« I’ve got nothing to say », nous explique le chanteur des Strokes.
C’est un peu pareil avec moi, là.
J’ai vraiment rien à dire.
Mais bon, faut que je parle quand même — la liberté d’expression, tout ça, vous savez —.
Déjà, je vous explique que pendant les quatre prochains jours vous ne trouverez rien de neuf sur cette page d’infortune de mes couilles.
Je pars, avec ma Muse amoureusement amuseuse, à la maison de campagne qui a inspiré celle du début de l’Aventure Nocturne, dans le village qui a inspiré celui de la suite de ladite aventure nocturne, dans le pays qui a inspiré l’essentiel des textes parcourant ce lieu de débauche ou des Boches tentent parfois de m’embaucher.
Ceci est un appel à vot’ bon cœur, m’sieurdames. Si vous pouviez me trouver des idées pour mon retour, je crois que je vous aimerais comme jamais je ne vous ai aimés (comme si ça allait les convaincre, tu parles qu’ils s’en foutent que je les aime, c’est pas ça qui va leur rapporter de l’argent. Société matérialisto-capitalisto-libéraliste de merde va, où même les gens dont on a pu faire l’erreur de penser qu’ils nous appréciaient s’avèrent être des félons et des radins incapables d’apporter un peu de générosité à leur plus tendre compagnon. Pouah.).
Bon.
Ben voilà.
On fait quoi maintenant ? La bise ?
Vous voulez la météo peut-être ?
Oui ?
Pas de problème.
Demain, il fait froid partout sauf en Irak, où il ne tient qu’à vous de vous rendre si vous voulez vous réchauffer un peu (appel caché à Patrick Bruel).
Oui, je ne supporte pas Patrick Bruel.
Je suis passé par une période chanceuse pendant laquelle la providence m’aidait à ne pas allumer la télé quand sa tronche occupait l’écran, et où sa tronche n’occupait pas l’écran quand je regardai la télé — une sorte d’entente cordiale, en somme.
Mais mardi dernier, je voulais voir pourquoi Fogiel avait quitté FR3 pour M6, donc je devais regarder sa nouvelle émission pour constater, pensais-je, une liberté de ton bien plus grande et une intelligence développée.
Fatale erreur. Personne ne quitte FR3 pour M6 avec dans l’idée de faire une émission plus intelligente.
Et donc, dans ce nouveau toc-cho, qu’y avait-il de neuf ? Rien.
Mêmes invités, même plateau, même public bêtement enthousiaste sans raison, même consensualité, même démagogie, mêmes sujets à la con ; y a que la pub en plus, et la cruche qui gère les SMS et MMS depuis son ordi, et André (ou Alain, je ne sais jamais) dans une chronique en lieu et place de Carlier qui, pour sa part, s’était démagogisé de manière alarmante dans ONPP.
Le titre ? T’empêches tout le monde dormir.
Enfin bref. Donc Bruel était l’invité de cette grande première, avec son fils spirituel Raphael (encore que spirituel ne soit pas le mot qui convienne pour définir le genre de musique que ces deux types-là pratiquent).
Bruel fut comme à son habitude énorme de ridicule. Après un discours démago du genre « Les gens ne doivent pas se faire de souci, s’il arrive un drame aux élections de 2007, les artistes seront là, nous on sera là ». Genre les gens savent pas quoi foutre donc votent Le Pen, mais heureusement Patriiiiiiiick ! est là avec ses amis artistes pour rétablir l’ordre en France.
Après, il nous sort sa nouvelle chanson, sur le thème pas du tout à la mode du 11 septembre. Texte insignifiant, pleureur, dans la veine de Qui a le droit (de faire des chansons comme ça ? certainement pas toi Patrick), et Bruel qui nous déclare, fier de lui : « J’ai voulu me place du côté des victimes, pour une fois ». C’est vrai que pas mal de gens ont fait des chansons avec le point de vue des terroristes, et des textes comme : « J’ai pris l’avion / J’ai pas fait le con / J’ai visé les tours / Leur ai joué un tour ».
Bruel, échaudé par la standing ovation d’un public magnifiquement chauffé par le panneau Standing Ovation, enchaîne donc sans sourciller avec On avait dit 10 ans plus tard même jour même heure (le titre me revient pas) et Qui a le droit , pendant que Cécile de France essuie des larmes dont on ne saura pas si elles traduisaient son émotion ou son désespoir.
Le truc cool avec Bruel, c’est qu’il te fait en deux minutes une chanson sur n’importe quoi. C’est pas compliqué, dès qu’il voit un truc ça lui inspire une chanson. Appliqué à moi, je pourrais vous chanter dès maintenant, en impro sur deux accords : « Clavier, joli clavieeeeer / Sur toi je tape des mots / Je chante la beauté / De mes mauuuuuuux » ; ou bien, sur mon téléphone portable : « Téléphone, phone / Quand tu sonnes, sonnes / C’est mon cœur qui chantonne, tonne / Et ça m’étonne, tonne». Tout, vous dis-je, est bon pour être chanter : « C’est mon lit / Je vais me coucher / Dans mon lit je souris / Parce que je vois les choses en beauté ».
Bref, vous voyez le tableau.
Venait donc ensuite Raphael, somptueusement statufié, puisqu’il n’a pas changé sa position d’un millimètre en quinze minutes : la tête tournée vers Marc-O, le regard mystérieux ou qui tente de l’être, le t-shirt en V ouvert jusqu’à la poitrine, la main droite appuyée sur la hanche, la gauche sur la table, et voilà un Raphael si faux qu’on aurait cru qu’ils avaient posé un présentoir en carton sur la chaise.
Et comme écrire ce truc m’empêche moi aussi de dormir autant que vous qui le lisez, je quitte lâchement mon clavier et raccroche ce que vous voulez tant que je n’ai pas à chercher une fin décente, même si c'est même pas l'heure de dormir d'abord.

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posted the 09/16/2006 at 02:51 PM by
franz
Sinon terribleuh comme d'habitude !