Vous avez sans doute entendu parler de ces jeunes filles qui ont fait un coma éthylique dans leur lycée un matin, après s’être bourrées la gueule à la vodka (sinon
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Vous avez toutes les chances d’en avoir entendu parler car, comme tant de faits divers, cet événement a été repris en grandes pompes pour mettre le doigt sur l’alcoolisme chez les jeunes, qui serait un nouveau phénomène prenant de l’ampleur.
Il y a bien quelque chose que je trouve extraordinaire dans cet événement. Mais ce n'est pas le fait que ces nanas ont sombré dans un coma éthylique à 9 heures du matin.
Ce que je trouve extraordinaire, c'est que ces nanas, qui ont sombré dans un coma éthylique 9 heures du matin, ont tout de même pensé à se rendre en cours.
Excusez-moi, mais il me semble que c’est un acte parfaitement admirable, qui montre bien que notre jeunesse n’est pas si loin de ses pompes qu’on veut nous le dire.
Bien que dans un état second, elles ont gardé conscience de la soumission qu’elles devaient observer face à l’autorité scolaire. Elles ont tenu à se rendre en cours, et elles l’ont fait.
Les mœurs des adolescents sont-elles si dépravées que ça ? J’en doute, à l’aune de cet exemple.
Mais évidemment, ce petit fait sans importance devait servir à quelque chose, et il devait servir à pointer du doigt l’alcoolisme juvénile. C’est un vaste problème, nous dit-on. Un journaliste de la rédaction dans laquelle je fais un stage devait d’ailleurs, pour un reportage sur ces phénomènes, chercher un adepte du binge-drinking, qui est si j’ai bien compris un concept consistant à se mettre une murge avant 22 heures pour sortir en boîte ensuite.
A l’heure actuelle, et malgré des recherches intensives, il n’a toujours pas trouvé son témoin. Le binge-drinking est-il donc si répandu que ça, puisqu’on ne trouve personne qui soit concerné par le problème ? Et pourtant, il ne fait guère de doute que même s’il faut trois jours à tous les journalistes pour trouver un binge-drinker, cela ne les empêchera pas une seconde, sur France 2, sur TF1, sur Europe 1 ou même sur France Inter, de signaler que c’est un comportement qui se répand.
Et cet emballement autour d’un fait mineur va bien sûr inciter le gouvernement à prendre les décisions qui s’imposent. Or les décisions qui s’imposent, peut-être l’avez-vous remarqué, sont toujours, ces derniers temps, des mesures d’interdiction. Ne réfléchissons-pas une seconde à ce qui fait que des jeunes boivent ou fument du haschisch. Proposons plutôt, comme l’a fait sérieusement Xavier Darcos, d’interdire la vente d’alcool dans un certain périmètre autour des lycées. Car les lycéens ont un champ de déplacement très limité, et ils seront bien évidemment incapables d’acheter de la vodka à plus de 500 mètres de leur lieu d’études.
L’idée du moment est de restreindre par la force la consommation d’alcool, de tabac et d’herbe chez les adolescents, que ça les satisfasse ou non. Quels pourraient être les bienfaits de telles mesures alors que l’alcool, le tabac et l’herbe, comme les jeux vidéo, le cinéma et les livres également, ont pour fonction première de procurer une bonne dose de plaisir faisant oublier tout ce que l’environnement a d’anxiogène ? Il y a quelque chose d’absurde à interdire strictement aux jeunes de se divertir, et de leur donner du même coup toutes les raisons d’avoir des comportements extrêmes.
Mais continuons donc de priver toujours plus les individus de leurs libertés au nom de la santé de tout le monde. Et ne nous demandons surtout pas comment il se fait que le taux de suicide en France, et plus particulièrement chez les jeunes, soit l’un des plus élevé du monde.
La morale de tout ça est donc que rien ne sert de courir, il faut partir à point.
J'sais pas si c'est une constante picarde, mais la biture express était un phénomène plus que répandu quand j'étais au lycée...
Et puis, je suis pas sûr que l'environnement soit le seul facteur décisif dans ces "nouvelles pratiques" pas si nouvelles qu'on veut nous le faire croire, ya toute une mode qui s'est limite institutionnalisée grâce à la facilité d'accès à l'alcool et à son image. En Afrique on vend des clopes aux enfants quand les ventes décroissent par chez nous, et on invente des boissons supracoolkikoolol toutes fluos pour nos enfants à nous. J'vais pas m'étendre là dessus, tu risques de bouffer assez d'exemples au JT à mon avis, mais les faits sont quand même là et il faut pas seulement aborder le problème sous jacent, mais aussi prendre le problème à court terme.
Sinon, excellent d'aller quand même en cours, sachant qu'elles auraient peut-être seché si elles avaient étées sobres !
Enfin tout ça pour dire que de vrais problèmes sont complétement décredibilisés du fait de leur surmédiatisation, sont transformés en mode médiatique passagère, puis passent 3 jours plus tard quand un dangereux désequilibré aura dévalisé une boulangerie, ce qui mettra en exergue la vulnérabilité des boulangers du fait de leur mode de vie beaucoup trop matinal !