Tonight’s the Night ; ce soir c’est le grand soir.
Pourquoi ? Parce que je viens de lire Les Méditations métaphysiques de Descartes, et que René (ou Pierre, je ne sais plus), nous dit dans sa troisième méditation : « Cogito ergo sum, en conséquence de quoi tonight’s the night ». Et voilà.
Et puis j’ai envie d’écrire. D’où l’intitulé de ce billet, formulé dans un Anglais que j’estime parfait.
J’ai envie d’écrire, bien. Mais ai-je quelque chose à communiquer ? Je me rends soudainement compte qu’écrire quand on n’a rien à écrire est l’activité la plus éprouvante et la plus déprimante du monde. Vous pensez pouvoir jouer à Shadow of the Colossus sans manette ? Eh bien, le problème est le même pour l’écriture ; le travail de l’écrivain ressemble par certains aspects au devoir de créer un micro big-bang pour chaque texte ; à faire émerger du néant un bidule cohérent, compréhensible et de préférence intéressant.
Dans ce cas, pourquoi écrire ? Quel est l’intérêt ? What is the interest ? Quel plaisir peut-on en tirer ? What pliseure canne we taïre of it ? (Merci Nelson, mais dégage).
Bien souvent, quand telle ou telle personnalité du chou-business vient promouvoir un livre autobiographique sur les plateaux de télé, elle affirme la valeur cathartique de l'écriture ; elle revendique le droit à l'exorcisme de ses traumatismes par l'écriture, au prix des mollards qu'elle crache sans sourciller sur ses proches. Comment l'écriture peut-elle exorciser les traumatismes ? Ce qui exorcise les traumatismes, c'est de vendre 10 000 bouquins et de se remettre à flot médiatiquement autant que financièrement. L'écriture, loin d'exorciser quoi que ce soit, nous fait plonger au plus profond de nous-même ; elle démonte les processus et nous place face à l'absurdité de nos actes. Ecrire est un acte de déconstruction.
Et c'est moi qui vous dit ça, moi qui n'ai jamais rien écrit d'autre que ces piètres billets sur cette page d'infortune à la dérive ; moi qui n'ait jamais écrit un roman, pas même une nouvelle ; moi qui ai encore tout à apprendre mais qui ai la prétention de m'estimer capable de produire un texte qui puisse vous intéresser ; moi qui, à dix-neuf ans seulement, ai déjà des problèmes d'inspiration ; moi qui, à soixante-dix-neuf ans, n'aurai jamais publié autre chose que des billets honteux sur divers blogs (le terme ''blog'' comportant lui-même un sens sous-jacent qui décridibilise immédiatement la personne propriétaire dudit blog) ; moi qui suis égocentrique et individualiste au possible ; moi qui n'écris des textes personnels que depuis le mois d'août dernier ; moi qui ai commencé à écrire le 28 décembre 2003 avec une news sur Killer7 pour un site toujours en ligne mais lâché par son équipe (si vous voulez vous amuser à lire des vieilles news rédigées par mes soins, demandez-moi ; ça fait bien pitié) ; moi qui n'ai certainement pas le talent d'une Loana ou d'un Benjamin Castaldi ; bref, moi qui suis un pauvre crétin, catholique qui plus est.
Pourtant, je ne compte pas m'arrêter. Oui, je vais vous polluer de mes billets pestilentiels jusqu'à l'asphyxie. Oui, je veux vous narrer des conneries tant que mon esprit et mes doigts m'en laisseront la possibilité. Oui, j'aime ça. Oh oui.
Oui, je suis complètement égocentré.
Je ne pense qu'à moi. Je me fous de savoir ce que les autres font, pensent et disent ; je désire simplement qu'eux sachent ce que je fais, pense et dis ; je veux que l'on m'adule ; je suis même prêt pour ceci à me représenter comme un égoïste total.
Et me voilà pris de l'envie de citer Higelin. Un tracteur est passé ; il a crié Olé !. J'ai pas bien compris.
Tiens, j'ai dit tiens. Tiens j'ai dit tiens. J'ai dit tiens, tiens j'ai dit tiens.
L'autre jour, ma Muse m'a demandé si je ne désirerais pas écrire des choses plus longues que ces minables billets. (Enfin, elle n'a pas dit ça comme ça, évidemment).
Bien sûr que oui, Ô ma mie !
Je ne désire rien tant que le talent de ceux qui conçoivent les oeuvres majeures de la littérature.
Je n'espère rien tant que la faculté d'écrire un jour un texte scénarisé.
Je n'admire rien tant que le génie de ceux qui font vivre des personnages sur des centaines de pages.
Je ne respecte rien tant que leur capacité à me retourner l'estomac par une alchimie complexe dont eux seuls détiennent le secret.
Enfin si jamais c'est pas possible, je veux bien être tennisman, ou sportif. C'est sympa comme boulot, sportif. Surtout le boulot de sportif français. On peut être la pire des bites dans sa discipline, on sait que de toute manière on sera adulé par des journaleux engoncés dans leur chauvinisme, qui bandent dès qu'on atteint la vingtième place d'une compétition. Qui nous tutoient et nous appellent par notre prénom pour faire de nous des enfants de la nation représentant notre si beau pays à travers le monde pour faire rayonner sa culture sportive. Ainsi Amélie Mauresmo, lorsqu'elle joue un match diffusé sur France 2, n'est-elle pas appelée Mauresmo comme son adversire est appelée Davenport, mais est nommée Amélie. Ce qui donne, suivant les cas : ''Oh oui Amélie, magnifique ! Quelle précision, quelle assurance d'Amélie !'' pour le cas où Mauresmo mettrait un point ; ''Allez Amélie, sois forte, courage ; elle est quand même magnifique'', pour le cas où Mauresmo perdrait un point. Autant ça reste tolérable chez Mauresmo, qui arrive toujours à se classer honorablement, autant c'est du n'importe quoi concernant des gars comme Santoro, qui n'ont jamais dépassé les quarts de finale d'un tournoi. Il va sans dire qu'on a eu droit au même nationalisme exacerbé lors des derniers jeux olympiques d'hiver. Merde alors, les Français ont perdu, et les Russes ont gagné. Salauds de Russes. Ils étaient meilleurs, mais c'est pas une raison pour les récompenser.
Ce chauvinisme s'étend un peu partout ; il s'infiltre au coeur de tout événement médiatique, sportif, culturel ou politique. Par exemple, lors des Oscars, La Marche de l'empereur a eu droit au trophée du meilleur documentaire. C'est bien, bravo. Mais est-ce une raison pour occulter du même coup le reste de la cérémonie ? Joyeux Noël n'a pas eu le prix du meileur film étranger, c'est peut-être regrettable (certainement pas en fait) ; mais pourquoi alors oublier que c'est le film de Sud-Afriquie Tsotsi qui a obtenu la récompense ?
Pire encore, on a pu entendre, lors de la période où l'élection du pape se déroulait, des gens dire que ça serait pas mal si le pape serait français.
A tel point qu'à mon avis, en 2007, certains ne pourront pas s'empêcher de jubiler à l'idée que le président que nous élirons sera un Français. Enfin au moins ils ne se sentiront pas lésés.
J'aimerais bien qu'un Kényan gagne nos élections.

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posted the 03/08/2006 at 10:36 PM by
franz