Note : Pour plus de clareté, j'ai modifié légèrement la première partie de manière à y faire apparaître clairement que je ne suis pas de ceux que je fais parler. Le Front Antiaméricain a été renommé F.A.C.H.O (Front Antiaméricain Contre les Hordes Obèses)
Remercions le F.A.C.H.O pour ce discours d'une rare éloquence.
D’une manière générale, les membres de cette fronde, comme une partie conséquente de la population française, sont atteint du syndrome du « j’établis moi-même dans ma chambre des théories politiques et des scénarii de l’avenir mondial sur la base, non pas du peu que je sais, mais plutôt du tout ce que je ne sais pas ».
Cette attitude trouve son explication dans l’état actuel de la société de communication : l’objectif originel et défendable qui consistait à permettre à chacun, à travers la mine d’informations auxquelles il pouvait accéder, de se forger une opinion, est devenu sans s’en rendre compte l’obligation tacite, pour tout citoyen, d’avoir un avis sur tout.
Nous voulons tous savoir la vérité — bien légitimement — ; nous oublions toutefois au passage que le doute n’est pas un état de faiblesse mais au contraire un état de force, et que celui qui doute est toujours plus malin que celui qui ne doute pas. Pour nous, il est absurde de douter, parce que tout dans les médias nous permet de penser quelque chose de ce que nous voyons. Et nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas avoir d’avis sur telle ou telle chose, parce qu’il est inconcevable, dans une discussion, qu’un interlocuteur puisse déclarer « Désolé, mais je préfère ne rien dire parce que je ne m’y connaît pas assez » ; ce serait de sa part une preuve de lâcheté, un défilement honteux, une trahison qui lui interdirait toute prise de parole dans un quelconque autre débat — n’oublions pas pourtant que son avis, comme le nôtre, ne changera jamais rien à la face du monde.
L’hypocrisie des médias consiste à nous faire croire qu’ils nous aident à avoir une opinion ; en réalité ils nous y obligent, parce qu’eux mêmes, ne doutant jamais de ce qu’ils avancent, nous convainquent que le doute ne peut pas être permis, et au final les cons vainquent.
L’exemple le plus symptomatique et révélateur de cette démagogie est le concept des ralentis lors des matchs de foot. En nous repassant la même action cinq fois sous tous les angles, nous sommes plus à même de savoir s’il y a faute ou pas que l’arbitre lui-même, sur le terrain. La télévision flatte notre volonté de connaître la vérité en nous disant « c’est à vous de juger », sous-entendu l’arbitre ne peut pas le faire. Et il est évidemment impossible, en regardant un match avec des gens, de ne pas avoir d’avis sur la vidéo que l’on voit de voir et sur la vérité de la faute.
Ce cas s’applique à l’ensemble des images et sons que nous diffuse la télévision. Lorsque le gouvernement américain nous sort sa vision officielle des attentats du 11 septembre, nous sommes en droit de douter, comme face à toute déclaration de tout gouvernement. Mais nous haïssons le doute, et plutôt que de rester ne serait-ce qu’une semaine dans l’incertitude de ce qui s’est passé là-bas, nous préférons avaler sans réfléchir tout documentaire se proposant pour commencer de démonter la thèse gouvernementale, et de donner sa propre thèse — dès lors considérée comme certainement vraie — en remplacement. Car aucun documentaire n’aura les couilles de se contenter de démontrer les contradictions du rapport officiel et de s’arrêter là en disant « voilà ce dont nous sommes certains, restons-en là ». Non, il faut aller plus loin, et pour frapper fort et être le plus vu possible, il faut à tout prix avoir sa propre théorie, même si on n’a pas encore de quoi l’étayer.
Nous sommes victimes du même aveuglement que celui que nous reprochons à ceux qui gobent tout ce que dit un gouvernement : nous gobons tout ce que dit quelqu’un qui est contre le gouvernement.
Notre désir de vérité se transforme en une dangereuse occultation du devoir de douter.
Le doute est le seul radeau auquel nous pouvons nous raccrocher en étant certains qu’il ne chavirera jamais.
Il ne doit pas pour autant être une fin en soi, car ce serait faire de lui une vérité par défaut également.
Il doit juste être l’intermédiaire nécessaire qui nous aide à rester à notre place plutôt qu’à parader pour clamer fièrement ce qu’on ferait à celle des autres.

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posted the 09/26/2006 at 09:49 PM by
franz
J'ai un avis dessus mais....
J'ai un gros doute là tout d'un coups.