Les racistes ont coutume de diviser la population humaine en deux grandes races distinctes et fondamentalement différentes : les blancs, et les noirs. C'est une grave erreur. De fait, si l'on peut effectivement fractionner l'humanité en deux races que tout oppose, il conviendra d'éviter l'écueil noir/blanc pour se focaliser sur ces deux catégories : les joueurs de jeu vidéo, et les autres.
Aujourd'hui, je vous propose une analyse objective de la première race : les joueurs de jeux vidéo. Les joueurs de jeu vidéo sont amoureusement haïs des non-joueurs, tandis que ces derniers sont haineusement aimés des joueurs de jeu vidéo.
On distinguera également beaucoup de races au sein de la race des joueurs de jeu vidéo ; de fait ces derniers sont, plus que quiconque, enclins à la discrimination abusive et irréfléchie. Il n'est pas rare en effet d'assister à des conflits entre joueurs. On peut diviser la race des joueurs de jeu vidéo en plusieurs grandes catégories : les Pro, les Anti, les Réacs, les Ignorants. Il n'est pas rare qu'un joueur appartienne à plusieurs de ces catégories ; on a déjà vu des spécimens de Pro-Anti-Réac-Ignorant. (Exemple : ''Je suis pour Nintendo, contre Sony et Microsoft. Mais je n'aime chez Nintendo que ce qu'ils faisaient avant, comme par exemple Sonic'').
Bien souvent, lors de débats enflammés sur des sujets particulièrement fondamentaux (par exemple, ''Pour ou contre la DS''), les joueurs de jeu vidéo, qui s'affirment pour la plupart comme étant anti-racistes, se lancent des insultes que ne renieraient pas les extrême-droitistes les plus virulents. Si certains seront scandalisés que l'on traite un noir de con parce qu'il est noir, ils ne se priveront pas en revanche pour traiter un possesseur de PS3 de connard parce qu'il possède une PS3.
Le sociologue Zinédine Bourredieu-Maibourlebonsang a nommé ce phénomène ''le magique paradoxe du joueur de jeu vidéo''.
Il existe néanmoins un moyen d'unifier tous ces joueurs de jeu vidéo divisés par la haine. De fait, ils sont tous d'accord sur un point : ils sont des hardcore-gamers. En conséquence de quoi ils nourissent le plus grand mépris pour ce qu'ils appellent ''le grand public''. Le grand public pourrait tout à fait répondre avec le même mépris que ces joueurs sont ''les petits chieurs'', mais il ne le fait pas ; en l'occurence, le grand public se fout totalement de l'existence de ses détracteurs. Du reste, le grand public se fout de beaucoup de choses, y compris du jeu vidéo.
Un membre du grand public choisira un titre parce que sa jaquette est belle, parce qu'il a vu une pub sur M6, parce qu'il y en a beaucoup sur les étals (ce qui signifie que c'est un jeu promis à de grosses ventes, donc un jeu de qualité), ou parce que le vendeur de la Fnac est talentueux. Le membre du grand public peut sans la moindre hésitation acheter un jeu pour une console qu'il ne possède pas. Il peut également être convaincu qu'en l'absence du jeu de foot qu'il comptait acheter, un jeu de course fera l'affaire. Il est communément admis que le grand public achète essentiellement des consoles de la marque PlayStation. Car, en dépit de son ignorance totale des enjeux qui agitent le monde du jeu vidéo, le grand public est nécessairement un mouton de Sony. Un fanatique mais qui s'en branle. Aujourd'hui les choses ont changé : le grand public est chez Nintendo, paraît-il ; et il paraît aussi que pour le coup c'est bien.
Le hardcore-gamer est complètement différent du grand public. Le hardcore-gamer vit par et pour le jeu vidéo. En conséquence, son seul objectif dans la vie est d'acheter et finir des jeux, et d'en parler sur des forums ou dans des blogs. Les hardcore-gamers dont les oeillères empêchent le champ de vision de s'écarter de Nintendo sont persuadés que seuls les fans de Nintendo sont hardcore-gamers. Les hardcore-gamers les plus tolérants pensent que seuls les joueurs appréciant un jeu dans son absolu et non pas par rapport à la plateforme sur laquelle il paraît sont des vrais hardcore-gamers. C'est à cette dernière définition que nous donnerons raison.
Nous l'avons dit, le hardcore-gamer vit pour le jeu vidéo. S'il rechigne à se lever à 7h pour aller en cours, il est le premier à programmer son réveil pour 6h dans le but de faire l'ouverture du magasin le jour de la sortie du nouveau Zelda. Le moment de l'achat est toujours une grande expérience ; le hardcore-gamer se trouve entouré d'autre gamers venus ici à la même heure dans le même but. Parfois des conversations s'engagent ; il s'agit alors d'y prendre part pour prouver qu'on en sait plus que les autres.
