Petite folie de ma part. J'abandonne définitivement le concept ''un test trolleux, une vérité cachée'' qui n'a été que rarement saisi les lecteurs de mon blog, et je reviens aux tests traditionnels ... mais ne partez pas tout de suite, ce n'est pas un test si conventionnel que ça !
Samedi après-midi dernier, j'avais écrit un article pour critiquer l'industrie actuelle, sacrifiant le challenge et la complexité des jeux sur l'autel du profit. Je me suis dit alors ''pourquoi ne pas parler des vrais jeux hardcore, au lieu de faire le vieux radoteur de service ?''. Il se trouve qu'il y a peu, j'ai joué ET terminé le tout premier Castlevania sur NES. Certes, ce n'est pas un jeu très complexe, mais il est exigeant, il y a un vrai challenge et l'ambiance est là, et finalement, malgré son grand âge, sa rigidité, sa relative laideur (car malgré tout, pour de la NES, c'était beau, eh oui), Castlevania premier du nom reste une petite merveille du jeu d'action, bien fun à jouer, et bien retors. Retour sur une antiquité qui a donné ses lettres de noblesse au jeu d'action ...
Le jeu de la mort (staring La Mort)
Pas besoin de vous faire un dessin pour le scénario : il n'y en a pas, ou presque ! Tout ce qu'on sait, c'est que Simon Belmont doit tuer Dracula, et s'en va vers le château du triste sire des Carpates, afin de l'éradiquer et de mettre un terme à la terreur qu'il provoque chez les habitants des lieux. Et vous voilà donc à Castlevania (Castle en anglais, château, + Transylvania, Transylvanie; histoire de donner une réponse à ceux qui se demanderaient d'où sort le nom), armé du Tueur de vampires, prompt à fouetter du squelette, du zombie et d'autres joyeusetés.
Bienvenue à Castlevania !
Le gameplay est simple mais efficace : avec A, vous utilisez votre fouet (qui peut être allongé et rendu plus puissant en ramassant des fouets tombant des flambeaux que vous détruisez), avec B, vous sautez, et avec haut et B, vous utilisez votre arme secondaire (récupérée de la même manière que les upgrades du fouet), arme magique alimentée par les coeurs (qui eux aussi, sortent des flambeaux et autres détruits) que vous ramassez. Il y en a 5 sortes : le couteau à lancer, le boomerang en forme de crucifix, la fiole d'eau bénite, la montre qui arrête le temps et le lancer de hache. Et c'est tout ! Bien sûr, il y a tout de même quelques autres objets, dont les II et III (je n'ai pas d'autres noms) qui servent à accélérer la cadence de vos armes secondaires. Et éventuellement, des ailes de poulets qui vous restaurent un peu de vie.
Cette dernière est symbolisée par la barre rouge en haut de l'écran, qui contient 16 barrettes (il y en a une orange en dessous, qui concerne le boss, cette fois). Chaque fois que vous serez touché par un ennemi, vous perdrez des barrettes, et plus vous allez loin, plus vous en perdrez rapidement. En l'occurrence, à la fin du jeu, un coup enlève 4 barrettes ... bref, 4 touchettes et c'est le trépas ! D'autant plus qu'une chute dans l'eau ou dans le vide vous tue sur le coup. Heureusement, les continues sont illimités
Le jeu est assez rigide, du fait que les sauts doivent être gérés avec grande précision par le joueur : contrairement aux jeux d'aujourd'hui, il n'y a pas moyen de modifier la trajectoire en plein saut, même en forant dans le bouton de la manette. Bref, les sauts doivent être quasiment calculés par le joueur, sinon, gare à vos fesses !
Rater un saut peut s'avérer fatal.
