Bon, même si je ne sais pas trop où je vais en venir, je démarre une nouvelle épopée scribouillarde, histoire de détendre et/ou d’agiter vos neurones pendant cette soirée. Pour m’aider, je suis accompagné de Rock ‘n’ Roll Animal, par maître Lou Reed, de pain avec du St Môret, de mon cerveau fait con et de mes graciles doigts d’écrivailleur invétéré qui n’attendent que mon signal pour se mettre à tapoter sensuellement sur les douces touches de mon clavier – ce qu’ils sont déjà en train de faire, finalement.
Que voulez-vous, si je veux arriver à écrire suffisamment de conneries pour en faire un livre, j’ai intérêt à tenir un certain rythme. Pour autant, je préfère privilégier la qualité à la quantité, sans quoi je risque de faire beaucoup de merde alors qu’il est certainement plus judicieux de faire un peu de merveilles. Présentement, je vous avouerai modestement que je produis beaucoup de merveilles ; en conséquence de quoi l’ombre de l’inquiétude ne plane pas au dessus de moi comme le ferait la mouette au dessus de la décharge, pour employer un vocable poétique.
Bon, ben tout ça c’est bien joli ma foi, mais c’est pas avec ce genre de propos prétentieux que l’on fait marrer les gens.
Tiens, angoisse de la page blanche, je te vois poindre.
Tu arrives et te poses, espérant m’étreindre.
Sauf que je suis courageux,
Et te voilà déjà avec quatre lignes dans le nez.
L’idéal serait que je trouve assez rapidement un sujet pour vous occuper l’esprit, parce que je sens que la moitié d’entre-vous est déjà partie. Dans la mesure où vous êtes seul, ça veut dire que la moitié de votre esprit est ailleurs. Et ça, ça me blesse, voyez-vous.
Non mais merde à la fin, faut que je trouve quelque chose, sinon je vais vraiment détruire toute ma réputation. Alors je suis là, à tenter désespérément de vous faire marrer, et je me rends compte que rien de ce que je viens d’écrire n’y parviendra. C’est terrifiant pour moi, vous savez. C’est-à-dire qu’il va me falloir plus de courage que je n’en aie jamais eu pour publier ce texte. Même en 1943, lorsque j’ai infiltré et démantelé un camp d’extermination, j’ai été moins courageux.
L :;;:;;l
Ah, excusez-moi, j’avais fait tomber du pain entre les touches listées ci-dessus, et j’ai causé quelques dommages en tentant de le récupérer.
Et en vous écrivant ça, j’entends Lou Reed gueuler à qui veut l’entendre dans Heroin « You can all go take a fuckin’ walk ».
Mon texte se découd de plus en plus ; c’est assez fascinant.
Bientôt, je ne ferai plus qu’un
mot
par
ligne.
Ah,
ben
voilà,
ça
y
est.
Bon, stop. Je crois qu’il vaut mieux, pour moi comme pour vous, que je mette fin à cette affligeante mascarade. Néanmoins, étant donné que ça fait bien une demi-heure que je me prends la tête sur ce texte, je le soumets à votre bon vouloir.
Je ne vous remercierai jamais assez d’être tolérant envers lui, de le choyer comme n’importe quel autre billet, de ne pas me tenir rigueur de cet piteuse incartade, de tirer la chasse et de bien vérifier qu’il ne reste rien, sinon c’est dégueulasse, de me jurer adoration jusqu’à la fin des temps, de me congratuler pour cet essai douteux, de me faire confiance quant à la qualité de mes futurs billets, d’écouter Rock ‘n’ Roll Animal à fond la caisse, de cracher sur le Manneken Pis, de lire les intégrales de Gotlib, de Desproges et de Calvin & Hobbes, de regarder Le Parrain, d’adorer Columbo, de vous attarder sur le Groland, de lire Bret Easton Ellis, Michel Houellebecq et Boris Vian, de lire cette phrase jusqu’ici, de visiter régulièrement cette page d’infortune, de me faire de la pub, de me lécher les pieds, de me faire quotidiennement preuve de l’infinité de votre amour, de ne pas m’en vouloir si je ne fais pas un billet par soir, de me donner des idées pour faire durer cette phrase, de manger du Nutella à la petite cuillère, de ne pas me tremper dans votre Miel Pops, de ne pas remettre en doute l’horoscope publié hier, d’écouter Rock ‘n’ Roll Animal à fond la caisse, de me suivre jusqu’ici, de ne pas me trouver lourd, de me trouver lourd mais de me suivre quand même jusqu’ici, de me vénérer comme votre Dieu, d’asseoir une lumière d’amour, d’être tolérant avec tout le monde parce que les Droits de l’Homme bordel, de ne pas tenir compte du dernier remerciement, de me supporter encore maintenant, de vous rendre myope sur cette phrase à la con, de voter Le Pen, d’oublier ça, de m’aimer encore, de m’aimer toujours, de m’avoir aimé, de m’avoir haï, de m’avoir plagié, de ne pas aller à la plage, de ne pas vous mettre à la page, de ne pas aimer la nage, de ne pas me filer la rage, de bouffer du bœuf d’élevage, d’être téléphage, de ne pas être qu’un mirage (même 2000, c’est pareil), de respecter mon âge, de louper le prochain virage (si vous lisez ceci au volant), d’avoir été de passage, de ne pas avoir été sage, de faire le repassage, de vous échouer sur les rivages, d’avoir supporté ces rimes à la con, de m’avoir lu, de m’avoir soutenu, de me laisser vous lancer un ultime au revoir avant ma prochaine incartade sur cette page d’infortune qui, telle le radeau du blaireau, ou de la méduse, va savoir, mais je préfère ne pas repartir pour mille mots, et je vous souhaite donc une bonne fin de journée, de soirée, de mois, de couple, de solitude, de vie et de mort.
posted the 01/26/2006 at 08:53 PM by
franz