Salut les aminches.

Comme souvent, une fois que j’ai fini une petite histoire, je ne sais plus quoi écrire. J’ai bien essayé de produire un bidule sur le matraquage qu’opèrent TV Magazine et Version Femina chaque semaine, et à coups de désinformation s’il le faut, pour nous faire arrêter de fumer, mais ça ne va pas très loin et en plus je me répète beaucoup. Donc bon.

Par contre il y a un truc rigolo qu’on a pu voir à la télévision récemment : c’est une belle invention pour les jeunes de banlieue, vous savez cette espèce un peu floue qui ne sort que la nuit pour assouvir son désir de délinquance. Au Havre ils ont eu l’idée géniale d’installer dans leur zone un peu chaudasse (Chicago, est-elle surnommée) un faux hall d’immeuble, un hall d’immeuble sans immeuble au dessus. C’est-à-dire qu’avec leur capuche ou leur casquette, voyez-vous, les zonards ne voient pas plus haut que 2 mètres. On peut donc très facilement les berner et faire passer à leurs yeux un bête container en ferraille pour le plus luxueux des halls de building. Dedans, on installe des fausses boîtes aux lettres et un escalier un peu naze, et l’affaire est réglée. L’escalier mène vers un balcon d’où les jeunes peuvent admirer à loisir la fenêtre de leur chambre, située juste en face, dans ce qui est un démange-fesses plutôt qu’un gratte-ciel.

On a pu voir, sur France 3 par exemple, un responsable — je suppose que c’était ça son poste, mais je ne peux que le supposer vu que son nom n’était pas indiqué — donc un irresponsable de la boîte s’occupant de ce coin, qui avançait très sérieusement son idée de faire un hall d’immeuble sans immeuble.

Personnellement, j’approuve entièrement ce genre d’initiative. Et je pense qu’il faut aller plus loin, vraiment il n’y a pas d’hésitation à avoir dès lors qu’il s’agit d’isoler un peu plus ces jeunes à survêt. Par exemple je propose la mise à leur disposition de fausses barrettes de shit. Des blocs de Lego feront parfaitement l’affaire du moment qu’on ne les choisit pas jaunes, bleus ou rouges (hélas les jeunes de banlieue ne sont pas daltoniens) afin qu’ils puissent poursuivre, et ce en toute tranquillité grâce à des billets de Monopoly qui leurs seront aimablement offerts, leur trafic de drogues sans gêner la population. Des cigarettes en chocolat, pour leur faire croire qu’ils continuent de fumer du vrai tabac, me semble par ailleurs être une proposition à approfondir. Nous pourrions également leur donner des pistolets en plastique, ceux avec des petites flèches à ventouse orange, histoire que leurs règlements de comptes soient moins sanglants et que le trafic d’armes perde un peu de sa dangerosité (même si évidemment le risque zéro n’existe pas, j’en veux pour preuve les effets désastreux d’une ventouse orange lorsqu’elle vient se coller dans l’œil — regardez donc Thom Yorke, le pauvre homme). Il me semble également judicieux de leur donner pour logement de faux appartements dans de faux immeubles. Mais c’est déjà fait, me dit-on, et je dis tant mieux si ce genre d’initiatives a déjà été pris.

Tout ceci n’aurait évidemment pas de sens si l’on ne mettait pas à leur disposition des fausses voitures et de fausses femmes, pour leurs pulsions pyromanes et érotiques. Des Majorettes conviendraient sans doute parfaitement pour les premières pulsions, l’essentiel étant juste que si leur vient une envie subite de faire brûler une auto, ils en aient une à leur disposition pour l’assouvir, cette envie. De même, si jamais leur vient le désir de faire une petite tournante dans une cave, je pense qu’une ou deux poupées Barbies sauront répondre à leurs exigences les plus strictes. Je ne crois pas qu’il leur faille de vraies voitures et de vraies femmes pour s’épanouir. Après tout ce sont de grands enfants à qui il faut juste donner des jouets, et ça n’est que ce que je propose de faire. Loin de moi l’idée de vouloir les rabaisser, bien au contraire, puisque je prends acte de leur immaturité et je propose en conséquence des solutions adaptées à leur âge mental.

Ce faux hall d’immeuble est un premier pas encourageant qu’il ne tient qu’à nous tous, citoyens et citoyennes françaises et français, de doubler en entamant nous-mêmes la grande marche de la société française vers l’intégration de nos jeunes incivilisés, par la pédagogie : car en leur apprenant à trafiquer avec des Lego et des billets de Monopoly, à jouer dans un hall d’immeuble factice en fumant des cigarettes en chocolat, à s’entretuer avec des flingues en plastique et à bruler des petites voitures en violant des Barbie, nous les formons tout simplement pour leur futur métier d’ouvrier à la chaîne chez un fabricant de jouets.

Alors je vous le demande : qu’y a-t-il de mal à tirer la chevillette, lorsque l’on tient seulement à ce que choisse la bobinette ?