Medias
On s’inquiète tous, sans doute à raison, de la peoplisation de la politique et du journalisme. Plus rien n’est sérieux, les fonctions sont désacralisées, le débat ne porte plus sur les vrais sujets de fond, les journalistes ne s’occupent plus de ce qui concerne vraiment les Français, voilà quelques-uns des griefs tenus à l’encontre de ce phénomène.
Pourtant, je ne crois pas que ce soit la peoplisation de la politique le plus embêtant. Ce qui est vraiment dangereux, me semble-t-il, c’est la politisation du people.
L’outrancière peoplisation de la politique à travers les médias, on en voit les premiers effets : visiblement ça commence à faire chier tout le monde, et d’ailleurs, selon un sondage mené dans mon entourage, 100% des gens qui ont voté Sarkozy au second tour regrettent aujourd’hui de l’avoir fait, à cause de cette peoplisation précisément — ces gens sont deux personnes mais il ne me semble pas que cet échantillon soit plus mal choisi que ceux des instituts de sondages, enfin la dictature des sondages fera l’objet d’un autre article bientôt.
Ca fait chier tout le monde, car contrairement à ce que nous aimons supposer d’eux, nos concitoyens ne sont pas les cons que l’on croit. Ils ne se laissent pas lobotomiser si facilement par le matraquage médiatique, et souvent ils ont même un esprit critique assez développé.
En revanche, il y en a qui à mon avis sont des cibles beaucoup plus faciles de ce matraquage médiatique. Ce sont, pour ne citer qu’eux, les téléspectateurs de 50 Minutes Inside, l’hebdo people de TF1. J’ai regardé le numéro d’hier. Immédiatement, il est posé que l’on vise les adolescents : la voix off est sensiblement la même que celle de la Star Academy, elle parle jeune, s’enthousiasme pour n’importe quelle connerie, fait des fautes de français, s’exprime par clichés, et s’adresse à des débiles.
Hier, une bonne partie de l’émission était évidemment consacrée, actu chaude oblige, au mariage présidentiel. Tous les superlatifs y sont passés. Pour Carla Bruni, c’est « un conte de fées », un rêve qui se réalise : après s’être tapée tous les hommes les plus sexys et riches de la planète, elle ne pouvait pas espérer mieux que le Président, « l’homme le plus puissant de France », rappelait la voix-off sans prendre la peine de cacher l’excitation qui faisait presque bander sa glotte.
Nicolas Sarkozy représente donc implicitement l’idéal viril poussé à son paroxysme, le mâle que toute femme désirerait et qu’aucune ne pourrait quitter.
Sans compter qu’en séduisant cet ancien mannequin, toujours sublime, aux idées engagées et au talent artistique avéré, le charme de notre Président est devenu de fait indéniable et quoiqu’on en pense, rien que pour coucher avec Carla Bruni, il fallait déjà qu’il soit très talentueux.
Bref, pour le magazine, ces deux-là étaient faits pour s’entendre tant ils sont parfaits, chacun dans leur domaine. C’est un discours qui n’a rien de gênant quand on parle de deux chanteurs ou de deux jet-seteurs. Mais ici on parle d’une personnalité politique qui porte une idéologie et l’avenir d’un pays.
Je ne sais pas si, après avoir vu cette émission, ou après avoir lu Closer, les adolescentes sont aussi folles de Nicolas Sarkozy qu’elles peuvent l’être de Johnny Depp. Mais j’estime que le risque existe et qu’on n’en tient pas compte.
Ce sont des préjugés — remarquez que les préjugés sont parfois vrais — mais je mets ma main à couper que le public le plus assidu de la presse people, jeune et dont les principales valeurs sont le prix des vêtements et accessoires, le nombre de partenaires sexuels et le nombre d’amis people, est bien plus influençable que celui de la presse classique. Et il est nombreux. Et il votera en 2012.
Je crois qu’au lieu de s’inquiéter de l’invasion du people dans le débat politique, on devrait s’inquiéter de l’invasion du politique dans le débat people.
Tout ceci pour dire qu’il y a quelque chose de pourri dans ce royaume.

tags :
posted the 02/10/2008 at 10:40 PM by
franz
Ce qui est dangereux, c'est que la peopolitisation de la politique prend le pas sur la politique elle même, on met plus en lumière la vie d'un politicien que ce qui se passe sous son joug. Je trouve ça affolant, inquiétant, prenez tous les superlatifs possible. Bref, on est dans la merde. Il n'y presque plus de conscience politique de la jeunesse autour de moi, je dis bien autour de moi pour me rassurer, car la jeunesse est l'avenir d'un pays, ça tout le monde le sait (enfin j'espère), mais quand je vois que nous entrons encore plus dans un "jem'enfoutisme" de ce qui se passe autour de moi ponctué par un individualisme exacerbé.. il y a de quoi devenir dingue..
enfin je m'égare! tout ces media sur sarkozy le décribilise complétement, bien sur il fera pas tj des bon truc mais c'est pas parce que monsieu se marie trop vite et avec un mannequin qu'il doit pas etre président, je dit ca pour la presse qui le critique! la normale quoi, contrairement a la presse people. les plus sage ne sont pas forcément les meilleurs(hitler ne buvais pas, a tj été fidèle, etc... contrairement a certains autre homme de pouvoir peu importe le pays, et regardez ce qu'il a fait) se baser sur la vie privée est vraiment une grosse erreur!
messieur le monde va mal! bientôt on aura paris hilton comme maire de paris! youhou