En parlant de calculs, les actions des ennemis sont bien entendu assez limitées. Soit ils vous foncent dessus, soit ils ne font rien, soit ils vous lancent l'un ou l'autre projectile en vous tenant à distance. Le tout, toujours en faisant la même chose, quel que soit la situation. Dès lors, il est facile de prévoir les actions de vos ennemis et de réagir en conséquence pour avancer sans perdre de vie, et il n'est pas rare que, en recommençant un niveau, vous fassiez exactement la même chose !
On progresse donc, avec une fervente motivation (sinon ce n'est pas la peine), en mémorisant pratiquement le déroulement du niveau, et ce jusqu'au boss, qu'il faudra également bien connaître pour le vaincre, car il n'est jamais facile, et ce malgré une linéarité bien évidente. Bref, vous m'avez compris, Castlevania est un jeu très dur, sûrement bien plus que tous les jeux auxquels vous ayez joué, si vous êtes encore jeune ! Néanmoins, ne pensez pas pour autant que le jeu est infaisable. Il est difficile, mais bien maîtrisé, n'importe quel joueur motivé peut y parvenir (si si). Rigide et vétuste ne veut pas dire injouable et infaisable pour autant ...
A propos des boss, on retrouve des grands classiques des films d'horreur/fantastique. Entre autres la Grande Faucheuse, plus connue sous le nom de La Mort (qui porte très bien son nom et qui a donné le premier titre de cet article ^^), également appelée Death (y compris dans les derniers, puisque les traducteurs sont des manchots), mais aussi Frankenstein (accompagné d'un homme-puce nommé Igor, très casse-pied d'ailleurs), La Momie, et bien entendu, le Prince du Mal, le seigneur des Carpates, le seigneur des Ténèbres, le célèbre Dracula ! Il y a en tout 6 boss bien corsés qui vous feront sans mal recommencer plusieurs fois un même niveau (car après Game over, on recommence le niveau depuis le début !). Rien que ça ^^
La Mort, boss qui porte très bien son nom.
Néanmoins, bien qu'il soit très difficile, Castlevania reste assez court. Quelques heures suffisent à le parcourir et le terminer, et pour les plus forts d'entre nous, moins d'une heure suffira.
La Chose
Si le gameplay, malgré sa rigidité et un level design très sommaire par rapport à ce qu'on fait aujourd'hui, a assez bien veilli, il va de soi que d'un point de vue technique et sonore, le jeu repoussera bien des joueurs. Visuellement, le jeu est assez beau pour de la NES : des sprites bien détaillés, des décors pas trop mal faits et parfois assez jolis (notamment lorsqu'on aperçoit la tour finale du jeu, sur un mur extérieur, au niveau 3) ... mais le tout est bien entendu aujourd'hui bien sommaire, pixelisé, parfois tout carré, et avec des couleurs qui pourront piquer les yeux. Fort heureusement, le jeu ne subit pratiquement aucun ralentissement et a une bonne animation, contrairement à d'autres classiques NES dont la lenteur est parfois une vraie plaie pour le joueur (au hasard, Metroid, très bon pour l'époque, mais une vraie calamité à jouer pour le joueur d'aujourd'hui, à cause de la lenteur des sauts de Samus et de la vitesse bien plus rapide des ennemis). Ca se laisse encore regarder, mais pour notre époque, c'est effectivement assez laid.
Malgré son âge, le jeu offre encore quelques beaux passages.
Niveau sonore, je vais encore une fois vous dire que pour de la NES, c'est pas mauvais, même bon. Les bruitages sont plutôt réussis, d'ailleurs. Mais sans surprise, le son a bien vieilli aujourd'hui, n'étant plus qu'une suite infinie de ip aux tonalités différentes. Les thèmes sont heureusement jolis, et nombreux d'entre eux sont aujourd'hui des grands classiques de Castlevania (qui ne frémira pas en entrant dans le tout premier niveau, entendant le célèbrissime thème Vampire Killer ?).
