
Nous déambulions innocemment dans la rue, mon amoureuse et moi, tout à l'heure, nous apprêtant à regagner nos logis respectifs, quand nous avons abordé une masse informe de jeunes gens visiblement en colère. Encore que nous ne soyons pas certains qu'ils fussent en colère ; en fait ils semblaient surtout énervés. Un véritable mur de CRS barrait la route, amenant la foule vers un pont, tandis que trois singes se croyaient intelligemment provocateurs en remuant les bras vers le ciel face aux forces de l'ordre, comme pour dire ''ouais, nous on est des rebelles, vos matraques nous font même pas peur, et même que je suis cap' de vous faire un doigt d'honneur, et na, prrrrt''. Ce sont évidemment les mêmes qui se sont mis à courir en tous sens quand les policiers se sont avancés. Ma mie et moi nous sommes d'abord mis à l'écart en passant par une rue parallèle, puis sommes revenus dans l'artère squatérisée par ces morpions bourrés/défoncés, devant le cortège cette fois (si tant est que l'on puisse appeler un cortège ce qui ressemblait surtout, de loin comme de près, à un tas de cafards). Nous avons alors pu observer l'intelligence de ces Révoltés du Treillis qui, croyant bien faire en barricadant le pont avec des grillages, se sont surtout encerclés eux-mêmes, avec les CRS d'un côté, et des grilles de l'autre. Malin, non ? Bref, il n'a pas fallu plus de deux minutes pour voir les grenades lacrymo sauter gaiement un peu partout, et la fumée envelopper de ses bras puants ces pauvres petits en quête de compréhension de la part d’une société qui les ignore. C’est une jolie cohue qui a suivi, mais le principal était l’éparpillement des forces révolutionnaires en présence.
Un groupe d’une dizaine de ces morveux, estimant sûrement qu’un degré supérieur de pitié pouvait être atteint chez les spectateurs effarés par cette guerre civile acnéique, ont pris la courageuse décision d’allumer un feu au milieu de la rue, sans se poser de question malgré les câbles électriques trois mètres plus haut et la circulation qui ne s'était pas totalement interrompue. Je ne sais pas pourquoi ils ont fait ça ; le temps était plutôt doux, et la boucherie du coin étant fermée, je ne sais pas où ils auraient trouvé des merguez.
Bref. Les CRS ont à nouveau chargé, créant une nouvelle cohue. Ma muse et moi commencions à presser le pas pour éviter d’être pris au coeur de la fuite de nos colériques semblables et d'être assimilés à eux. J’ai alors eu l’occasion de faire une BA qui m'évitera d'être emmerdé par ma conscience pendant les dix prochaines années. Un type se trouvait là, en fauteuil roulant, et ce qui m’a semblé clair c’est qu’avec ce bordel il se ferait probablement renverser puis piétiner par des types trop attachés à leur petite personne de jeune incompris et malmené par la police pour tolérer qu’un déchet humain se déplaçant dans un véhicule qu’est même pas une Lamborghini ait le malheur de se trouver au milieu de leur chemin pendant de leur courageuse fuite vers le logis familial où papa et maman les attendaient avec une bonne assiette de pâtes. J’ai donc empoigné le fauteuil du type, lui ai demandé s’il voulait qu’on l’aide, ce à quoi il a répondu que oui, et ma mie et moi l’avons accompagné d’abord vers des lieux plus calmes, puis sur une partie de son chemin de retour, pendant que, plus bas, dans la rue, les derniers cloportes se dispersaient, leur bouteille de bière à la main et la peur au cul.
Cet homme-là, dans son fauteuil, avait manifesté toute l’après-midi contre le CPE ; ce soir la jeunesse militait pour l'autodestruction de sa propre crédibilité.
Voilà. Voilà ce que la jeunesse à laquelle j’appartiens a su montrer d’elle aujourd’hui. Elle a su montrer qu’elle écoute souvent de la musique de merde (il faut avoir traversé la place Stanislas à Nancy aujourd’hui pour comprendre), qu’elle est infoutue de se réguler et de rester digne, qu’elle utilise le CPE comme prétexte pour simplement se sentir légitimée dans l’assouvissement de ses désirs destructeurs et bassement anti-autoritaires, qu’elle ne tolère pas que des CRS soient ici pour veiller justement à ce qu’elle puisse s’exprimer en toute quiétude, et qu’elle n’a pas peur de se ridiculiser sur la voie publique.
Oh, évidemment, cette jeunesse-là, celle dont je viens de vous parler, n’est pas toute la jeunesse, loin s’en faut.
Il n’en reste pas moins que cette jeunesse-là est déplorable, et que son comportement n’est pas seulement ridicule : il fait avant tout preuve de cécité.
Une jeunesse aveuglément rebelle, ce n’est pas une jeunesse indépendante et libre ; c’est une jeunesse manipulable et potentiellement dangereuse, autant pour elle que pour le reste de la société.
Que cela ne vous empêche pas de regarder La Miche ce soir.
publié le 04/04/2006 à 23:08 par
franz
J'ai adoré le passage des casseurs (fait marrant, c'est qu'à aucun moment dans le texte si je me souviens bien , tu n'as émis le mot "casseur" comme le disent les médias) enfin bref, continue, moi j'adore.
En plus je lis comme tu écris, alors j'aime bien.