Tant va la cruche à l'eau, qu'en la fin elle se brise, dit brillamment Sganarelle à Don Juan de la Vega dans la pièce éponyme de Jean Baptiste Poquelin, dit Molière ou Corneille, on ne sait plus *. Une réplique qui n'a strictement rien à voir avec le sujet qui nous préoccupe aujourd'hui, puisqu'en l'occurence rien ne me préoccupe aujourd'hui auhourd'hui. C'est vrai quoi, pourquoi que je devrais systématiquement me préoccuper de choses ou d'autres ? Aujourd'hui, rien ne m'inquiète. Ni les pauvres qui s'étalent le long de la rue Saint Jean, ni les riches qui s'étalent le long des vitrines, ni les beaufs qui s'étalent de la crème solaire, bref rien, vous dis-je. Sauf peut-être ce texte qui s'étale inutilement sur cette page d'infortune qui, telle le radeau du blaireau, ou de la méduse, va savoir, flotte sur le web à la recherche d'une terre où poser le pied, la main, la tête, le cul, bref un endroit de paix où tout ne serait que luxe, calme, volupté et merde encore cette phrase qui revient ; si vous voulez la suite descendez un peu, vous la retrouverez et vous pourrez vous amuser un peu. Quant à moi, je ne sais pas trop quoi faire pour vous retenir ici, si ce n'est publier à nouveau un texte de l'ami Desproges pour les imbéciles qui aiment comme pour les imbéciles qui n'aiment pas.
(*Laurent Gerra ; je cite mes sources)
Les Bonnes Manières à la Guerre (Manuel de Savoir Vivre à l'Usage des Rustres et des Malpolis)
Quand un Inférieur croise un Supérieur, l'Inférieur doit saluer le Supérieur. Cette charmante coutume s'appelle le salut. Pour saluer, l'Inférieur porte sa main droite là, en mettant les doigts comme ça. Quand. un Supérieur entre dans la chambre d'un Inférieur, ce dernier doit saluer en bombant le torse. S'il n'a plus de torse, comme cela arrive à la guerre, il doit bom ber les genoux, ou n'importe quoi de bomba ble. C'est la position du garde-à-vous. Dans le garde-à-vous, on doit mettre le petit doigt sur la couture du pantalon, et les pieds comme ça.
Attention : avant de saluer un Supérieur, il faut être sûr que c'est un Supérieur. Un Supérieur est un Gradé. Un Gradé se reconnaît au nombre de ses burettes (Attention typo : je dis barrettes). Plus le Gradé a de barrettes, plus le salut doit être servile.
Le salut est très joli. L'Inférieur doit y mettre beaucoup de respect pour le Supérieur, sauf en cas d'attaque thermonucléaire, où le salut pourra être effectué un peu plus vite. Après le salut, il arrive que le Supérieur s'adresse à l'Inférieur. Celui-ci doit alors répondre en tournant humblement son béret dans ses doigts gourds.
A un général, on dit « mon général »
A un colonel, on dit « mon colonel ».
A un adjudant, on dit « mon adjudant ».
A un deuxième classe, on dit « ta gueule », à condition d'être adjudant.
L'ennemi : pour quoi faire ? A la guerre, l'ennemi est très important, pour ne pas dire irremplaçable. C'est même l'élément le plus totalement irremplaçable de la guerre.
En cas de pénurie de tromblons, on pourra avantageusement s'entretuer au glaive, au bazooka, à l'énergie nucléaire, voire à coups de microbes pathogènes. Car les armes, Dieu merci. '
- Y a pas de quoi !
- Mais si, mais si. Car les armes sont remplaçables. Mais pas l'ennemi. Sans l'ennemi la guerre est ridicule. Une guerre sans ennemi c'est comme un match de football sans ballon : l'homme ne sait sur qui taper, et il s'étiole, et il se ravale bientôt au rang de la bête, et c'est ce qui s'appelle la paix, du nom de la rue du même nom, qui est d'ailleurs elle-même assez sou vent ravalée.
Comment reconnaître l'ennemi ? Il est très important de reconnaître l'en nemi. Un ennemi qu'on ne reconnaît pas, c'est comme pas d'ennemi du tout, j'en frémis rien que d'y penser. Le général Gamelin, qui faillit mourir à la guerre, avait coutume de dire à sa soubrette Josiane, dont il n'a jamais reconnu l'enfant qu'il lui fit : « Un homme qui ne reconnaît pas l'ennemi est un con. » Après quoi, il avait coutume de lui faire un autre enfant qu'il ne reconnaissait pas non plus.
Voici quelques critères de base permet tant à coup sûr de reconnaître l'ennemi : L'ennemi est bête : il croit que c'est nous l'ennemi, alors que c'est lui ! J'en ris encore !
L'ennemi a des oreilles.
L'ennemi n'est pas contagieux. D'accord, mais il est héréditaire.
L'enqemi est sournois : quelques fois, l'ennemi est dans l'escalier, pour faire croire que c'est la concierge qui revient de suite.
L'ennemi devrait consulter son dentiste.
L'ennemi s'appelle Reviens. Ah non, pardon, c'est ma gomme.
L'ennemi se déguise parfois en géranium, mais on ne peut pas s'y tromper, car, tandis que le géranium est à nos fenêtres, l'ennemi est à nos portes.
L'ennemi a un uniforme ridicule.
L'ennemi ne sait pas se tenir dans le monde. Quand on invite l'ennemi à la campagne, il égorge nos filles et nos compagnes jusque dans nos bras.

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posted the 08/18/2005 at 09:59 PM by
franz
"L'ennemi est bête: il crois que c'est nous l'ennemi, alors que c'est lui!"
Cette phrase me fait rire dès que j'y pense!!