Heureusement, il reste un point positif dans cette vétusté technique : le jeu comprend pas mal de bugs (ou plutôt archaïsmes) assez amusants, qu'on peut très facilement exploiter pour finir le jeu facilement ! Bon, à ma connaissance, pas de gros glitchs en vue permettant de passer de l'entrée à Dracula sans faire les autres niveaux, mais il y a suffisamment de petites bizarreries et compagnie pour s'amuser à ce niveau-là.
Les bugs sont mes amis
1.Reste bien là où tu es, ça m'arrange !
Ce n'est pas vraiment un bug, mais c'est très archaïque, et même assez cocasse. En effet, les ennemis ont la fâcheuse tendance à s'immobiliser un cours instant quand on les touche. Le grand classique, c'est bien entendu la fiole d'eau bénite, qui lancée aux pieds d'un ennemi, l'immobilise quelques secondes en même temps que de l'affaiblir, le temps pour le joueur d'en placer une autre ou tout simplement de le fouetter jusqu'à la mort ! Justement, la Mort, boss très difficile (même le plus dur du jeu, à mes yeux), peut être renvoyée aux Enfers en se placant simplement près du coin de l'écran où elle apparaît, et en anticipant, on balance une fiole, puis on fouette, on en balance une autre ... et en quelques secondes, sans qu'elle ait pu vous affaiblir, la Mort disparaît déjà !
Quelle grosse merde, cette Faucheuse !
2.Casse-toi de l'écran, tu m'emmerdes !
Encore une fois il ne s'agit pas d'un bug à part entière, mais d'un archaïsme tellement gros qu'il en devient amusant. Dans certains niveaux, il n'y a effectivement pas de ''mur'' derrière vous, ou plus loin, et les ennemis ont la fâcheuse tendance de se balader près de ces murs pour disparaître complètement de l'écran, partis faire Dieu sait quoi. Un exemple ô combien flagrant sont les deux homme-puces (ou bossus) au début du niveau 5 (le même que celui où La Grande Faucheuse se trouve), qui vont rapidement vous foncer dessus. Le truc pour s'en débarasser, c'est de les attendre, puis de partir vers le bord gauche, et là, dès qu'ils s'apprêtent à vous rentrer dedans, un petit saut et les bossus disparaissent dans les lymbes.
Les hommes-puces suicidaires (début de la vidéo)
3.Tiens, prends ça dans ta g... merde, trop haut !
Autre archaïsme amusant, pas spécialement flagrant mais que le joueur remarquera assez vite : dans les niveaux à deux étages notamment. Les squelettes, pour vous attaquer, utilisent leurs os qu'ils lancent en l'air. Malheureusement pour ceux qui se trouvent sur le dit deuxième étage, leurs os lancés trop hauts subissent le même sort que les ennemis qui s'aventurent trop loin : ils s'en vont je ne sais où, happé dans un trou noir ou que sais-je ! :P Bref, ils deviennent tout de suite moins dangereux, vu que 2/3 de leurs projectiles disparaissent.
Les squelettes ne savent pas viser (début du niveau)
4.Damned ! L'étage d'en dessous a disparu !
Dernier archaïsme que je désire vous montrer (il y en a surement d'autres, mais on va pas tous les passer en revue), celui de l'étage d'en bas qui disparaît dès qu'on le quitte. Du moins, lors d'une chute dans un trou de l'étage où vous êtes. Si par exemple vous montez un escalier pour passer au
stage suivant (car ce que nous appelons niveau sont en réalité des
mondes, découpés en plusieurs
stages, c'est-à-dire les différentes salles), mais que par accident vous tombez dans un trou de cette nouvelle partie du niveau, vous ne tombez pas à la salle qui se trouve en-dessous, mais vous mourez directement. Vous allez me dire que c'est normal, à une hauteur pareille on a tendance à décéder sur le coup. Eh bien, figurez-vous que notre brave héros, Simon, à l'entrée du stage 4, fait justement une chute vertigineuse, bien plus que celles qui se produisent en tombant à l'étage inférieur. Cette fois, je n'ai pas de vidéos pour vous montrer ça, les joueurs faisant des vidéos du jeu étant habituellement de fiers hardcore gamers qui ne montrent que leurs exploits et speedruns ... et donc, qui ne s'amusent pas à trouver toutes les manières de mourir ! :P
Et un petit bonus pour la fin !
