(Idée : Hylien de B4G)
Nous sommes tous des enculeurs de mouches, disait Napoléon à ses troupes.
Nous sommes tous des enculeurs de mouches. Cette phrase pourra en choquer certain, nonobstant le contexte socio-politique actuel qui voit la société parquer dans des ghettos les enculeurs et les mouches. Une situation fort complexe, puisqu'évidemment, et c'est là que réside le problème, les enculeurs et les mouches ne sont pas parqués dans les mêmes ghettos. Il faut dire qu'hélas, les enculeurs de mouches (que l'on appellera également sodomisateurs insectueux) ont bien souvent une mauvaise image.
Le fait est que les gens qui enculent des mouches au sens propre passent pour des dégueulasses auprès de ceux qui sodomisent les mêmes insectes au figuré.
Prenons pour exemple la vie d'un homme qui a consacré son existence à enculer des mouches, avec un constant respect de ces animaux fragiles, puisqu'il ne faisait rien sans consentement. Cet homme s'appelait Philibert Horizon.
Né en 1956 au sein d'une famille bourgeoise, Philibert Horizon fut vite destiné à s'allaiter au sein d'une prolétaire. De fait, ses parents l'abandonnèrent bien vite dès qu'ils eurent pris connaissance de ses goûts sexuels, c'est-à-dire très tôt, puisque Philibert, dès l'âge de 2 mois, fourrait ses couches de mouches. Une habitude difficilement acceptable pour ses géniteurs qui préférèrent le confier à une ouvrière. Le fait est que ce mode de vie convenait mieux aux pratiques du nourrisson ; vivant dans un environnement peu hygiénique, il était constamment entouré de mouches. Le bonheur était total.
Sa scolarité se déroula sans heurt ; sa sexualité s'affirma et fut relativement bien acceptée par ses camarades, qui se montrèrent juste un peu distants.
En juillet 1976, Philibert trouva l'âme soeur. Elle était magnifique malgré tous ses yeux, il était beau malgré son strabisme ; ils se plurent immédiatement. En septembre de la même année, ils décidèrent de sceller leur relation par les liens sacrés du mariage. Las ! aucune législation, que ce soit chez les humains ou chez les mouches, n'autorisait une liaison insectueuse pour un homme ou humaine pour une mouche. Qu'importait finalement, ils vivraient sans se marier, mais resteraient ensemble.
Hélas, mille fois hélas, cette relation dérangeait. En septembre 1977, la compagne de Philibert fut retrouvée écrasée sous une tapette. Son assassin ne fut jamais retrouvé. Ce drame marqua également la fin de la vie de Philibert, qui se laissa mourir de chagrin. Son coeur ne vrombissait plus.
On a ici un exemple flagrant du mal que l'intolérance peut causer à des personnes qui ne demandent rien d'autre que la possibilité de vivre leur amour comme tout le monde. Pouah, ça me débecte.
A côté de ça, d'autres sodomisateurs insectueux, bien plus dangereux, continuent de sévir, au sens figuré. Citons par exemple ceux qui viennent toujours vous sermonner de leur voix aiguë pour vous dire que ‘événement' prend un accent aigu sur le second ‘e' - et non pas un grave -, et qu'il est grave de mettre un grave à la place d'un aigu. Il y a également les emmerdeurs, de plus en plus rares, qui voulaient à tout prix que nous conjuguassions les verbes des subordonnées au subjonctif passé après que nous eussions employé un imparfait. Bref, la langue française regorge d'enculeurs de mouches qui oublient que l'essentiel quand on utilise une langue est d'être compris.
Le monde du net regorge lui aussi de sodomisateurs insectueux divers. Sur les sites de jeu vidéo par exemple, nombreuses sont les personnes qui peuvent passer des heures entières à alimenter des débats sans fin sur l'idée que Sony pue et que Nintendo déchire - ou l'inverse.
D'une manière plus générale, accorder une importance trop grande à ce que font ou ce que sont les autres relève d'une tendance à enculer les mouches ; ainsi les racismes et les discriminations - à commencer par ceux qui ont touché les vrais enculeurs de mouches comme Philibert - relèvent d'une grande tendance à la sodomie insectueuse.
Le tenancier de cette page d'infortune et auteur de tous ces textes à la vacuité désespérante ne niera pas être lui-même de la catégorie de ceux qui adorent chipoter et emmerder le monde ; il concède jubiler à l'idée de reprendre les gens sur leur utilisation de la langue - sans savoir d'ailleurs s'il l'utilise mieux qu'eux -, ou encore à écrire un billet complet sur les enculeurs de mouches, ce qui n'a, avouons-le, strictement aucun intérêt.
A partir de quoi il m'apparaît urgent de rendre l'antenne à la mouche qui en est propriétaire.
(Note : conscient que ce truc est juste acceptable, je précise immédiatement que ce texte fera sûrement l'objet d'une révision dans les jours à venir.)

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posted the 02/02/2006 at 09:21 PM by
franz