Résumé de l’épisode précédent : Michel reçoit le courrier d’un corbeau l’avertissant que s’il n’obéit pas aux instructions, il sera condamné à lire les éditos de Philippe Val jusqu’à la fin de ses jours. Première instruction : se rendre, le soir, dans le bois derrière chez lui…
2.
Le soir venu, Michel se rend donc dans le petit bois derrière chez lui. Il a pris une lampe de poche et un Apéricube afin de se sustenter pour le cas où ceci marquerait le début d’une grande aventure aux rebondissements si incessants et si époustouflants qu’ils ne lui laisseraient pas le moindre répit ni la moindre occasion de reprendre la plus petite des bouffées d’oxygène entre deux fusillades ou combats ou courses-poursuites.
C’est l’automne. Les branches craquent sous les pieds de Michel. Le sol est rendu glissant par toutes ces feuilles à terre, teintées de rouge, sacrifiées sur l’autel du rythme naturel des saisons. Au loin résonnent les sanglots longs des violons d’André Rieu. Michel sent son cœur blessé d’une langueur monotone, ce que l’on comprend aisément.
Tout suffocant, et blême, Michel se souvient des jours anciens, lorsque c’était le bon temps de l’insouciance et de la Star Academy qui existait encore. Et il pleure. Il sent qu’il a mal. Où ça ? Vers l’aine, sans doute.
La forêt l’effraye. Les arbres semblent se pencher vers lui pour tirer sa chevillette et le porter dans les airs avant de le laisser choir comme une bobinette. A l’aide de sa lampe de poche, il ausculte soigneusement les troncs, le sol et les branchages, à la recherche d’un hypothétique indice lui permettant de comprendre ce qu’il est venu faire ici. Il ne tarde pas à voir ses attentes comblées : le tronc d’un bouleau est affublé de grosses lettres écrites en rouge, visiblement à l’aide d’un bâton à lèvres. Michel peut lire :
« Retourne chez toi, dans ta chambre, sous ton lit ; quelque chose t’y attend.
Signé : le Corbeau, qui t’assure de ses meilleurs sentiments et te prie d’agréer.»
Pris de panique à la lecture de ces mots, Michel rebrousse chemin et court le plus prestement possible vers son domicile. Tandis que ses pieds foulent chacun à son tour le sol boueux jonché de feuilles mortes qui se ramassent à la pelle, Michel s’inquiète de ce que le corbeau a bien pu faire chez lui. Lui a-t-il volé sa Nintendo DS ? Il espère que non. En montant les trois étages de son immeuble il manque à plusieurs reprises de se casser la figure mais peu importe, l’essentiel n’est pas là, l’essentiel est de savoir le plus vite possible ce que l’horrible maître-chanteur a bien pu mettre sous son lit.
Parvenu dans son appartement, Michel se précipite dans sa chambre, la fenêtre est ouverte, et se jette à terre pour regarder, à l’aide de sa lampe de poche, dessous son lit. S’y trouve un bout de papier, dont il s’empare aussitôt.
« Bonne nuit !
Signé : le corbeau »
Vous imaginez aisément combien bonne a pu être la nuit de Michel, pris d’une angoisse paralysante, recroquevillé sous sa couette, craignant à tout instant que l’odieux criminel s’introduise subrepticement dans sa chambre afin de s’approcher furtivement de lui et de lui faire glisser un poignard le long des côtes pour le chatouiller avant de le lui planter profondément au fond de l’œil droit.
Mais le pire reste à venir pour Michel, en tout cas c’est ce que je vous dis maintenant afin de vous tenir en haleine.
(A suivre…)

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posted the 11/18/2008 at 08:32 PM by
franz