Je viens de vous passer le jeu en revue, y compris les archaïsmes qui le rendent encore amusant à voir. Mais ce n'est pas fini, voici une dernière petite surprise ! En effet, le générique de fin n'est pas, comme on pourrait le croire, la classique liste des contributeurs au jeu, mais une série de noms et de rôles parodiques qui sont en réalité des noms de personnalités qui se sont notamment illustrées dans le cinéma d'horreur/épouvante, plus particulièrement, vous l'aurez deviné, les films sur notre bon vieux Dracula. Au lieu de voir une section
programmers avec toutes les personnes qui se sont cassées le cul à programmer ce jeu, qui en son temps, était une petite merveille, vous verrez une section
Cast (casting, si vous préférez), avec notamment, dans le
rôle de Dracula, un certain Christopher Bee, qui n'est autre que le célèbre Christopher Lee, qui a, il y a bien longtemps, avait interprété Dracula dans un très vieux film de 1957, qui a connu un énorme succès et a lancé la carrière de l'acteur (voir
ici). Dans le
rôle de la Grande Faucheuse, c'est d'un certain Belo Lugosi dont il est question, qui n'est autre que
Bela Lugosi, autre acteur connu pour les films d'horreur, et comme par hasard il a également interprété Dracula. Bref, je ne vais pas m'éterniser à retrouver toutes les personnalités qui se cachent dans ce générique de fin assez peu conventionnel, libre à vous de l'éplucher !
Tout le générique
Verdict final : 9/10
''9/10 à une vieillerie pareille ?!?'', c'est probablement la réaction qu'auront bon nombre d'entre vous, chers lecteurs. Effectivement, Castlevania premier du nom est une antiquité pour nous, puisqu'il date de 1986, a paru sur NES, qui malgré son statut de console légendaire (puisqu'elle a eu énormément de titres cultes et un succès mondial) est considéré comme archaïque par bon nombre de joueurs. Mais, malgré la rigidité du gameplay, son archaïsme évident et sa relative courteur, Castlevania sur NES reste un énorme classique, et LE jeu d'action par excellence, celui où le joueur doit passer des heures à quasi mémoriser par coeur les différents parcours truffés de pièges et d'ennemis corsés. De plus, son archaïsme n'est pas forcément un défaut de notre point de vue, puisqu'on a droit à un petit tas de bizarreries et de situations cocasses pour le joueur actuel (voir ci-haut). Enfin, s'ajoute à tout ça l'ambiance typique de Castlevania : des squelettes, du zombie, des vampires et d'autres joyeuseries ! En bref, un grand classique, un pionnier du genre, à essayer au moins une fois pour toute personne s'auto-proclamant fan de Castlevania et/ou de jeux d'actions.
Les points forts
-LE jeu d'action par excellence
-This is Castlevaniaaaaaaa !
-Les archaïsmes plutôt cocasses
-Un vrai challenge
-La punition parfaite pour les enfants qui ne font pas leurs devoirs
Les points faibles
-C'est vieux
-Relativement laid, même si ''beau'' pour de la NES
-Assez court
-Pas pour les petits gamers
A noter que Castlevania sur NES est disponible pour 500 Wii points sur Console Virtuelle sur Wii. Je ne vous recommande pas de payer le plein prix (de toutes manières la CV est chère par définition ...), mais plutôt de payer avec les stars (pour une fois qu'elles servent à quelque chose). 2000 ''suffiront''. Dans tous les cas, sauf si vous manquez de cran, vous ne risquez pas de regretter ce petit téléchargement !
Liens bonus :
Les différents niveaux de Castlevania
Quelques artworks
La cloche à fromage