Il s’est écoulé 9 ans depuis l’annonce de Bloodstained – Ritual of the Night, et le jeu vient aussi de fêter son 5ème anniversaire. Et Koji « IGA » Igarashi peut être fier du chemin parcouru : avec désormais 3 jeux, il a ressuscité Castlevania, lui qui en fut le gardien jusqu’à 2010.
Certes, sa série s’appelle Bloodstained, mais hormis 2 séries sur Netflix et un crossover avec Dead Cells, qu’a fait Konami de sa licence culte depuis, hormis des compilations rétro ? Bloodstained a donc occupé un espace laissé vacant.
IGA a toutefois ramené le Castlevania qu’il a toujours connu, sans grande innovation, mais avec l’envie de satisfaire les fans. Après un mode Classic offert -
que j'ai testé, il finit donc par livrer au bout de 5 ans tout ce que la campagne Kickstarter avait promis, notamment un mode Chaos gratuit où on livre une série de défis, ainsi qu’un mode Versus jouable en ligne.
Avant de se tourner définitivement vers « Bloodstained 2 », IGA a cependant une dernière surprise à livrer : un DLC « Classic II » sorti le 11/06/2024. Non prévu dans la campagne Kickstarter, ce qui justifie qu’il soit payant, le DLC a été confié au studio WayForward, qu’on ne présente plus, et qui avait déjà prêté main forte au développement de Ritual of the Night.
L’idée, après un Bloodstained Classic, est cette fois de proposer une réinterprétation de Castlevania II – Simon’s Quest, sorti sur NES en 1987 ; un jeu d’action-aventure dont la construction en fait un ancêtre des metroidvania.
Etant un DLC, la réalisation graphique repose sur celle du jeu principal. Pas toujours très beau, donc
Bloodstained - Classic II, dans l’esprit de Simon’s Quest
IGA a sans doute souhaité que WayForward propose une aventure et un gameplay fidèles à Simon’s Quest – jusque dans certains de ses défauts. De nombreux joueurs gardent en effet de mauvais souvenirs de Castlevania II, mais Koji Igarashi n’est pas de ceux-là, et il l’a déjà prouvé de longue date lorsqu’il a fait du premier Castlevania qu’il a produit – Harmony of Dissonance sur GBA – une suite chronologique de Simon’s Quest ; son héros Juste faisant référence à la quête de son grand-père Simon.
Sur quelle base construire toutefois ce Classic II ? L’aventure de Miriam, l’héroïne de Ritual of the Night, est en effet bouclée, mais le destin de sa rivale Dominique, projetée dans les Limbes, pourrait ne pas avoir été définitivement scellé, et à l’instar de Simon Belmont pour Castlevania II, elle devra guérir de la malédiction dont elle est affligée. Dominique’s Curse se situe donc dans le prolongement scénaristique de Ritual of the Night.
Se retrouver piégée dans les Limbes, on peut l'avoir mauvaise !
Le démarrage ne fait en tout cas aucun doute : le joueur se retrouve en effet directement projeté dans un jeu au gameplay calqué sur le jeu de 1987, avec une jouabilité bien rigide, des chutes mortelles, une difficulté prenant immédiatement à la gorge, des villageois qui livrent volontairement des faux indices, certes en français (le jeu étant intégralement traduit)… Et cette fois, pas de mode Facile qui tienne, il vous faudra surmonter la difficulté de base.
Contrairement à son apparition dans Curse of the Moon 2, Dominique ne manie pas une lance et ne dispose pas de pouvoirs magiques de guérison : son gameplay est ici calqué sur celui de Simon Belmont, et elle manie une sorte de fouet, ne disposant dans un premier temps que d’une portée et d’une puissance très faibles. Bref, les Limbes portent bien leur nom : c’est l’Enfer ! Vous voilà donc prévenus, c’est un jeu au feeling très rétro.
Un remake qui n’en est finalement pas un
Dominique’s Curse démarre comme Simon’s Quest, et en reprend le cycle jour / nuit qui est l’une des principales caractéristiques du classique de la NES. Dans les Limbes, il n’y a toutefois pas de jour ; le cycle fera donc intervenir deux phases de la Lune. La Lune croissante, où le ciel est rouge, fait ainsi figure de jour, durant lequel vous pourrez glaner des informations auprès des villageois ; tandis que la Lune morte et son ciel vert rend fous les villageois qui vous attaquent, et renforce les ennemis. En contrepartie, certains ennemis très puissants ne se trouvent que la « nuit » et vous offrent des récompenses très importantes une fois vaincus.
Pour combattre sa malédiction, Dominique devra terrasser 4 boss, tous repris de Ritual of the Night, présents dans 4 manoirs, avant de débloquer l’accès au dernier manoir et son boss final. Une progression très classique pour un metroidvania, mais si le level design des villages et des campagnes environnantes est effectivement très inspiré de Simon’s Quest, la progression dans les manoirs revient à du « classicvania », avec une construction similaire à Castlevania III – Dracula’s Curse. L’exploration y laisse donc place à un jeu d’action-plateformes classique, et si le premier manoir propose une difficulté très surmontable, le second corse drastiquement le challenge, et les morts vont se multiplier.
La structure des manoirs est une progression classique jusqu'au boss. On reconnaît ici le level design de Castlevania III
Mourir, cela arrive fréquemment dans Dominique’s Curse, et souvent très vite avec les pièges mortels, mais le jeu est toutefois loin d’être punitif. Vous ne disposez certes que de 3 vies, mais un Game Over ne vous renverra pas au village de départ ; simplement au dernier checkpoint, délesté toutefois de quelques pièces de monnaie… ce qui peut tout de même être pénalisant, surtout si vous enchaînez les morts.
