Je n’ai pas grand-chose d’intéressant à raconter ces temps-ci, alors voici en vrac des choses inintéressantes qui me traînent dans la tête :
Un nouveau concept
Dimanche dernier, au JT de 20 heures, Laurent Delahousse, que l’on pourrait qualifier de « plus mauvais animateur de débats et intervieweur du PAF » après avoir vu quelques épisodes du navrant « 13h15 le dimanche », nous fait les gros yeux à 20h15 en nous annonçant l’existence d’un machin qui dépasse l’entendement : le tabagisme ultrapassif. Ca semble au moins aussi dangereux que l’ultragauche. On connaît le tabagisme actif et ses dangers, on connaît le tabagisme passif et ses dangers, mais alors le tabagisme ultrapassif, ça fout les jetons. Croyiez-vous être hors de portée d’un infarctus surprise depuis l’interdiction de fumer dans les lieux publics ? Malheureux ! Le professeur Dautzenberg, qui dirige l’office français contre le tabagisme et dont la principale occupation consiste à faire arrêter la clope aux fumeurs afin qu’ils achètent des patchs Nicorette avec lesquels il est indirectement lié financièrement, vous informe qu’il existe un tabagisme passif plus vicieux encore que celui qui consiste à inhaler la fumée d’un empoisonneur présent dans la même pièce que vous.
Alors le tabagisme ultrapassif, c’est quoi ? Eh bien il se trouve qu’après qu’un fumeur a commis son forfait, des particules de tabac peuvent rester présentes dans la pièce « jusqu’à deux mois après», nous informe le reportage. Pour ma part, je croyais depuis un bon moment que ce qu’on appelle le tabagisme ultrapassif était tout bêtement une expression du tabagisme passif ; d’ailleurs il n’y a qu’à fumer chez soi pour se rendre compte que le tabac s’incruste un peu partout — même les publicitaires vantant les mérites de certains désodorisants l’ont compris. Craignez donc pour votre santé ! surtout si vous avez mis les pieds dans un bar dans les deux mois qui ont suivi la mise en application du décret ; car dans ce cas il se peut bien que vous ayez été exposé, sans vous en douter une seule seconde, à des résidus de tabac virevoltant dans la pièce au nez et à la barbe de tout le monde.
Un site
Slate.com (clic) est un site américain de commentaires et d’analyse, fondé en 1996 avec l’appui de Microsoft, aujourd’hui sous le giron du Washington Post. Jean-Marie Colombani, ancien directeur du Monde, annonce l’arrivée prochaine d’une version française de Slate sous sa direction. Le menu est alléchant, si l’on en croit les noms prévus au générique : outre Eric Lesel, ancien journaliste au Monde, participeront au projet Eric le Boucher (ancien journaliste au Monde, actuel rédacteur en chef d’Enjeux/Les Echos, ardent défenseur de la cause néolibérale), ainsi que l’astrologue Jacques Attali (qui, après avoir rédigé un rapport préconisant la dérégulation de l’économie, vient déplorer sur les plateaux de télévision — où on l’accueille fort bien, le considérant comme l’ « un des seuls à avoir prophétisé la crise » — le manque de régulation de l’économie). Le site accueillera « des signatures de presse écrite reconnues en France comme de très jeunes plumes talentueuses repérées sur Internet », annonce Libération.fr. Autrement dit, attendons-nous à ce que Bernard-Henri Lévy, « signature de presse écrite » trop bien connue, nous serve, dès les premières semaines, une tinette sur la démocratie, la liberté d’expression et l’indispensabilité d’un site impertinent comme Slate dans un paysage cybernétique caractérisé par la dénonciation calomnieuse anonyme et l’absence de police de la pensée. J’ai gardé le meilleur pour la fin : Lagardère sera au capital de ce site financé par la publicité qui parviendra donc sans efforts à ne pas se différencier des autres.
Un livre
« Le voile médiatique », de Pierre Tévanian, aux éditions Raisons d’agir (cliquez). L’auteur revient sur le « débat » qui a amené au vote, en 2004, d’une loi punissant d’exclusion scolaire les jeunes filles refusant d’ôter leur voile à l’école. Il montre comment les pouvoirs politique et médiatique ont fait du port du voile à l’école un grave problème, alors qu’il ne posait dans les faits presque aucun problème. Il montre également que cette « affaire du foulard » a été l’occasion pour une partie de la classe politique et médiatique d’exprimer un racisme à peine voilé (ah la bonne vanne) envers les arabes et les musulmans, sans donner la parole à ceux qui s’opposaient à cette loi sauf pour les accuser de défendre l’oppression des femmes — tout en défendant eux-mêmes l’idée que pour lutter contre l’oppression des femmes voilées, il fallait les exclure du système scolaire. Bref, un super bouquin, et pas cher en plus.
Une réjouissance
Comme le disait si bien Lou Reed, chanteur qui nous a quittés récemment : malgré toutes les amputations, on peut toujours danser sur une station de rock'n'roll.
sinon le coup de : pour lutter contre l'opression des femme voilées, on doit les exclure du système scolaire! c'est tellement paradoxal cette loi. t'as bien résumé la connerie de ces loi qui sont plus racistes qu'aut chose.