Crotte alors, j’avais des trucs à vous raconter sur la télé, des choses que j’ai vues et qui m’ont fait rire mais rien ne me revient, sauf peut-être la manière dont on parle du bac dans les JT. Je l’ai déjà un peu évoqué mais en revoyant les reportages où la voix-off féminine nous explique que, là je la cite, les bacheliers ont eu à réfléchir sur la conscience et la liberté, l’art et la réalité ou encore le travail, en revoyant ce genre de moments donc, je me suis dit que c’était assez rigolo cette manière de montrer les choses.
En gros, lorsqu’on nous parle de l’épreuve de philo du bac, de loin la plus médiatisée — mais c’est la première, il est vrai —, l’idée n’est pas seulement de glorifier les bacheliers mais surtout de nous faire se sentir con. On nous expose tout ce pataquès avec l’idée sous-jacente que regardez nos jeunes comme ils sont intelligents, ils sont capables de réfléchir sur des questions philosophiques de haut-niveau. Pendant que nous, nous en sommes incapables. Vous voyez, il y a une sorte d’admiration hypocrite des journalistes pour des gens qui passent cet examen, un examen tout à fait banal d’ailleurs mais voyez comme les sujets de philo sont relevés et pourtant ils seront 82% à avoir leur bac. En montrant comme les bacheliers sont fortiches les reportages nous posent directement la question suivante, comme une provocation : et vous, en seriez-vous capable ? Et la réponse est bien évidemment non : non on ne s’en sent pas capable devant sa téloche à 20 heures alors qu’on ingurgite tranquillement son toast de foie gras, pardon mais je ne m’adresse qu’aux riches. Et puis on nous parle de la philo parce que ça brasse des thèmes qui nous concernent, on ne peut pas dire que ça n’évoque rien dans notre esprit tout ça, c’est pas comme les maths. S’ils nous parlaient des sujets de maths, forcément on se sentirait mieux, on se dirait de toute façon j’ai toujours été nul en maths et puis les logarithmes népériens, quelle connerie ça ne m’a jamais servi. Mais la philo on ne peut pas l’esquiver, elle nous interroge sur le monde et sur nous, elle nous touche et sait rester inaccessible.
Mais après quand on les voit les bacheliers, interviewés au sortir de leur examen, crapotant leur clope pour qu’on sente bien comme tout ça est dur pour eux, on se demande pourquoi on les porte tant aux nues, pourquoi on l’admire tant cette néogothique flamboyante qui bafouille dans sa langue percée que ouais c’était dur meuh bon voilà quoi on verra bien quoi hihihi – han (vous savez, je l’avais déjà évoquée dans l’article précédent).
Bon, voilà.
Ah oui, il y a tout de même un truc qui m’énerve bien plus encore, en fait qui me révolte même, c’est la manière dont on traite les femmes à l’approche des vacances. Non mais qu’est-ce que c’est que cette escalade dans les régimes aux promesses toutes plus fabuleuses les unes que les autres ? Perdez 7 kilos en deux semaines par ici, perdez-en donc 5 en seulement une semaine par là, et voici notre guide des calories à détacher pour bien décortiquer votre bouffe pendant trois mois afin de vous faire pénétrer par surprise, oh comme c’est bon oh oui, par un bel étalon sur la plage cet été. Soyez sexy les filles, à la rentrée ce sera le numéro spécial de celle qui s’est faite le plus tirée en deux mois ! Mais avec un petit supplément sur les risques de l’anorexie — il faut bien réparer les dommages des excès de l’été.
Voilà comment chaque année à la même époque — mais en fait ça s’étale sur toute l’année, on a toujours un régime à vendre de toute manière — on insulte la dignité des femmes. Car qu’entend-on lorsqu’on leur propose de devenir belles ? Qu’à cette heure-ci elles sont laides. Ca doit toujours leur faire plaisir à entendre, en tout cas à certaines puisque ça a l’air de marcher cette technique d’avilissement. Pour reprendre l’idée exposée par l’auteure des Monologues du vagin lors d’une émission de Ce soir ou Jamais, pendant que les femmes s’épilent elles ne s’occupent pas du Darfour.