Dans les Limbes, les démons aiment en effet les pièces sonnantes et trébuchantes, et tous les upgrades pour le fouet ou pour votre héroïne coûtent cher. D’autres PNJ – les gardiens des manoirs – acceptent toutefois une autre monnaie, les restes des monstres, et peuvent convertir ces restes en pièces. On retrouve donc là un défaut de vieillesse emprunté à Simon’s Quest : le farming. Si vous voulez acheter les upgrades, mais aussi les potions de vie, certaines armes secondaires, les pièces pour se téléporter d’un point à un autre de la carte ou pour changer de phase lunaire, il faudra en passer par là.
Je l’ai toutefois dit avec la progression dans les manoirs, ce
Bloodstained Classic II va s’écarter de Simon’s Quest au fil de votre avancée. Même si l’aptitude ne se débloque qu’à la moitié du jeu, vous gagnerez la possibilité d’effectuer un double saut qui va considérablement vous simplifier la tâche. Parmi les autres aptitudes inédites par rapport à Simon’s Quest : la capacité à aller dans l’eau – ce qui ouvre quelques nouvelles zones – tout comme celles reprises de Ritual of the Night de créer une plateforme temporaire ou de se téléporter de quelques mètres dans n’importe quelle direction. Les ennemis vont donc se faire plus coriaces dans les dernières zones, mais la difficulté se fera tout de même moins pénible qu’au démarrage… jusqu’au dernier manoir qui va proposer un dernier pic de difficulté !
Avec les bons upgrades et des potions en stock, les boss ne devraient pas poser trop de problèmes
Je l’ai précisé pour les boss, mais les ennemis sont tous recyclés du jeu principal, même si leur variété est ici moindre. Pas de tête de chien géante – ou alors je ne l’ai pas trouvée – ni de Shovel Knight d’ailleurs.
WayForward a cependant dû travailler avec les assets de Ritual of the Night pour développer ce DLC, et ne peut donc pas faire de miracle : le jeu principal n’est pas toujours beau – et même parfois assez vilain – et ce mode Classic II propose des choix de couleurs criardes qui ne vont pas flatter votre rétine. Pour faire court, c’est souvent moche, avec des textures assez grossières, et seuls les manoirs présentent une réalisation convenable, sans être ébouriffante.
L’OST quant à elle, propose des sonorités 8-bits, avec des compositions originales non reprises du jeu principal. On s’y habitue, certains thèmes rappelant dans leur tempo Simon’s Quest, mais aucun n’atteint toutefois l’excellence de Bloody Tears, morceau culte souvent repris dans la série Castlevania.
Pour terminer sur ce tour d’horizon de Dominique’s Curse, de nombreux secrets sont cachés dans le jeu, et une aptitude vous permettra même de déceler les murs à détruire… comme elle peut révéler les mensonges des villageois qui vous livrent de faux indices ; un clin d’œil à un défaut souvent reproché à Simon’s Quest, que ce DLC corrige ici avec malice !
Le jeu dispose de plusieurs fins, et jusqu’à présent, j’ai pu en voir 2 : sur une vidéo que j’ai regardée, le youtubeur a atteint la mauvaise fin ; quant à moi, j’ai pu obtenir une fin « amère », qui n’en reste pas moins mauvaise. Il me reste donc à obtenir mieux, même si je ne connais pas les critères exacts, la rapidité ou le 100 % me semblant être de bonnes pistes.
La destination finale se trouve ici, et il faudra terrasser les 4 boss pour débloque l'accès au dernier manoir
Verdict : « Oui, mais... »
Si le mode Classic II était offert – comme l’avait été le mode Classic I, je vous l’aurais évidemment conseillé sans réserves, peu importe ses défauts. Seulement, le DLC est proposé au tarif de 9,99 €, soit autant que le premier Curse of the Moon au gameplay bien mieux calibré, à la durée de vie équivalente (5 heures environ) et à la rejouabilité meilleure. Je compare certes un jeu réalisé en 3D avec un jeu réalisé en 2D 8-bits, mais compte tenu des défauts listés pour ce Dominique’s Curse, l’addition pourrait vous rester quelque peu en travers de la gorge, surtout après une énième mort pour un saut mal négocié… ou plutôt, mal appréhendé à cause d’une délimitation pas toujours très nette des plateformes.
Si Ritual of the Night vous a plu, il n’est également pas dit que ce DLC vous plaise. Bien qu’étant tous deux des metroidvania, Symphony of the Night et Simon’s Quest ont peu en commun, et il en va de même avec le jeu principal et ce Dominique’s Curse, dont les gameplays sont très différents. Le mode Classic II reste un « classicvania » dans l’âme, et s’adresse donc aux vieux fans de Castlevania, prêts à surmonter une jouabilité rigide.
Dominique’s Curse reste donc un hommage – certes moins punitif et moins difficile – à un jeu aujourd’hui encore controversé. C’est de ce point de vue qu’il faut en tout cas l’aborder : si vous êtes prêts à surmonter les défauts de ce mode ou si vous voulez jouer à l’expérience la plus complète de Bloodstained, le défi proposé ici vaudra tout de même son prix.
Pour compléter ce test :
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Avis pour le DLC. N’hésitez pas à laisser le vôtre sur gameforever.fr si vous y avez joué !
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Mon test du premier mode Classic de Bloodstained
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Les avis sur Game Forever sur la série Bloodstained
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Le dossier sur la série Castlevania, disponible sur le site gameforever, et qui parle aussi de Bloodstained.