Medias
Le 23 janvier 2009, Nicolas Sarkozy promettait, en clôture des états généraux de la presse écrite, qu’un plan serait mis en place pour « permettre à tout jeune de 18 ans de bénéficier l'année de sa citoyenneté d'un abonnement gratuit à un quotidien de son choix. » Le 27 octobre dernier, le plan en question a été lancé. Intitulé « Mon journal offert », il a été salué par l’ensemble des médias, qui ont repris en chœur le slogan du « permettre à chaque jeune de 18 à 24 ans… » Chaque jeune de 18 à 24 ans, vraiment ? Seuls 200 000 d’entre eux, sur les 5 millions que compte la France, pouvaient accéder au dit abonnement, qui se limite à un exemplaire du quotidien choisi par semaine. Et ces 200 000 jeunes étaient sélectionnés sur un seul critère… celui de la rapidité. On fait difficilement plus inégalitaire.
Quitte à n’offrir cet abonnement qu’à 200 000 personnes, peut-être eût-il été plus juste de les choisir sur la base de critères sociaux. Le prix des journaux (1,30 ou 1,40 € pour les grands quotidiens nationaux) est rédhibitoire pour les classes défavorisées. Mais il aurait été étonnant que cette mesure leur soit particulièrement destinée : les pauvres n’intéressent pas les patrons de presse. La tendance est au ciblage des catégories socioprofessionnelles supérieures (CSP+) qui représentent une cible plus intéressante pour les annonceurs. Le directeur de Libération, Laurent Joffrin, n’a pas caché que c’était à ces catégories que Libé se destinerait désormais. Et le Monde se vante régulièrement, dans ses pages, d’être le « premier sur les CSP+ ».
En conséquence, cette opération « Mon journal offert » ne devrait avoir que peu d’effet sur la situation que traverse la presse écrite, qui apparaît toujours plus comme déconnectée du monde réel. Pour la sauver, peut-être faudrait-il d’abord la soustraire au pouvoir des vendeurs d’armes et des financiers que sont Dassault, Lagardère, Rotschild et compagnie. Mais il serait étonnant que Sarkozy s’attaque à ses amis.

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posted the 11/02/2009 at 08:03 PM by
franz