L’autre jour au 13 heures de France 2 il y a Elise Lucet qui aborde le sujet des régimes, elle commence par dire un truc du style tous les magazines affichent des recettes miracle en couverture, là je me dis chouette, peut-être qu’on va entendre une critique du système mais pas du tout, bien au contraire : puisque les techniques miracles des magazines sont douteuses, Elise Lucet vous soumet tranquillement l’idée de, pourquoi pas après tout, essayer l’hypnose. Et allez ! Il ne viendrait à personne l’idée de dire aux femmes que tout va bien pour elles, que leurs kilos en trop ne sont qu’un mythe savamment entretenu pour leur faire dépenser de l’argent et que les hommes les trouvent très bien comme elles sont. Oh ben non, rajoutons-en plutôt une couche : oui, vous êtes toutes trop grosses ! La balance ne ment pas, les chiffres sont là et nous allons vous ouvrir les yeux : 60 kilos c’est pas bien, vous ne pouvez pas vous sentir bien dans votre peau avec 60 kilos, c’est interdit ça madame, vous devez peser 53 pour vous sentir bien mais un petit 51 ne serait pas de refus, n’est-ce pas.
Oui vous verrez, je peux faire en sorte que demain au réveil tous vos pantalons soient devenus trop grands, vous pourrez même mettre toutes vos mains dedans et quand vous marcherez ils glisseront le long de vos jambes affriolantes, vous verrez les hommes seront fous de vous. Alors pour 300 € vous pouvez au choix racheter des jeans d’une taille trop grands, ou bien acheter notre produit miracle qui fait maigrir même quand vous dormez, c’est-y pas magnifique médéme ? Avec ça votre féminité sera complètement épanouie, comme le dit Garnier, prends soin de toi ça veut dire ce que ça veut dire : si vous n’y pensez pas dans deux ans vous ne serez plus viable, juste bonne à jeter, avec les seins qui roulent sur les cuisses et la peau qui traîne par terre. Et puis vous le valez bien, n’est-ce pas. Oui, c’est ça être femme : dépenser tout son argent pour empêcher l’inévitable destruction de votre corps, acheter tous les produits artificiels existants pour être, vous savez c’est le mot à la mode, naturelle. Oui, être vous-même, si l’on veut. Soyez vous-même en faisant comme tout le monde, c’est notre message et nous n’en avons pas honte.
Je ne sais pas comment c’était avant mais la femme libérée d’aujourd’hui, j’avoue avoir du mal à y croire, j’ai plutôt tendance à penser qu’on l’enferme mieux que jamais dans des stéréotypes très dévalorisants, ceux de la fuite urinaire, ceux des rides insupportables, ceux des cheveux blancs qui doivent être proscrits, ceux de l’entretien de la maison évidemment, j’en oublie tellement.
Non mais je vous préviens, je vais devenir féministe si on continue de traiter les femmes comme des animaux.
Et puis quoi encore.
N’oubliez surtout pas que la cruche, tant elle va à l’eau, en la fin se brise.

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posted the 06/16/2007 at 07:01 PM by
franz
N'empèche que dans ton article, de partout on sens la télévision : que ce soit le JT, les pub, ou même la référence à "ce soir ou jamais". Après vouloir dicter notre conduite pour qu'elle soit "normale", la télé voudrait elle prendre le controle des articles de padrino ? (tout en gardant la soupape de l'autodérision qu'elle maitrise si bien)
Ne pouvons nous pas dire les choses tels quelle sont?
Il a disparue pour il est mort , un non-voyant pour un aveugle...etc
Les société oriental n'ont pas (bien que de plus en plus elles deviennent ainsi) cet envie d'attenuer toute choses.
Par exemple une amie a moi m'a raconté qu'elle était allé au japon pour son travail. Son employeur la recoit dans un resto du coin, au centre , un immense aquarium. Le chef s'approche et lui demande le poisson qu'elle desire. Elle le choisit ,il l'attrape , le tue , le decoupe en trois coups de couteau ,l'assaisonne rapidement et lui sert. Sa voisine une occidental endurcit (mon amie avait l'habitude des voyages au Japon) est parti du resto car elle "se sentait mal".
Car ,oui, là ont voyait bien ce que l'on mangeait : un animal mort. Est ce si dur a admettre?
C'est sur que quand ont regarde notre poisson ou nos morceaux de viande ont peine a reconnaitre l'animal que c'était.
Les japonais n'ont pas cette hypocrisie. Pour eux
Nous nous raprochons de plus en plus d'un systeme où il faudra ne blesser personne :tous dans les normes , tous mechanisé ,aséptisé...
Pour les "regimes miracle" c'est reelement tres hypocrite et desesperant. Quand ont voit des gamines de 15 ans qui se font vomir ont se demande où l'on va...