Voici la suite de ce que j'ai commencé d'écrire et de publier hier. J'y ai cette fois-ci intégré comme je pouvais un dialogue de Fahrenheit 451, de Ray Bradbury, choisi par ma Muse. L'exercice est moins réussi qu'hier, et plus je construirai mon histoire, moins les extraits des autres me conviendront.
Voici le passage ne question :
-Je continue de faire la folle. C'est bon de sentir la pluie. J'adore marcher sous la pluie.
-Je ne crois pas que j'aimerais ça.
-Il faudrait essayer pour savoir.
-Ca ne m'est jamais arrivé.
Elle se lécha les lèvres.
Vous pouvez évidemment me soumettres des passages aussi.
J'ai opéré quelques légères modifications dans le texte d'hier pour le faire mieux coller avec sa suite.
Voilà, tout est dit.
De toute manière, ce naze n’allait certainement pas avoir ne fut-ce qu’une génération à sa suite, dans la mesure où il ne risquait pas de trouver un jour une femme qui acceptât de mettre bas le moindre enfant issu de ses testicules. Scott était un gland : un gland total, un gland absolu, un grand gland. Looser magistral, il n’était parvenu à 25 ans qu’à mettre une fille dans son lit, après l’avoir soûlée. Mais en sentant son corps gluant et mielleux se coller contre le sien, ses mains pachydermiques s’appliquer sur ses seins, sa langue collante, sucrée et grasse tenter d’écarter ses lèvres, et son sexe bandant frôler ses autres lèvres, la fille s’était dégrisée miraculeusement vite et extirpée si rapidement du lit que Scott avait enfoncé sa bite dans du vide. Le seul objectif de Scott depuis qu’il s’était rendu compte des velléités de son sexe était d’un jour sortir avec une fille, l’embrasser et la niquer. Il savait que même s’il parvenait à ça il se ferait vite larguer ; pourtant ce n’était pas grave ; l’essentiel était de pouvoir évoquer au moins une ex dans ses conversations.
Il y avait environ trois kilomètres entre la ferme et le village, parcourus par une route moisie sur laquelle le camion pouvait tout juste passer. Il fallait donc une dextérité certaine pour atteindre la commune de nuit en novembre en étant presque totalement bourré, d’autant plus que la pluie commençait à tomber en rafales. Je n’avais pas cette dextérité-là. J’étais très fort pour faire du diabolo ou pour jongler avec des boules puantes, mais pas pour conduire un camion en voyant la route se distordre devant moi, les arbres avancer leurs branches devant le pare-brise et prendre des postures de zombies, et la ligne blanche foncer dans un champ où le blé dansait le rock ’n’ roll sous l’effet du vent. La pluie fonçait droit vers moi et s’écrasait sous mes yeux, et j’avais l’impression de traverser un champ d’étoiles filantes, un peu comme dans Star Wars quand Chewbacca enclenche la vitesse lumière, un peu comme si au lieu de me diriger vers le village je prenais la direction du ciel pour aller me perdre dans je ne sais quelle galaxie au nom louche. Alors que je me concentrais pour tenter de voir la route au delà des phares faiblards du camion, je vis une ombre courir juste devant moi, en traversant la route. Je freinai, dérapai, et, dans une dernière vision d’horreur, parvins à voir le visage du piéton, celui de John Fitzgerald Kennedy.
Je me réveillai quelque temps après, peut-être une demi-heure. Il pleuvait encore ; il faisait toujours nuit ; et il me fallut un moment pour me souvenir de l’endroit où je me trouvais et de ce que j’y faisais ; et je fus immédiatement découragé à l’idée que j’allais devoir parcourir le reste du chemin à pieds pour trouver une Fraise Tagada, ou plutôt deux puisque Sam m’en avait quémandé une avant de retomber dans son coma. D’ailleurs je commençais à avoir une petite fringale, et me dis que je ferais sûrement mieux d’en prendre trois voire quatre pour en avoir une en réserve au cas où.
J’atteignis le village après environ une heure de marche mal assurée ; l’accident ne m’avait pas, à mon plus grand désarroi, dégrisé. Je pénétrai dans la grand rue, endormie pour ne pas dire morte, plongée dans l’obscurité totale, à peine éclairée par une lune gibbeuse régulièrement dissimulée par des nuages à l’allure fantomatique, immobiles à l’œil nu, menaçants.
Je passai devant l’Eglise, et distinguai une silhouette assise au bas des marches, la tête en avant, penchée vers les genoux comme si elle était trop lourde pour être tenue droite, et les coudes posées sur les cuisses. Je la vis parce que son habit entièrement blanc ressortait dans la nuit. De loin, ça ressemblait à une vieille femme recroquevillée sur elle-même. Je m’approchai d’elle, juste pour voir, vraiment par simple curiosité. C’était effectivement une vieille.
« Ca va, madame ? lui demandai-je.
Pas de réponse.
— Madame ? Qu’est-ce que vous faites ici à une heure si tardive ? — j’étais bien placé pour lui poser cette question, moi qui n’avais rien à foutre là non plus.
— J’attends.
— Oh. Et vous attendez quoi ?
— La messe, petit con.
— Hum, okay. Bon, ben je vous, euh, laisse à vos réflexions. »
Je m’empressai de quitter les lieux, me disant que décidément la religion rend fou, et me dirigeai vers la place centrale, où se trouvait le magasin de bonbons. Je réalisai soudain qu’il ne serait certainement pas ouvert, à trois heures du matin. J’eus à peine le temps de me lamenter sur ma connerie que m’apparaissait une autre silhouette, celle d'une femme encore, qui marchait sur le même trottoir que moi. Je ne comprenais pas très bien d’où elle sortait, mais cela importait finalement peu. Poussé par je ne sais quel instinct, j’allai lui parler. La pluie commençait à cesser ; les dernières gouttes s’écrasaient sur le sol.
« Euh, bonjour...
— Salut !
Elle se retourna vers moi. Elle était jeune, environ mon âge, et particulièrement jolie, au delà en tout cas de tout ce que l’on pouvait espérer dans ce bled.
— Oui, euh, je sais pas trop pourquoi je viens vous parler, m’enfin je me demandais juste ce que vous faisiez par ici à cette heure-ci, par ce temps...
— Je continue de faire la folle. C’est bon de sentir la pluie. J’adore marcher sous la pluie. »
Elle se lécha les lèvres. « Même le goût de la pluie est agréable. »
Encore une folle. Jolie, mais folle. Plus je sentais les effets de l’alcool et de l’herbe disparaître, plus les événements me semblaient hors de contrôle, incompréhensibles, hallucinants.

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posted the 06/20/2006 at 11:12 PM by
franz