Une fois le jeu en sa possession, le gamer s'empresse de retourner à son logis, plus précisément dans sa chambre où il entrepose amoureusement toutes ses consoles et tous ses jeux depuis ses débuts dans l'univers féérique du ludisme vidéo. Il ouvre fébrilement la boîte ; souvent le film plastique est très difficile à retirer ; le gamer pousse alors des râles traduisant son excitation et son énervement. Ca fait peur. Enfin, la boîte est ouverte ; le précieux CD ou la précieuse cartouche est à portée de main. C'est en tremblant que le gamer insère ce ridicule objet dans sa console, après avoir fait une ou deux prières et allumé quelques bougies ; après avoir également sommé tous les colocataires de ne pénétrer dans sa chambre sous aucun prétexte, même si le grand-père venait à mourir. Après tout, qu'il meure ce con, là y a Zelda, et Zelda n'attend pas.
Généralement, le gamer en pleine partie est plus passionnant à regarder que le jeu auquel il s'exerce. Les symptômes du gamer absorbé sont :
-de la bave au bord des lèvres voire même coulant sur le t-shirt;
-un regard torve de berger allemand ou de fermier français.
Le gamer adore faire la guerre dans ses jeux, mais en réalité c'est une vraie tafiole. Demandez-lui d'aller se battre le fusil à la main, et il se détournera, prétextant un quelconque pacifisme.
Les jeux vidéo rendent violent. C'est en tout cas l'argument principal de ceux qui n'y jouent pas pour prouver que les joueurs de jeu vidéo sont des nuls. De fait, le jeu vidéo rend violent. On estime à 99 % le pourcentage de joueurs de jeu vidéo commettant un meurtre après une partie de Half Life ². Plus inquiétant encore est le chiffre de 50 %, soit le pourcentage de joueurs commettant un meurtre après une partie d'Adibou. Pour ceux qui aiment les chiffres, continuons donc : 45% des joueurs commettent un meurtre avant une partie de Half Life² ; 30 % des joueurs sont tués avant une partie d'Adibou. Au final, 194 % de la population de joueurs est composée de meurtriers, tandis que 30 % est composée de morts.
Vous l'aurez compris, avec tous ces joueurs tueurs, l'humanité est en danger. Pour éviter une série massive de meurtres, il est conseillé de s'armer d'un fusil d'assaut, non seulement pour se défendre en cas d'attaque, mais aussi pour exterminer tous les joueurs de jeu vidéo.
Mais comment reconnaître un gamer en dehors d'une partie de jeu vidéo ? En effet, quand il ne joue pas, celui-ci doit perdre la bave au coin des lèvres et le regard torve. Eh bien, il s'avère que non. Même quand il n'est pas plongé dans un de ses paradis artificiels, le joueur de jeu vidéo, qui est nécessairement un drogué de jeu vidéo, se reconnaît par la bave et le regard. On peut aussi le distinguer par ses fringues ; elles sont souvent sales, usées, trop grandes. Généralement le gamer pue, il parle mal et semble très pauvre. Conclusion : tous les clochards sont des gamers. Attention donc à ne pas vous faire piéger par un gamer se faisant passer pour un clodo. En cas de doute, n'hésitez-pas : tirez. Au mieux, on a un joueur de moins, au pire on a un pauvre de moins, ce qui n'est finalement pas plus mal.
Les joueurs de jeu vidéo sont donc une race à exterminer au plus vite, pour que la planète puisse mieux respirer. Afin d'accélérer le processus de destruction de cette race, nous pouvons éliminer ses principaux gourous. Les dénommés Hideo Kojima et Shigeru Miyamoto sont les têtes de notre liste noire. En 1997, l'assassinat de Gunpei Yokoi a été avec succès dissimulé en accident de la circulation, mettant ainsi le créateur de cet objet démoniaque qu'est le Game Boy hors d'état de nuire. Hiroshi Yamauchi reste insaisissable, pire que Yasser Arafat en son temps.
Dans cette guerre qui oppose les joueurs aux non-joueurs, il semble clair que ce sont les premiers les fautifs. Ils constituent une communauté désorganisée, peuplée de drogués, de meurtriers, de morts, d'ignares, d'intolérants, et de sectaires à la solde de dangereux gourous bridés crétauers de produits psychédéliques où les plombiers sautent sur les champignon (et à partir de ce moment-là, pourquoi pas l'inverse, hein ? ). La communauté des non-joueurs est victime de cette folie, et l'a subie sans broncher. Désormais, ce temps est révolu, et les non-joueurs n'ont qu'un seul voeu : que les joueurs de jeu vidéo arrêtent de faire la guerre dans leur loisir putride pour venir la faire en vrai, sur le front. Sinon, il faudra bien les tuer.

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posted the 09/28/2005 at 07:55 PM by
franz
It's raining men! Alleluia! It's raining men! Amen!