Avant-propos :
Par je ne sais quelle magie, les balises ne fonctionnent pas quand vous cliquez à l'accueil. Youpi. Je vous invite à cliquer sur "tout" pour lire le même test, mais avec les balises qui marchent.
Bien que Square Enix ait bombardé la DS de Final Fantasy et de Dragon Quest pas très originaux, un des studios de la célèbre firme a développé un A-RPG tout à fait original et novateur, sorti chez nous sous le nom de "The World Ends With You", le titre original étant "It's a wonderful world" (au japon). Malheureusement, le jeu est passé assez inaperçu, d'une part à cause de stocks limités chez nous, d'autre part à cause de la presse qui a mis ce jeu très peu en valeur, parfois en le notant de manière assez superficielle (suivez mon regard ...). Comme si ça n'était pas assez, le jeu n'a pas été traduit, et se joue donc en Anglais ... et pourtant, il s'agit d'un excellent jeu DS qui nous prouve qu'il est encore possible d'inventer des concepts novateurs sans pour autant sombrer dans la simplicité et le superficiel, comme on en a vu souvent sur DS. Explications.
Un monde pas si merveilleux ?
L'histoire prend place à Shibuya, quartier très fréquenté de Tokyo, à la fois centre d'affaires et lieu le plus branché de la ville. Le héros du jeu se prénomme Neku, un ado asocial qui ne vit que pour les graffitis et la musique, qui du jour au lendemain, se réveille, allongé par terre, avec un badge noir marqué d'un signe blanc. Il ne tarde pas à découvrir qu'il peut, grâce à ce badge, lire les pensées des gens. Gens qui semblent tous l'ignorer. C'est sans compter un SMS douteux, envoyé par un "Reaper", qui lui donne un objectif et un temps précis pour le réaliser, sous peine d'être effacé. Ignorant d'abord ce message, Neku est vite rattrapé par la réalité, notamment avec des curieuses grenouilles sorties de nulle part qui s'en prennent à lui. Vient enfin une fille, Shiki, qui l'agresse presque avec un "make a pact with me to fight the Noises !" et ainsi commencent les premiers combats.
Neku, au tout début de l'histoire.
Mais TWEWY (pour faire court), c'est quoi ? Un peu comme Neku, on arrive dans un monde un peu tordu avec, entre autres, un système de combats qui a l'air complètement ingérable. Ce système de combats consiste en effet à gérer 2 personnages : un sur l'écran du bas (Neku), avec le stylet, l'autre sur l'écran du haut, avec les boutons. Heureusement pour le joueur, il est possible, en début de partie, de laisser l'IA contrôler le personnage du haut, afin de vous familiariser à votre aise avec les commandes de l'écran du bas.
Voilà en gros à quoi ça ressemble.
Ces commandes sont d'ailleurs assez intuitives : on touche et maintient son personnage, et on effectue une des différentes commandes pour déclencher ses premières attaques, à l'aide de badges, similaires à celui que reçoit Neku en début de jeu, qui ont chacun un pouvoir (ou "psych") bien particulier. Par exemple, trancher les ennemis au stylet revient à envoyer Neku les frapper; toucher un endroit vide permet de lancer une boule d'énergie; traîner le stylet permet de faire apparaître des traînées de feu ... l'ensemble est assez efficace et bien maîtrisé, malgré quelques petites imprécisions.
Plus tard, on découvre le vrai jeu, avec l'ajout du partenaire du dessus. Pour le contrôler, il faut utiliser la croix directionnelle ou les boutons A,B,X,Y pour les gauchers. Ce personnage ne bouge pas, ou presque, et durant les premières parties, il ne servira pas à grand chose, si ce n'est faire perdre des points de vie à vos ennemis, les "Noises" : chaque Noise apparaît sur les deux écrans et chaque coup d'un de vos personnages à ce Noise lui fait perdre des pvs, jusqu'à ce qu'ils s'effacent. La barre de vie des deux personnages est également commune, en gros si vous faites n'importe quoi avec un personnage et perdez beaucoup de pvs avec ce dernier, cela finira par être fatal pour l'autre, jusqu'au fatidique Game Over.
Les premiers combats terminés, vous devez subir une quantité énorme et agacante de dialogues. On fait la connaissance avec Neku et sa nouvelle "copine", les Reapers, le "Jeu" dans lesquels les personnages sont piégés ... Du moins, si vous comprenez assez bien l'anglais. Le Jeu où vous êtes désormais prisonniers, organisé et contrôlé par les Reapers, consiste à accomplir chaque jour une mission, sous peine d'être effacé, et le tout dure 7 jours.
