Parlons musique. Il y a un sujet grave que je tiens à tout prix à aborder mais je ne sais pas vraiment comment m’y prendre, je n’ai pas le vocabulaire qu’il faut pour décrire mes impressions musicales. En plus je veux évoquer un groupe dont on entend de plus en plus parler et je ne voudrais pas donner l’air d’alimenter ce qu’on appelle un buzz alors que ça fait presque deux mois que j’écoute le premier album de ce duo environ une demi-fois par jour.

Ce duo s’appelle MGMT, il paraît qu’il faut prononcer Management à l’anglaise mais je n’en ai pas encore eu la preuve, donc personnellement je me contente de dire M’geumt. Ce sont deux types qui ont paraît-il 25 ans et qui viennent de Brooklyn. Ils s’appellent Andrew VanWyngarden et Ben Goldwasser et leur premier album s’intitule Oracular Spectacular.



Il y a sur cet album dix morceaux géniaux, ce qui relève de l’exploit vu qu’il y a dix morceaux tout court. Je crois que c’est de l’électro-rock ; c’est en tout cas ce que j’ai lu et cette théorie tient debout puisqu’il y a des bidules électroniques, une basse, des guitares et une batterie. Il paraît que c’est dans la droite lignée des années 80 mais je préfère ignorer cette assertion : tout ce que je connais des années 80, je le déteste et chaque fois que j’adore un truc contemporain on me dit que ça ressemble aux années 80.

Les mélodies sont superbes, les arrangements foutent le frisson, les textes ne veulent pas dire grand-chose mais ils sonnent bien et il y a des belles phrases et les variations, euh, enfin je vais vous en mettre une ou deux chansons pour que vous vous fassiez une idée au lieu de lire la description laborieuse que je tente d’en faire.

Commençons donc par The Youth, qui est rarement évoquée dans les multiples chroniques que les médias consacrent à MGMT et qui doit être ma préférée, certains jours. Parfois elle me met presque les larmes aux yeux. Je vous invite à l'écouter à cette adresse.

Bouleversante aussi est Of Moon, Birds & Monsters, surtout son final que je trouve également lacrymogène. Vous pouvez l'entendre au même endroit que The Youth.

Et puis il y a Kids, que j’adule les jours où The Youth n’est pas ma préférée et qui me donne toujours envie de danser. En voici un joli clip, non-officiel mais approuvé par VanWyngarden et Goldwasser.



Ma chère et tendre et moi-même sommes allés les voir en concert samedi soir à Strasbourg, je voulais attendre cet événement pour vous en parler. Le public était jeune, il y avait des minettes en chaleur, ce qui s’explique par le charisme indéniable de VanWyngarden quand il transpire dans sa robe multicolore ouverte jusqu’au nombril. C’était un peu le foutoir et des gens sont montés pour danser sur la scène, une nana a même commencé de se déshabiller sous le regard amusé de VanWyngarden mais un sombre vigile l’a balancée dans le public en grommelant que ça n’allait pas la tête. Il faut bien dire que c’est une musique tout à fait euphorisante même si l’interprétation live est tout à fait grossière eu égard à la finesse des arrangements de l’album. Toutes les subtilités électro disparaissent au profit d’une configuration rock bien plus classique qui ne m’a pas donné les frissons attendus.

Je m’attends à ce que Kids soit un peu le Relax (Take It Easy) de l’année, ce qui m’excite et m’inquiète à la fois. Il faudra sans doute faire face à une grosse hype auprès des ados urbains tecktoniqueurs et faire des efforts pour ne pas se mettre à détester MGMT juste à cause de ça. J’ai entendu dire que c’était une musique commerciale parfaitement calibrée pour marcher sur cette tranche sociale, c’est peut-être le cas mais je m’en tape parce que je ne sais pas reconnaître les musiques commerciales et je ne fréquente pas tellement cette tranche sociale.

Ce dont je ne doute pas, en revanche, c’est que la beauté de cet album sera éphémère. Dans un an, peut-être moins, je ne pourrai sans doute plus l’écouter car je trouverai déjà ça daté et dépassé. C’est pourquoi j’en profite à fond aujourd’hui et vous incite à faire de même. Car il y a quelque chose de pourri dans tous les royaumes, y compris celui de la musique pop.