Je sors de mon lit — et il faut que je me libère. Ces derniers temps je fais n’importe quoi, n’importe comment, le tout en essayant de faire bien.
Mais j’inverse la logique parce que c’est marre : maintenant j’écris en me foutant de faire bien ou mal, je fais et puis c’est tout. Ras-le-bol des simagrées, ras-le-bol des tentatives émotionnelles confinées aux horizons de la pensée, ras-le-bol des articles engagés dont je ne me dégage plus, et des justifications infinies que je fournis face aux critiques ; tel que vous me lisez à l’heure où j’écris ceci, à 1 heure du matin le 23 ou 24 octobre 2006 — mais je me fous de la date précise pour être franc — je suis aussi énervé qu’un syndicaliste en rut au lendemain d’une délocalisation vers Pluton (et puis quel racisme pour les plutonien, ces gens-là ont bien le droit de travailler aussi non ? C’est en tout cas ce que me dit mon grand-oncle, plutonien par sa belle-mère, qui aimerait bien aussi profiter de Windows XP) distribuant ses tracts vindicatifs, les lunettes rondes chaussées sur un pif rougeaud sous lequel une grosse barbe grisâtre et pourrie laisse apparaître un orifice appelé bouche duquel sont éructés des slogans réclamant qu’une barrière de corail soit installée entre la Terre et Pluton.
Ma cigarette est ici et maintenant ma meilleure amie, Sea Change accompagne gentiment ce sursaut nocturne aussi pitoyable que la robe de soirée de Nikos Aliagas lors du dernier prime de la Star Academy, ma ponctuation va virer au n’importe quoi et ma syntaxe va foutre le camp je vous préviens ; ça sera pas facile à gérer pour vous mais moi ça va me défouler un bon coup parce que là comme j’ai dit c’est marre (et cette expression est marrante, je l’adopte à l’unanmitité en accord avec mon sénat cortexique (je sais pas comment on adjective les termes se rapportant au cerveau et puis j’en ai rien à battre d’ailleurs vous voyez je vous montre bien que je m’en fous ça se voit là non ?)).
Je sais j’ai bafouillé sur unanimité mais je m’en fous parce qu’arrive Lonesome Tears, magnifique chanson, la plus belle de l’album sans hésitation aucune, j’ai presque envie de faire des commentaires à la Marianne James mais je sais même pas quel genre de commentaires elle fait dans son émission celle-ci alors bon faut pas trop m’en demander les gars.
J’ai jamais rempli une page aussi vite ; ou bien le temps ne m’a jamais semblé aussi court dans mes activités scribouillardes, j’en sais rien en tout cas je tripe là enfin je retrouve le plaisir brut de m’acharner sur les touches fébriles et tremblantes de mon clavier apeuré par mes doigts à tel point qu’il tente de se barrer, de prendre le large, de se libérer de mon joug sauf qu’à cette heure-ci c’est lui qui me libère du joug de mes dernières productions.
Tout ça est lourd tu n’es même pas obligé de lire hein moi je fais ça pour moi ; en fait je suis ici dans une démarche on ne peut plus égoïste pour changer.
La lune plonge ses rayons dans ma tête ;
Je tète fébrilement ma clope ;
Ma clope se consume dans mes poumons, m’asphyxie le corps mais me libère l’esprit, je ne me sens plus sous la contrainte d’un sujet auquel je devrais me tenir, je ne me sens plus sous la contrainte de quoi que ce soit j’aligne les mots comme ils viennent bite couille désir bonheur oui je viens de rerererelire les Particules Elémentaires de Houellebecq c’est pour ça que j’étais un peu déprimé ces tesmp-ci mais je ne peux pas me plaindre parce que j’ai la chance d’avoir une femme que j’aime et qui m’aime et avec elle je connais un bonheur total, jouissif, pénétrant et d’ailleurs si elle me lit voilà je t’aime sache-le, tu es mon ultime but, la seule chose que j’aime, ma vie ne vaut d’être vécue que pour toi mon amour; j’allume une troisième cigarette et j’ai envie de pleurer je voudrais y arriver pousser les larmes jusqu’à mes yeux, les faire remonter le long de mes joues, sentir mon menton trembler et ma gorge faiblir je vais y arriver j’en suis sûr il faut que tout ça sorte
(Allez, parenthèse poétique, si j’y arrive
C’est pas évident tout ça est très aride
La pluie préfère tomber du ciel plutôt que couler sur mes joues
C’est une salope sur ce coup-là mais je l’aime quand même la pluie elle me mouille les cheveux et je me sens beau et fragile et j’aime bien traverser le cimetière de Préville en la sentant tomber sur moi et regarder les tombes et voir tous ces morts en dessous qui me regardent, eux seuls ont la vraie sagesse, fin de la parenthèse)
Ne laissez pas mon visage sec, pleurez pleurez pleurez il le faut je le veux j’en ai besoin je vous aime je vous hais c’est n’importe quoi tout ça, très niais je pense, je préfère pas me relire
La vie est ainsi faite : on écrit, on essaye de faire les choses bien, et puis parfois il suffit de se poser et elles se font bien toutes seules il faut laisser sa chance à la chance la France a raison d’aimer ses chansons ? non je ne crois pas.
J’aime le mot poursuites, je le trouve beau , je veux le raconter ici et maintenant (le ciel n’est plus très loin), il est encore plus beau quand on ne sait pas ce qui est poursuivi ; on poursuit, on est poursuivi et puis voilà c’est tout c’est la vie (et voilà que la fumée en m’envahissant la pupille amène les larmes à mes yeux)
Et je pense à mon grand-père il me manque un peu, parfois beaucoup, souvent je me rappelle les moments passés avec lui et j’aime ma famille mes parents mon frère à qui je ne l’ai jamais dit mais comme ça c’est fait et ma grand-mère qui aura compté presque plus que quiconque
Je suis misérable peut-être conscient de l’être certainement heureux d’en être conscient pas vraiment
J’aime la vie et je remercie Dieu de me l’avoir donné ;
Je lui en veux déjà de vouloir me la retirer ;
Tout ça sera trop court de toute manière
Peu importe, ça aura été beau et émouvant d’exister sur cette terre,
De lui appartenir et de s’émerveiller du monde
Quand il n’apparaît pas dans sa misère
Quand il est éclairé par le tonnerre qui gronde.
J’arrive au terme de cette catharsis, je pense encore à mon grand-père et à la dernière image que j’ai de lui sur son lit de mort, beau, reposé, rajeuni
J’ai oublié de mettre des points à mes phrases c’est parce qu’on peut les poursuivre ;
Elles peuvent être l’objet de poursuites
La vie aura été belle pour moi
En tout cas.
Merci de m’avoir aimé (un peu)
Je t’aime, toi qui m’as lu
Et plus encore, toi qui ne m’as pas lu,
Et plus encore toi à qui je pense et que je suis impatient de voir demain ma vie ne serait rien sans toi qu’un ramassis merdeux inintéressant déplorable
Je sens une rose pousser dans mon cœur sa tige s’étendre dans mes doigts
Le plaisir de dire n’importe quoi
Comment ça fait d’être aimé ?

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posted the 10/24/2006 at 01:42 AM by
franz
que l'on ne trouve que dans des bouteilles plastiques de deux litres et qui regarde nos vies d cons à travers leurs regards embrumés ,nous ne sommes que des distributeurs de petite monnaie à leurs yeux ,et pour beaucoup trop de gens ce ne sont que des déchets .