Soyons honnêtes, ces premières heures de jeu ne sont vraiment pas encourageantes. Le système de jeu semble tordu et assez superficiel en ce qui concerne le second personnage, le scénario semble se résumer à une suite infinie de dialogues gnangnans et de "kikoolol asv viens on va taper du méchant" ... sans oublier ce chara design étrange, avec ses personnages assez stéréotypés, "fashion victim", qui s'expriment à la sauce "djeun'z", la bande-son typée J-pop ... Mais où sommes-nous donc tombés ?
Tout compte fait ...
Heureusement, quelques heures plus tard, ce qui semblait être un OVNI douteux finit par montrer quelques idées intéressantes, des très bonnes idées même.
Assez vite, le joueur récolte des "stickers" qui améliorent les capacités des personnages et ajoutent même quelques mouvements, ainsi que des nouveaux badges (ou pins, c'est comme vous voulez) aux pouvoirs variés et qui gagnent en puissance à force de faire des combats, qui vont même parfois jusqu'à évoluer. On retrouve le leveling, avec l'expérience gagnée en battant des Noises, qui permet de grimper de niveau et avoir des meilleures statistiques. On découvre également une des utilités majeures du personnage du haut : la fusion. Il s'agit de réaliser certains combos avec la croix pour gagner des points de fusion, avant de pouvoir lâcher une attaque simultanée des deux personnages qui inflige des dégâts à tous les ennemis et restaure même une petite partie des points de vie que vous avez perdu.
Une attaque Fusion, aussi invraisemblable soit-elle.
Aussi, comme je l'ai dit plus haut, la barre de vie que vous possédez est commune au deux personnages. Faire n'importe quoi avec l'un et perdre beaucoup de pvs revient à mettre en danger l'autre. Il faut donc constamment faire attention aux moindres attaques des Noises pour s'apprêter à parer (on peut assez vite parer les attaques avec bas sur l'écran du haut; avec Neku on peut faire un petit sprint en le "lancant" au stylet) ou même riposter. Au départ c'est difficile, mais on finit par s'y habituer assez vite, et c'est un vrai régal. Les combats deviennent nerveux et jouissifs.
Je vous parlais tantôt de personnages un peu "fashion victim" ... en fait, ces tendances ne sont pas seulement au niveau du design, mais aussi dans le jeu même. Shibuya est découpée en plusieurs rues, places et cie qui ont chacune un classement des marques en vogue. Chacun de vos badges appartient à une marque bien précise. Si elle est vogue, tant mieux, la puissance de vos badges augmente ! En revanche, si la marque est dernière du classement et donc "ringarde", la puissance est diminuée. On peut également influencer ce classement en combattant dans la zone avec des badges qui sont "au milieu" pour les faire grimper peu à peu jusqu'à avoir le boost de puissance espéré.
Le classement des tendances, sur l'écran du haut.
En gagnant des combats, on gagne non seulement des nouveaux badges mais aussi de l'argent qui peut être dépensé pour diverses choses. Tout d'abord les "fringues" (parlons comme eux !) qui augmentent un peu vos statistiques (PV, attaque, etc.) et dont on découvre, en passant et achetant régulièrement dans des mêmes commerces, des habiletés diverses comme un bonus d'attaque ou de fusion avec tel ou tel personnage, etc. Au rang des subtilités de ce système, on doit se plier au
courage du personnage auquel vous voulez donner un vêtement, c'est-à-dire que vous ne pouvez pas lui donner un vêtement trop osé. Heureusement ce courage peut être augmenté en montant de niveaux ou en donnant à manger à son personnage (si si).
Parlons-en, de la nourriture ! Elle permet d'augmenter les caractéristiques de ses personnages, mais a une utilisation relativement limitée : vous ne pouvez pas donner trop à manger par jour, et devez toujours attendre la fin de la digestion et revenir plus tard. De plus, les augmentations de statistiques n'interviennent pas tout de suite et il faut affronter quelques monstres pour accélérer la digestion.
Je pourrais encore vous énumérer d'autres subtilités pendant des heures, mais je ne veux pas vous gâcher toutes les surprises que vous réserve les combats et tout ce qui touche plus ou moins à l'amélioration de vos statistiques ...
