Les pauvres sont une race bien particulière.
Une race composée de gens généralement insatisfaits de leur situation, grincheux et, qui plus est, mal habillés. Si au moins ils prenaient la peine de faire un effort sur le vestimentaire, nous serions peut-être plus enclins à les aider financièrement. Au lieu de ça, ils puent de partout, portent des vêtements troués et parlent mal. Comment peut-on apprécier des personnes comme celles-là ?
Descendez donc dans le centre-ville et voyez ces clochards alignés le long des murs. N'évoquent-ils pas l'étalage des pots de yaourt dans les rayonnages d'Intermarché ? Tout comme Danone, ils se livrent à une vraie guerre marketing ; ils tentent d'attirer le chaland en se parant d'atours exhortant le plus possible à la compassion de ce dernier. Une position génuflexive, par exemple, assure un apitoiement un peu plus poussé chez le riche passant dont le tintement des pièces au fond de la poche attise l'envie du pauvre malheureux attendant les mains ouvertes et les yeux fermés qu'une pièce tombe dans son gobelet. Les clochards les plus chanceux sont ceux auquels il manque des membres ; les culs-de-jatte par exemple possèdent un avantage certain sur leurs concurrents. Comme le dit si bien le dicton urbain : deux jambes en moins, c'est deux euros en plus. On pourra en revanche plaindre les aveugles ; il n'est pas rare que ces derniers se fassent piquer la recette de la journée par quelqu'un de peu scrupuleux ou par un cul-de-jatte déçu de n'avoir pas pu récolter suffisamment de fonds. Cela donne lieu à une coquace scène de course poursuite entre un aveugle et un cul de jatte, l'un remuant les mains dans tous les sens pour trouver son adversaire, l'autre courant sur ses bras pour semer sa victime. Donc les clochards sont également des gens très drôles, aussi divertissants que la Star Ac'.
La difficulté de cet étalage de pauvres est que, comme pour les yaourts, il faut bien en choisir un. Car, pour sortir de cette rue la conscience tranquille, on s'avisera de donner quelques sous à au moins l'un d'entre eux. Oui, mais lequel ? L'ex-punk accompagné de son berger allemand ? La musulmane voilée se tenant à genou comme si elle essayait de battre un record de génuflexion ? Le moustachu en survêtement violet/jaune fluo tentant d'écouler ses journaux ? Le puant qui veut nous vendre des photocopies de dessins qu'il n'a même pas réalisés lui-même ?
C'est pourquoi j'ai decidé de passer ici un coup de gueule. Car oui, je pense qu'il y a trop de pauvres, surtout dans la rue St Jean ! Pourquoi l'état n'impose-t-il pas des quotats obligeant certains à s'installer dans d'autre quartiers moins fréquentés ? Cela faciliterait notre choix du pauvre chanceux qui aura droit à l'Euro quotidien que notre conscience morale décide d'accorder à un clochard par jour. Car, je vous le dit, trop de pauvres tue la générosité. Ce à quoi vous me répondrez que trop de générosité tue la pauvreté. Certes. Mais bon, comment choisir un clodo parmi cet étalage ? Comment donner un euro à l'un d'eux sans risquer de blesser tous les autres qui se mettent soudainement à jalouser leur collègue chanceux ? C'est très difficile, et c'est pourquoi la seule solution que j'aie trouvée est de ne rien donner à personne.
Décidément, on peut dire que les pauvres sont un vrai problème de société. Parasites immortels de notre pays, ils trouvent le moyen d'exister encore alors qu'ils sont théoriquement trop pauvres pour survivre. C'est le monde à l'envers. En plus, les pauvres ont souvent plein de gosses. Et le comble c'est qu'ils parviennent toujours à leur faire atteindre la majorité. D'où la conclusion qui s'impose : les pauvres sont des menteurs. Ils ne souffrent pas de la pauvreté. Pire encore, c'est elle qui les fait vivre. Car enfin, comment peut-on expliquer qu'ils soient de plus en plus nombreux ?
Vous l'aurez compris, les pauvres constituent le pire fléau qui soit pour une démocratie comme la nôtre. Si nous voulons maintenir l'équilibre fragile qui fait tenir notre société debout, nous devons en éliminer le chancre.

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posted the 10/16/2005 at 09:58 PM by
franz
Le pire c'est que une partie de la population terrestre pense comme ça !! j'avoue par contre que c'est surement là où j'ai le moins ri, à part devant la démesure de certains propos (les quotas^^) et la réalité d'autres (cf dernière phrase de l'anté-pénultième paragraphe).