La fac : grandeur et décadence.
Voilà un sujet intéressant ; et pour cause, c'est ma muse qui en est l'auteur. C'est en effet la fine analyse qu'elle a fait de la fac tout à l'heure alors que nous nous désaltérions avec une déesse ivoirienne dans un café à l'ambiance irlandaise ; c'est vous dire si nous aimons le brassage des cultures. La fac : grandeur et décadence. C'est vrai, et nous allons le constater immédiatement, en étudiant d'abord la grandeur de la fac, puis sa décadence. Etonnov, niet ?
I. Grandeur
L'escalier principal est grand. C'est tout ce que nous pouvons dire. Ah non : les amphis sont grands aussi.
II. Décadence
Un sujet plus vaste encore que ma connerie ; vous comprendrez qu'on n'est pas près d'en voir le bout.
La fac de lettres a ceci d'attrayant qu'elle propose pour sa collection 2005/2006 dans la mention Culture & Communication une multitude de choix tous plus séduisants les une que les autres. L'emploi du temps semble alors ne dépendre que de la volonté du mollusque estudiantin. Ce dernier est chargé, pendant les trois premiers jours, de s'inscrire dans toutes les matières auxquelles il souhaite participer.
Kafka n'aurait pas pu imaginer pire dans le meilleur de ses bouquins que l'organisation desdites inscriptions. L'auteur de ce texte, qui n'est autre que moi-même (je me surprends d'ailleurs à m'appeler ''l'auteur de ce texte'' alors qu'un ''je'' eût suffit) peut certifier que la journée qu'il vient de connaître fut la pire qu'il eûtes jamais conûmes. Et ne venez pas me dire que je conjugue le subjonctif comme mon pied.
Journée de calvaire, journée de labeur ; journée extrême-trash. On peut comptabiliser en tout une bonne demi-douzaine d'heures passées dans un couloir au carrelage orange déprimant et aux murs jaunâtres en compagnie d'une centaine de personnes venues dans le même but. C'est comme le couloir de la mort, mais en pire. Il serait long et ennuyeux d'expliquer ce qui mène à tant d'attente alors que tout aurait dû se dérouler en deux heures. Résumons simplement la situation comme ceci : les organisateurs de la rentrée ont simplement oublié d'organiser cette dernière convenablement.
A moins qu'ils n'aient cherché à créer des relations entre les étudiants. De fait, ceux-ci se trouvant souvent dans le même désarroi que nous, ils deviennent rapidement des frères d'armes indispensables pour nous permettre de conserver l'espoir d'un aboutissement. Et comme si cette pesanteur administrative ne suffisait pas, il faut en plus se taper lors de la traversée perilleuse du campus le racolage actif de marchandeurs de magazines et de syndicalistes dont la seule ambition est de refaire la révolution d'octobre. Tout un programe.
On est alors rassuré de constater que l'ambiance générale reste détendue, la plupart des étudiants présents sur place étant avant tout des touristes dans l'âme. Pas de friction, et de compétition que nenni ; ici tout le monde est un peu solidaire, surtout quand aider les autres permet d'être aidé en retour. Le tourisme s'applique aussi et surtout aux amphis ; quand un pauvre bonhomme bedonnant affublé de lunettes, d'une chemise Vichy et d'une piètre veste tente désespérément d'expliquer à une assemblée désintéressée le programme des cours d'informatique, il n'a en retour que des huées au moment où il annonce -ô scandale- qu'un cours se tiendra exceptionnellement un samedi matin une seule fois dans l'année. Et quand il ajoute qu'il a une dernière chose à préciser, c'est la moitié de la salle qui se lève, sans doute éreintée par ces 15 minutes d'écoute inattentive.
La fac, c'est donc l'histoire d'une grande décadence, ou d'une décadente grandeur, on ne sait pas encore vraiment ; il y a sûrement un peu des deux. La fac, c'est aussi et l'auteur le sent, un sujet qui lui permettra d'avoir quotidiennement des choses futiles à raconter sur cette page d'infortune, si Dieu le veut bien évidemment (je ne fais rien sans la permission de Dieu).

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posted the 10/04/2005 at 09:45 PM by
franz
Forcément, il est difficile de décrire ces décallages sans que les choses ne paraissent confuses. Comme ces extraordinaires dossiers d'inscriptions auquels on ne s'habitue jamais. Perfides, les vérificateurs négligent les cases que l'on a prudemment omis de remplir (le langage administratif et ses formalités ayant toujours quelque chose qui dépasseront le pauvre être inférieur qui devrait pourtant y être habitué, depuis le temps.). En même temps, c'est peut-être un test: ces cases sont peut-être tout simplement là pour nous jauger, voir qui sera assez fou ou assez intelligent pour toutes les remplir. Aucun commentaire.
La rentrée s'est plutôt bien passée, à côté de ça: comme d'habitude, en mieux. J'ai surtout l'impression qu'ils ont peur de voir fuir les quelques malheureux qui se sont inscrits ou réinscrits... qui vivra verra.