Néanmoins, il y a tout de même un GROS défaut, ou plutôt une idée foireuse. Cela concerne l'évolution des badges. Pour les faire évoluer et les rendre plus puissant, vous devez gagner des points d'expérience spécifiques, et il y en a plusieurs types. Une évolution correspond toujours à un dosage bien précis, et il n'y a toujours qu'une seule évolution possible. A moins de disposer d'un tableau des évolutions (comme on peut en trouver sur internet; à ce propos il existe un wiki consacré au jeu), il n'y a aucun moyen, en cours de jeu, de savoir comment s'y prendre pour faire évoluer un badge. En gros, c'est au petit bonheur la chance que vos badges évolueront ... C'est bien dommage, car mis à part ce détail, le reste roxxe du poney, comme dirait l'autre ...
What else ?
Si le système de jeu, en plus d'exploiter à merveille son support, est diablement efficace, fun, original et bourré de subtilités, le déroulement général du jeu est moins génial. On retrouve entre autres l'habituel schéma "dialogues, exploration, dialogues et boss", d'autant plus que vous ne pouvez pas vous déplacer librement au cours d'une journée (= une mission). Tant bien que mal, on essaie de nous impliquer dans l'histoire, à l'aide de petites explorations, mini-jeux, énigmes et dialogues où vous pouvez intervenir et par exemple choisir une question, malheureusement sans jamais pouvoir influencer l'histoire. Bref, c'est sympa, sans plus.
Un des mini-jeux qui varient la progression. Celui-ci est particulièrement agacant.
Au niveau du scénario, celui-ci peine vraiment à démarrer au début, d'autant plus que les dialogues sont assez lourds, longs, niais parfois, et on ne peut même pas les passer directement ...
Voilà le genre de dialogues que vous allez subir régulièrement en début de jeu.
Heureusement, il démarre vraiment à partir de la seconde semaine (car le jeu ne se découpe pas en une seule semaine, mais en plusieurs) et on découvre, contre toute attente, quelques personnages plutôt charismatiques et bien classes, avec une intrigue finalement assez fouillée avec quelques rebondissements intéressants. C'est sans oublier un chapitre bonus, à la fin du jeu, qui n'est autre qu'une savoureuse auto-parodie.
Au niveau de la réalisation, TWEWY est bon, sans plus. La 2D est plutôt bien faite, tant au niveau des sprites que des décors (particulièrement réussis d'ailleurs), mais l'animation laisse parfois à désirer, notamment avec certains ennemis qui bougent de manière saccadée et qui laissent la méchante impression qu'on est dans un vieux dessin animé qui avance au rythme de 3 images/seconde.
Le jeu, hors combat.
En revanche, le design général du jeu est très bon et assez classe, même si tout le monde n'y accrochera pas forcément. Le chara design est varié, on peut d'ailleurs s'amuser à observer les tendances en pleine rue : gothiques, punks, etc. La bande-son, quant à elle, est de très bonne facture et contribue beaucoup à l'ambiance un peu décalée et "underground" de TWEWY. De nouveau, tout le monde n'y sera pas forcément réceptif, mais beaucoup de joueurs, qui ne sont pas forcément fans du style manga et de la mode (dont moi), finiront par aimer ...
Enfin, le tout dure à peu près une vingtaine d'heures pour arriver à la fin du jeu, avec une difficulté assez bonne et paramétrable en pleine partie. Seulement, pour bien comprendre le scénario, il faudra refaire le jeu en accomplissant pour chaque jours de nouveaux petits objectifs afin de débloquer des rapports qui vous permettront de mieux comprendre l'histoire qui se révèle, finalement, assez fouillée. C'est sans compter les nombreuses quêtes annexes et tous les badges et objets à collectionner ... de quoi vous occuper encore longtemps !
Verdict final : 8,5/10
The World Ends With You est le genre de jeu qu'on devrait voir plus souvent : original, fun, novateur, et avec bien des subtilités, sans oublier l'utilisation quasi parfaite du double écran et du stylet, plus que jamais vecteurs d'une certaine originalité. Bien sûr, TWEWY est loin d'être sans défauts, notamment avec un déroulement général assez classique, l'absence de traduction française qui posera pas mal de problèmes à certains, et surtout un démarrage lent et peu encourageant, mais après tout, après avoir terminé le jeu, on ne peut que féliciter les développeurs d'avoir pondu une perle pareille. Si vous avez la chance d'apercevoir un des rares exemplaires disponibles dans le commerce, jetez-vous dessus ! Vous ne verrez pas souvent des jeux comme ça ...
Les points forts
-Le gameplay
-Les nombreuses subtilités
-La DS très bien utilisée
-Un bon contenu
-Bonne réalisation
-Bonne bande-son, bonne ambiance
Les points faibles
-L'ambiance peut déplaire à certains
-Un démarrage assez lent
-L'animation parfois limite
-L'évolution des badges, une mauvaise idée
La cloche à fromage