Résumé de l’épisode précédent (ci-dessous) : Julien Barrière décide un beau matin qu’au lieu d’aller chez le coiffeur il prendra une barque et naviguera à travers la France. Après avoir connu une extase arboricole, il rêve de Dominique de Villepin, de plongeoirs, de Frédéric Taddéï et de la faculté. Il est réveillé, nous dit le texte, par un violent coup sur la tête.
En se relevant du fond de sa barque où de l’eau s’était infiltrée, Julien scruta immédiatement les alentours en couvrant son crâne endolori sous sa main moite. Tout juste aperçut-il un petit groupe de personnes âgées, deux couples semblait-il qui marchaient côte à côte sur le rivage. J’ai peut-être rêvé, admit-il avant de reprendre ses pagaies. Mais après avoir parcouru une dizaine de mètres, à nouveau il sentit un objet lui heurter le chef. Cette fois-ci les vieux ne se cachaient plus, déjà ils se réarmaient en ramassant des cailloux et ajustaient leurs tirs. A l’évidence Julien allait faire face à une rafale de pierres. Je n’aime pas la lapidation des femmes, pensa-t-il, ce n’est pas pour endurer la mienne. Réfractaire à l’idée de goûter du minéral pour son déjeuner, il s’allongea immédiatement de toute la platitude qu’il était donné à son corps d’adopter. Le nez dans l’eau, de l’eau dans les oreilles et la joue contre le plastique il sentit à moins de dix centimètres au-dessus de lui passer une rafale de cailloux, et entendit au loin le rire des pépés et des mémés qui se satisfaisaient de leur coup. Profitant de la trêve il leva la tête pour répondre à leur jet de pierre par un jet d’insultes, bande de vieux cons, qu’est-ce que vous avez dans la tête, vous êtes malades ou quoi. En ramassant un galet une mamie à lunettes et coiffure bigoudi lui cria non, on s’amuse c’est tout. Il faut bien que vieillesse se fasse, ajouta-t-elle hilare tandis qu’elle lançait son projectile vers Julien.
A force d’esquiver les caillasses ce dernier perdit l’équilibre et fut projeté dans la rivière, plouf. On aura tout vu, se faire agresser par des grabataires en manque de sensations fortes, non mais et puis quoi encore, se répétait-il en tentant d’atteindre la rive opposée à celle qu’occupaient les assaillants. Il se hissa sur la terre ferme et constata avec soulagement que les racailles séniles étaient désormais hors de portée. Du moins le semblaient-elles, et de toute manière elles paraissaient avoir déjà oublié leur victime car à nouveau elles marchaient gaiement en bavassant bruyamment, ostensiblement fières de leur manière de se divertir.
Les vieux ne sont plus ce qu’ils étaient. Ce fut la dernière réflexion de Julien avant le prochain épisode, si tant est qu’il paraisse un jour.

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posted the 05/29/2007 at 10:07 PM by
franz