Dieu est ressuscité.
Alors que Nietzche a annoncé son décès il y a un peu plus d’un siècle, Dieu est bel et bien de retour, ressuscité d’entre les morts, ressourcé d’entre les mors, restauré d’entre les corps. Il est là, il marche, il vit ; et il préfèrerait que nous mettions des majuscules aux mots qui Le désignent.
Peu de gens comprennent Dieu, et subséquemment beaucoup arrêtent de croire en Lui, ce qui est d’une absurdité confondante dans la mesure où cesser de croire en Dieu ne fait pas cesser son existence.
Bref, Dieu est de nouveau là, et c’est un peu la fête, voyez-vous. Du coup, on a décidé de l’interviewer, parce que c’est quand même pas n’importe qui, quoi, c’est Dieu enfin.
(Canal+ a eu Zidane ; on a du se contenter de Dieu. Bon, c’est déjà pas trop mal.)
Une interview de François Dufleuve.
François Dufleuve : Bonjour, Dieu.
Dieu : Salut François. Ca boume ?
F.D : Euh, oui, ça va pas mal…
Euh, d’abord, que pensez-vous de la défaite de l’équipe de France en coupe de monde ?
D. : Tu sais mon p’tit François, les pays, les nationalités, tout ça, pour moi ça n’existe pas ; c’est du pipeau que les Hommes se sont inventé pour triper et guerroyer la conscience tranquille. Ils ont aussi utilisé la religion, ce qui a fait baisser ma côte de popularité de manière vertigineuse, m’enfin bon…
F.D : Oui, mais quand même, tu peux comprendre que les Français préfèrent voir leur pays gagner, non ?
D. : Non.
F.D : Euh, bon, d’accord. Sinon, y paraît que tu serais contre la capote et les homos. C’est vrai ?
D. Oui, alors ça c’est le pipeau du Clergé qui s’est imposé des mœurs débiles (interdiction pour les prêtres de coucher, etc) et qui du coup fait passer sa frustration sexuelle en tentant de faire culpabiliser les gens sur leur propre sexualité. Moi, tu sais, dès que je vois deux êtres humains s’aimer, je suis heureux, et puis point ; je m’en fous qu’ils aient le même sexe.
F.D : Putain, t’es vachement tolérant comme mec, plus que ce qu’on a voulu me faire croire. Et, genre, les mécréants, tu sais, ceux qui croient pas en toi ? T’en penses quoi ?
D. : Qu’ils ont sûrement raison. C’est vrai quoi, après tout, peut-être j’existe pas en fait. Peut-être je sors tout droit à l’heure actuelle de l’imagination d’un connard qui se croit tout permis, y compris de dire à ma place ce que je pense.
F.D : Mmh, je sais pas. (Purée, foutrement impénétrables les voix du Seigneur… )
D. : Bon, plus sérieusement, sur les gens qui ne croient pas en moi, faut quand même pas croire que je vais les envoyer en enfer. Tu sais, entre le croyant qui tue en mon nom et me trahit du même coup (j’avais pourtant bien dit dès le début : « Pas tuer » ) et l’athée qui ne fait chier personne, je préfère largement l’athée. Si tu veux tout savoir, moi j’aime l’intelligence et l’humilité. Alors le type, croyant ou pas, qui vient et qui emmerde tout le monde pour dire qu’il détient la vérité sur moi (c’est quand même vachement prétentieux je trouve), j’ai un peu tendance à l’abhorrer, comme tous les gens qui pètent plus haut que leur cul.
F.D : Mais si t’existes, pourquoi t’en donnes pas la preuve ? Ca éviterait aux gens de se gueuler dessus à ce sujet.
D. Mais tu vois mon p’tit, moi je tiens à ce que tout Homme soit libre de penser ce qu’il veut. Alors le mec qui pense que j’existe pas, je ne veux surtout pas l’empêcher de le penser. Parce que s’il a trouvé un équilibre de cette manière-là, je vais pas venir tout foutre en l’air en apparaissant devant lui quand il lira l’Equipe aux chiottes.
F.D : Et pourquoi tu laisses des gens mourir ?
D. : Même raison que plus haut. Les hommes sont libres ; ils sont libres de s’aider, et libres de se laisser mourir. C’est pas ma faute si les riches laissent crever les pauvres. Et je vais pas stopper un Hitler (qui tue des gens qui croient en moi, en plus), parce que cet homme-là est aussi libre que les autres. Moi je suis à l’origine de votre existence, et puis point ; après vous vous démerdez. Certains me déçoivent, d’autres me rendent heureux. Souvent, les gens qui me déçoivent le font parce qu’ils font chier les gens qui me rendent heureux.
F.D : Ok, donc tu sers à rien en fait.
D. : Moi, je suis la conscience de chacun. Par défaut, les gens savent par exemple qu’ils ne peuvent pas tuer les autres. Après, c’est leurs parents qui peuvent changer cette base dans les premières années de la vie, et donc leur faire rejeter la parole qui vient de moi pour valider ou invalider leurs actes. Ensuite, c’est les gens eux-mêmes qui décident d’aller dans le sens ou contre leur conscience, à travers laquelle je continue de m’exprimer, mais qu’ils rejettent avec plus ou moins de facilité suivant leur éducation.
F.D : Je vois… Et sinon, à part ça, y a un retour de Jésus qu’est prévu, un de ces quatre ?
D. : A l’heure qu’il est, il se pourrait qu’il soit en train de grandir quelque part en Afrique. J’ai décidé qu’il serait Noir cette fois ; il faudrait remettre certaines consciences en place sur l’origine de l’humanité.
F.D : C’est toi qui dirige les catastrophes naturelles, comme les tsunamis, éruptions, etc ?
D. : Non, la nature roule toute seule depuis que je l’ai créée et que je l’ai faite évoluer pour aboutir à la naissance de l’humain. Je tiens à en rassurer certains : elle n’a pas de conscience, et elle ne provoque pas de catastrophe pour se venger des conneries de l’homme (sinon elle se vengerait sur ceux qui le méritent, pas toujours sur les pauvres). Je crois que vous allez devoir vous faire à l’idée que les catastrophes naturelles ne sont en aucun cas dues à moi ou à une quelconque volonté, de qui que ce soit. L’humanité est bien une catastrophe naturelle, non ? Ben c’est pas moi qui l’ai voulu.
F.D : Pourquoi as-tu créé les taons ?
D. : Ah ! ça, c’est une petite saloperie que j’ai concoctée pour me marrer un peu en voyant les humains se faire piquer par ces bestioles dégueulasses.
Il faut avouer que les hommes ne se mettent à s’entraider que quand les autres sont de manière visible dans la merde, ou quand ils sont dans la même merde que les autres. Donc il faut les provoquer, un peu.
F.D : Bon, ben merci, Dieu.
D. Mais de rien, tu reviens quand tu veux.

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posted the 07/25/2006 at 12:13 AM by
franz