Bonjour, je suis une merde.
Je fréquente Jeux-France depuis 5 mois environ ; c’est dire à quel point mon ancienneté est forte par ici, et donc ma légitimité en tant que membre proportionnellement importante.
J’ai des idées fixes sur les jeux vidéo.
Moi par exemple je hais Sony et tous les gens qui achètent leurs consoles, qui ne sont tous que des moutons du grand public (car le grand public, qui n’a par définition pas de goûts en matière de jeux vidéo, défend toujours ardemment Sony ; ce qui veut dire qu’en fait il a des goûts mais pas vraiment), et je suis prêt à perdre deux heures par jour pour défendre ce point de vue sur ce site où je serai lu par environ 100 personnes, si mon article attire des visites grâce à un titre bien senti — autant dire que mon point de vue critique et lucide va m’apporter la gloire nationale.
Parallèlement à ça j’adore Nintendo et les autres gens qui les adorent parce que nous constituons tous ensemble l’élite intellectuelle du jeu vidéo, et jouons donc à des jeux fermés au grand public, trop bête pour les acheter, mais qui finit par devenir intelligent et les acheter quand même. C’est ainsi que nous justifions les ventes moyennes de la GC en même temps que nous expliquons les excellents chiffres de la DS. En clair, pour moi : la console fait un bide, c’est le signe de son intelligence ; elle marche, c’est le signe de son intelligence aussi.
Ceci ne fonctionne pas pour la PS2, console de bites.
Mais je ne suis pas si loin finalement du connard pro-Sony, dont le discours repose sur les mêmes mécanismes.
Tous deux, nous avons en commun la peur d’être seuls à aimer une console, mais cette peur est mêlée à une certaine fierté. Nous partageons également le désir de ne connaître qu’une petite partie de la production vidéoludique existante en nous limitant chacun à une plateforme. Dès lors, frustrés l’un comme l’autre de ne pas posséder d’autres consoles simplement parce qu’idéologiquement on a décidé que c’était impossible, nous nous auto-persuadons que la nôtre est la meilleure et qu’elle n’a que des bons jeux, ou en tout cas plus que l’autre.
Nous savons également, avant même de savoir à quoi elle va ressembler et les jeux qui paraîtront dessus, quelle console nous achèterons ensuite. Pas besoin de vérifier avant d’acheter, et de toute façon nous poursuivons notre auto-persuasion en transformant, l’un comme l’autre, les défauts de la plateforme que nous avons choisie en qualités, et les qualités de celles que nous avons écartées (et sur lesquelles nous ne manquerons pas de cracher par la suite) en truc insignifiants (‘’les graphismes ne servent à rien’’, ou ‘’le gameplay sans des graphismes next-gen ne vaut rien’’). D’une manière générale, l’opposition dans laquelle nous nous enfonçons en ce moment est celle du gameplay contre les graphismes, comme si ces deux éléments s’annulaient dans un jeu, alors qu’en réalité ils coexistent de manière à ce que chacun d’eux valorise l’autre.
Notre système de pensée peut, pourquoi pas, être rapproché de celui des racistes.
Par exemple, dans la phrase suivante : « Les gens qui achètent chez Sony sont des moutons, alors que ceux qui prennent Nintendo sont les meilleurs », on pourrait s’amuser à remplacer ‘’Les gens qui achètent Sony’’ par ‘’les juifs’’ et ‘’ceux qui prennent Nintendo’’ par ‘’les nazis’’. Et hop, le tour serait joué.
Nous nous faisons, il est vrai, les représentants de sociétés qui de leur côté n’ont strictement rien à foutre de nous et ignorent jusqu’à notre existence. Peut-être espérons-nous recevoir un jour par courrier un mot signé de la main de Miyamoto ou de Kutaragi, disant : « Merci pour les efforts que vous faites sur le terrain, grâce à vous nos parts de marchés ont augmenté de 25 % ; en récompense nous vous offrons en avant-première notre prochaine console ainsi que tous ses jeux de lancement ».
La partie II arrivera demain soir, environ.

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posted the 09/05/2006 at 11:02 PM by
franz
sony c'est de la merde, point final.
des idees tu peux te les foutre la ou je pense ...