Quelle classe ce Jacques Martin.

Je ne sais pas s’il l’a fait exprès mais s’il voulait se venger de France Dimanche il a choisi le moment idéal pour mourir, vraiment c’est parfait au jour près. D’abord il fait mentir la couverture d’il y a deux semaines qui réclamait, par la bouche des enfants Martin, que l’on cesse d’annoncer la mort de cet homme de télévision à intervalles réguliers, couverture qui elle-même faisait mentir les quelques fois où France Dimanche, toujours avec la même photo d’un homme bouffi accablé par la maladie, avait écrit en couverture que pour Jacques Martin c’était la fin des haricots. C’était un article mignon, celui où l’on apprenait qu’il était loin de mourir, à Biarritz il se reposait et mangeait très bien pouvait-on apprendre, il avait même une humeur très joyeuse et tout allait pour le mieux.

Sauf que le voilà qui meure, Jacques Martin, et du coup France Dimanche est dans le caca. Ils n’y sont pas, c’est vrai, pour ce qui est de leur prochaine couverture : elle est déjà prête puisqu’il n’y a qu’à prendre celle qu’ils ont déjà utilisée pour annoncer sa mort dans le passé. Sans doute la nécrologie est-elle déjà prête aussi, comme chez toute rédaction qui se respecte (à cette heure-ci, à FR2, à TF1, à Canal, les journalistes filent à la morgue récupérer le dossier Jacques Martin pour en exhumer le reportage qui lui rendra hommage, images de l’homme qui aimait la vie les enfants l’humour l’impertinence, images d’un homme libre brisé par la maladie mais qui se sera battu jusqu’au bout, image de l’amuseur public, l’empêcheur de tourner en rond qui derrière les rires cachait une blessure profonde, mais pas image de l’homme dont la femme est tombée amoureuse du maire au moment où celui-ci prononçait son mariage) et d’ailleurs la nécro de Jacques Martin, France Dimanche l’a sans doute déjà publiée par petits bouts, à diverses occasions. Mais il n’en reste pas moins que l’hebdo est dans le pétrin. De quoi a-t-on l’air lorsqu’on annonce successivement la mort puis la mort puis la mort puis la vie puis la mort enfin, et réelle celle-là, d’une seule et même personne ? En plus France Dimanche paraît le vendredi (pour être en accord avec son nom), c’est-à-dire que le numéro annonçant la mort de Martin ne sera visible que dans une semaine, et il aura un retard d’une semaine sur la concurrence pour informer de ce que l’on sait tous déjà à cette heure-ci.

Voilà un magazine qui aura d’abord déclaré Jacques Martin mort mais trop tôt, puis vivant mais presque trop tard, et enfin mort mais trop tard encore. Triste destin en vérité et je suis prêt à croire que Jacques Martin y est pour quelque chose, qu’il s’est dit, après avoir vu que France Dimanche le réhabilitait, tiens maintenant je vais claquer ils auront l’air con, et que pour en rajouter une couche il a fomenté de mourir un vendredi, histoire que pour de basses raisons de tirage le journal qui était toujours sur le coup pour connaître son encéphalogramme soit à la bourre pour dire que ce dernier était tombé à plat.

Alors merci Jacques Martin, merci non pas pour avoir fait des bonnes émissions mais merci de faire chier France Dimanche un petit peu en ces temps où la presse de bas étage me désespère. Et merci également pour les visites que vous allez m’assurer puisque des dizaines de gens cherchent à savoir, chaque semaine, si vous êtes ou non mort et tombent sur ma page où ils apprennent que non, vous ne l’êtes pas. Très certainement il y aura un peu plus de gens encore qui taperont Jacques Martin mort sous Google dans les jours à venir, et ça c’est très bénéfique pour moi. Mais hélas, le pataquès médiatique que cause votre décès marquera les esprits et il est à craindre qu’à l’avenir s’amenuisent les dubitatifs, ceux qui se demandaient encore hier au soir pourquoi on ne vous voyait plus à la télé et qui, pris d’un doute soudain, interrogeaient Google pour savoir si vous étiez encore vivant. Pour ceux qui continueront de se poser des questions et qui taperont toujours Jacques Martin est-il mort dans la barre de recherche, je veux s’ils tombent sur cette page que les choses soient claires : à la question Jacques Martin est-il mort, il faut désormais répondre oui.

Donc tirez la bobinette et la chevillette cherra.