J'aime le cinéma ; j'espère que c'est réciproque.
Enfin, avec tout ce que je lui file par an, il a intérêt à apprécier ma présence dans ses fauteuils molassons s'offrant ouvertement aux fesses du monde sans la moindre gêne. Ou bien c'est un gros connard, na.
Pourtant, si je suis généreux avec le cinéma, je n'en reste pas moins radin par nature, et j'aime bien débourser le moins possible dans les séances auxquelles je me rends. C'est pourquoi je consulte systématiquement les tarifs préférentiels dont je peux bénéficier suivant les horaires. J'aime par exemple un cinéma qui annonce dans sa fiche horaire :
Tarif spécial étudiant (je suis concerné) : 4 €.
Toutes les séances de 14 h sont à 4 €, même pour les femmes, les grabataires et les paraplégiques.
Tarif normal en revanche pour les Juifs et les aveugles, surtout si ces derniers sont sourds parce qu'on se demande bien ce qu'il peuvent venir foutre dans un cinéma
Une fois confortablement installé, c'est-à-dire en ayant pris bien soin de vérifier que personne ne squatérise les fauteuils adjacents, et en ayant également pris bien soin de mesurer la largeur de la pièce et de la reporter proportionnellement à celle de l'écran pour me caler pile au milieu, quitte à devoir me mettre à cheval sur deux places, une fois bien installé, disais-je, je suis bien installé. La majeure partie du temps je prends soin de disposer mon sac dans le fauteuil de gauche et ma veste dans le fauteuil de droite, histoire d'éviter tout installation opportune de ce que les politicards appellent un ''compatriote'' alors que je n'ai jamais demandé à vivre sous le même drapeau que ce mollusque dont la principale activité journalière semble être d'importuner le paisible et tolérant misanthrope que je suis. Evidemment, si ce compatriote n'est pas mon compatriote et s'appelle Cameron Diaz, ça change beaucoup de choses. Si ce compatriote est une de mes plus chères amies, ce sont au contraire tous les fauteuils de la rangée que je rendrai inaccessibles aux étrangers afin que celle-ci puisse loger son gras... son gracieux fessier dans les renfoncements proches du mien.
Une fois mis en place, je suis prêt pour le début de la séance. Celle-ci s'ouvre de coutume par les bandes-annonces. Il s'agit généralement du moment que je préfère. Quoi de plus plaisant en effet que cette avalanche d'images lancées à une vitesse épileptique dans le but de nous convaincre que ''notre film, c'est pas de la merde'' ? Nous avons d'une part les chefs d'oeuvre annoncés, dont le film promotionnel ne peut que nous renforcer dans notre conviction intime qu'il s'agit de l'évènement de l'année ; et d'autre part les navets dont on peut ainsi voir tous les meilleurs moments en l'espace de 2 minutes, ce qui nous évitera par la suite de souffir une projection complète de ces indigestes voire vomitives casserollées.
Généralement, quand on va au cinéma, c'est pour voir un film que l'on a envie de voir, ou bien c'est que l'on est très con. A la limite ça peut être parce que la fille que l'on désire séduire tient absolument à voir ce film, mais dans ce cas la question de savoir si cette fille mérite vraiment d'être séduite se pose. Sauf s'il s'agit de Cameron Diaz évidemment.
Le cinéma reste le meilleur moyen d'apprécier un bon film, loin devant la télé et très très loin devant le résumé soporifique que certains abrutis trop loquaces ne peuvent jamais s'empêcher de faire, gâchant au passage tout effet de surprise en dévoilant d'entrée de jeu par exemple que Bruce Willis est en fait mort dans Sixième Sens. Comment ça fallait pas le dire ?
Néanmoins, des évènements peuvent gâcher la projection.
Un envahissement des accoudoirs par le voisin par exemple, s'il peut-être pris pour une tentative de drague pour le cas où le voisin serait du sexe opposé ou du sexe identique mais attiré, est généralement un élément gênant dans le plaisir (sauf si votre voisin est du sexe opposé ou du sexe identique mais attiré et vous aussi). C'est souvent générateur de guerres psychologiques menées tout en finesse par des regards de biais sur l'accoudoir pour voir si ce connard n'a pas foutu sa patte graisseuse dessus ou plus simplement par une tentative d'imposition de notre membre antérieur à côté du sien - le tout dans l'espoir de voir ce dernier quitter le lieu saint.
Plus gênant est l'imbécile heureux qui se croit obligé de rire plus fort que les autres pour bien montrer qu'il a bien saisi l'humour du film. Il faut généralement être catholique ou très self-mastered pour éviter de lui envoyer son paquet de pop-corn sur la tronche. Et qu'importe si le pop-corn fait plus de bruit que le suscité imbécile quand on plonge la main dedans pour en tirer une poignée et l'enfoncer goulûment dans son orifice oral. Et qu'importe si le bruit provoqué par ledit orifice oral lors de la mastication du maïs pop fait toujours plus de bruit. On est de toute façon toujours bien plus tolérant avec soi-même qu'avec les autres, surtout si on est catholique ou self-mastered.
Il y a parallèlement à ça des vrais plaisirs existant en dehors du cadre limité de l'écran anciennement blanc désormais habité de couleurs et de formes toutes plus diverses les unes que les autres. En tête de ceux-ci, indescriptible est celui que l'on ressent lors d'un film effrayant, lorsque tout le monde sursaute dans la salle, puis se tourne vers son voisin en riant d'un air de dire '' haha je m'y attendais''. Généralement la réaction à avoir à ce moment de la relation avec notre tendre co-spectateur est de lui gueuler ''bouh !'' avant même qu'il ait eu le temps de sourir.
Puis le film se finit. C'est le moment de la sortie, toujours vif en émotion également, parce que si le film a été bon on se sent imprégné de son histoire ; on a alors le sentiment d'avoir vécu nous-même quelque de chose d'effarant que personne ne peut comprendre, et on se sent soudainement tout à fait supérieur au péquin lambda croisé au détour de la rue St Jean. Surtout si ce dernier est l'ex-prof de Français de notre amie.
Si l'on est étudiant en lettres, on va alors boire un coup avec ses amies pour s'amuser à enculer les mouches. C'est-à-dire que l'on va se divertir en décortiquant chaque scène, en cherchant chaque message caché dans chaque recoin de plan, et cherchant chaque émotion dans chaque regard de chaque acteur. C'est la chaque-attitude.
On rentre alors chez soi, usé comme un cheval fourbu ou comme un académicien ; content de sa journée ; content d'être un branleur.
Et on est surtout fier d'avoir pu tenir aussi longtemps sur le sujet du cinéma après s'être vu lancé à la gueule le défi d'un texte sur ce thème par ses deux amies cet après-midi à l'Opéra-Café, tout ça parce qu'à la base on a fait une vanne pas trop naze dont on se rend compte maintenant qu'en fait elle l'était bel et bien (naze).

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posted the 09/19/2005 at 09:36 PM by
franz
(Tu remarquera (ou non ) au passage que j'uttilise toujours abusément le signe phalique et monocouille comme tu me l'as rappeler!!) Car non, cet article n'est pas composé d'excrement, loin de là ^^. Mais je me rappelle encore cette nuit de frustration où je dormais chez un amis (qui ne l'ai plus d'ailleur^^) et où ce coullion me révéla la fin du film sus-cité en plus de celle d'Usual suspect, où je le rappelle que c'est Kevin Spacey qu'a fait le coup !!