Hier Michel, après avoir joué sa partie hebdomadaire de cassage de noisettes en compagnie de ses amis ratons laveurs, qui sont par ailleurs, et ce malgré les critiques injustes que Nadine Morano lance à leur encontre du haut de son esprit aussi étriqué que les jeans des tecktnoniqueurs et la bite de Georges lorsqu’il pense à Fernande, des animaux si affectueux qu’ils accepteraient d’être premier ministre pour Sarkozy ou président pour Poutine, se trouvait dans le bus et épluchait ses pommes de terre du soir car, comme il le concède lui-même en dissimulant avec peine la gêne que provoque chez lui cet aveu, le bus est le meilleur endroit pour éplucher des patates du moment qu’on n’est pas dans le sens de la marche.
Michel épluchait donc avec toute la gentillesse qui le caractérise ses patates et lorsqu’il atteignit la quatrième de celles-ci un enfant se mit à pleurer follement en remuant les jambes et en laissant s’écouler du bord de ses yeux un liquide transparent qui n’était visiblement pas de l’alcool. Une dame s’en exaspéra aussi vite que nous de notre président et alla porter sa plainte, dûment rédigée sur papier, à la mère supposée du criard qui semblait n’avoir cure de la gêne qui poussait la chair de sa chair à se ridiculiser ainsi en public.
La plainte disait votre gosse m’emmerde faites-le taire sinon je le bute, alors la mère sembla prise d’une colère folle, s’empara violemment du couteau que tenait Michel pour éplucher sa pomme de terre et l’enfonça dans l’œil gauche de son marmot qui suffoqua vaguement en levant ses jambes vers le ciel et en disant à ses disciples prenez, ceci est mon corps livré pour vous et pour la multitude.
Spectateur impuissant de cette saynète, Michel sortit de ses gonds. Une fois ceci fait, il les jeta par la fenêtre puis se dirigea fermement vers l’enfant à l’œil transpercé pour ôter de ce dernier l’arme du crime. Il avisa ensuite la femme ayant déposé plainte et la saisit par le col pour lui dire face ses quat’vérités : première vérité vous êtes un ornithorynque dont la tignasse blondeuse empeste visuellement ; deuxième vérité votre nez retroussé et vos grands yeux ingénus traduisent votre imbécillité ; troisième vérité je ne sais pas ; et quatrième vérité vous êtes plus emmerdante encore qu’un bébé pleureur lorsque vous vous trouvez au téléphone et que vous prenez rendez-vous avec votre amant — que je plains au passage — au su de tout le monde.
Une fois ces quat’vérités assénées, Michel regagna sa place, non sans avoir consciencieusement essuyé la lame ensanglantée de l’arme du crime sur la robe bleu magenta de la dame.
Cet incident mineur fit souffler contre toute attente un vent d’exaspération sur l’ensemble des passagers. Un vieux creva à l’aide d’une branche de ses lunettes le tympan droit d’un jeune homme écoutant une musique violente à base de guitares et de batteries et dit à sa victime qu’il en avait ras le bol d’entendre son bruit. Un jeune mit un coup de pied dans la canne d’un grabataire et le roua de coups lorsqu’il fut à terre au prétexte qu’il ne supportait plus de voir les déchets de son genre encombrer le passage lorsque lui, qui se levait tôt pour travailler au lycée, devait descendre du bus tandis que ces feignasses n’avaient aucune raison d’être dans ce véhicule à 7 h 34 du matin vu qu’ils n’avaient rien à foutre de leurs journées.
Une dame sénile étouffa dans un sac Super U une jeune fille assise sur un siège en lui reprochant de ne jamais laisser les places assises à ceux qui en ont besoin comme les vieux et les handicapés. Un handicapé qui passait par là avec son fauteuil la rejoignit dans sa colère et se leva pour réclamer un accès plus facile au bus. Il menaça de se lancer dans la réalisation d’une galette des rois géante si l’on n’entendait pas ses revendications.
Une femme qui tenait à tout prix à descendre par crainte d’être en retard et de perdre son emploi hurlait la porte la porte la porte en tapant des pieds et en donnant des coups de parapluie aux corps blessés des participants à la bagarre collective. Mais le chauffeur l’envoya pisser en expliquant qu’il était outré par le comportement des usagers qui ne lui parlaient jamais sauf pour réclamer comme un oisillon piailleur attendant son lombric prémâché l’ouverture des portes comme si leur vie en dépendait.
Eh ben tiens merde parachevons ce chef d’œuvre, s’exclama alors le conducteur en activant ses essuie-glaces pour essuyer le sang qui couvrait le pare-brise bien qu’il n’eût pas compris, ce con, que le sang se trouvait à l’intérieur et non à l’extérieur. Déstabilisé par l’échec de son entreprise de nettoyage il sembla comme les autres pris d’une folie outrancière et se mit à zigzaguer en percutant tous les véhicules qu’il croisait pour dire à chacun comme il le méprisait. Sa course finit en plein dans la vitrine un magasin de lingerie après avoir écrasé deux ou trois piétons de toute façon pas tout blancs dans cette affaire.
En la fin Michel sortit des décombres et décida, alors que derrière lui le bus explosait en entraînant dans son souffle l’immeuble tout entier, qu’il allait retourner casser des noisettes avec ses amis ratons laveurs pour leur expliquer au passage qu’il y a bien, c’est maintenant irréfutable, quelque chose de pourri dans ce royaume.

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posted the 03/05/2008 at 09:42 PM by
franz