N'hésitez pas à aller sur l'article d'origine (lien en bas) pour voir de belles photos.
Après avoir posté le lien du bréviaire (de l'auto-promo, je l'avoue) sur la page facebook d'une revue, Tausend Augen, j'ai constaté plusieurs critiques violentes à l'encontre du blog. En partant de ces commentaires négatifs, je vais pouvoir faire une mise au point. Quel est le but du bréviaire ? Pourquoi cette forme ?
Le premier critique se nomme Vincent Joos. Ce dernier reproche au bréviaire son idéologie : "idéologie moderno-droitiste pourrie qui traverse ce site". Je passe sur le "me fait gerber". J'ai tout d'abord du mal à visualiser ce qu'est cette idéologie (le néologisme et la contraction n'aident pas). Si je comprends bien, le bréviaire serait de droite, droite branchée. Le bréviaire donne la parole, cite et commente, différents auteurs. Qu'ils soient de droite, de gauche, du centre, nationaliste ou non. Peu importe. Il ne s'agit pas de créer une officine d'un parti ou d'un courant politique mais au contraire, comme au temps du cercle Proudhon, de faire dialoguer des idéologies a priori lointaines, toutes les idées pertinentes, reposant sur un travail de réflexion sérieux.
Durant les quelques temps d'existence du cercle, on pouvait voir des syndicalistes et des monarchistes se réunir pour discuter, échanger. L'échange demande une ouverture d'esprit, accepter d'écouter l'autre, accepter donc de parfois bouger les lignes. Bref, les auteurs visibles sur le bréviaire sont des auteurs que je juge digne d'intérêt, selon leur domaine. Le critère de sélection n'est pas idéologique mais qualitatif. D'ailleurs, un relevé permet de démontrer qu'il ne s'agit pas d'un site idéologiquement à droite, exclusivement. On relève, par exemple, pour la "gauche" des gens comme René Fallet, Rousseau (plus subtil que le clivage gauche-droite à mon avis), Michel Clouscard (penseur marxiste), Jean-Claude Michéa (professeur de philosophie se classant à gauche, un "socialiste originel"), etc.
Michéa est intéressant pour sa critique du socialisme actuel, René Fallet est séduisant pour son style et sa dénonciation de l'urbanisation massive, Clouscard pour sa critique de la société de consommation. Bref, on est loin d'un recensement exclusivement à droite ou d'une compilation de "bouquins de droite" comme dira Vincent Joos ou, plus grave, en face d'un "site de glissement progressif vers la galaxie facho" comme l'évoquera Jérôme Segal. Premier mensonge.
Autre critique de Vincent Joos, l'absence d'esprit critique : "il n'y a aucun esprit critique ! c'est le Télé Star des bouquins de droite". Rien qu'un exemple pour montrer que la forme du bréviaire est aussi critique et analytique. Prenons le cas de l'article sur Emile Zola et la spéculation boursière. Il y a tout d'abord un constat, l'antisémitisme dans la littérature française (important, même chez les écrivains "respectables"). Partant de ce constat, et plus précisément de l'exemple d'Emile Zola, j'essaie de comprendre ce dualisme : défense de Dreyfus (Zola devenant le pourfendeur de l'antisémitisme anti-dreyfusard, incarné par des gens comme Drumont et compagnie) et un antisémitisme touchant à l'économie et la bourse. Je développe alors une analyse expliquant les natures des antisémitismes, en me basant sur Bernard Lazare, ce qui justifie cette étrange cohabitation. Il ne s'agit pas d' "une suite de constats" comme le dit Vincent Joos. Il y a un constat, une question, une analyse et une réflexion. Le tout reposant sur du texte, car on ne peut réfléchir qu'à partir du texte. S'arrêter à des constats, ça aurait été constater simplement l'existence d'un antisémitisme chez les romanciers français et plus précisément chez Zola. Là, il s'agit de comprendre pourquoi cet antisémitisme, ou pour être plus clair, pourquoi cette étrange dualité ?
La forme du bréviaire est courte. Il s'agit, en quelques lignes, de présenter un auteur, un extrait mais également d'apporter une analyse à cet extrait. Il est possible que le bréviaire propose, par la suite, des textes de réflexion plus denses. Néanmoins, la forme courte reste la forme privilégiée du bréviaire car elle permet au lecteur de découvrir des auteurs, des idées, rapidement. C'est au lecteur, ensuite, de creuser. D'emprunter, d'acheter, de lire, d'analyser, d'échanger. Le débat est également possible sur le site, dans les commentaires, tout comme le développement d'une grande réflexion par la réunion des billets. Ainsi, la conjugaison des billets sur l'antisémitisme apporte un éclairage, à mon avis, original et intéressant sur cette question. "La vérité, c'est le tout" disait Hegel.
Autre objection de Vincent Joos, "il n'y a rien, c'est creux, c'est dan s le vent du "contre la pensée unique", une aude aux vilains méchants, aux "grands penseurs". Là encore, un simple relevé suffit à faire mentir cette critique. En effet, Roland Barthes est-il un grand vilain ? S'intéresser, via ce penseur, au signe dans la société japonaise, est-ce le symbole d'un combat contre la pensée unique ? Encore une fois, par la variété des billets, le bréviaire cherche à s'intéresser à divers sujets. Il est possible de lire des considérations sur le Beau, comme des réflexions pragmatiques sur l'économie. Encore une fois, l'émotion peut être glorifiée, il ne s'agit pas de ne proposer que des textes cérébraux, mais jamais uniquement. Ce qui fait encore mentir Vincent Joos quand ce dernier affirme "c'est précisément cette vue esthétisante, émotionnelle que combat Tausend Augen".
Autre critique, cette fois-ci provenant de Medhi Derfoufi, "Je ne partage pas du tout l'orientation idéologique de ce site, qui rappelle effectivement les passerelles vers l'extrême-droite (en tout cas ses idées) sur la base de la défense de la liberté d'expression, de la qualité littéraire, et de "politiquement incorrect"". Je renvoie aux remarques ci-dessus pour la question du "politiquement incorrect". Le problème dans cette critique, c'est que l'on parle d'extrême-droite sans la définir (en effet, il y a des différences entre les extrêmes droites en Europe). Encore une fois, le bréviaire ne recense et commente que des références intéressantes d'un point de vue qualitatif. En aucun cas, il ne s'agit d'un travail de drague idéologique.
Les critiques essuyées sont pour le moins malhonnêtes voire très floues. Face à ce flou, et dans un esprit de dialogue car je ne me braque pas comme mes détracteurs, j'ai envoyé des messages privés à deux critiques : Medhi Derfoufi et Vincent Joos.
Voici la réponse de Medhi Derfoufi sur ma demande d'explicitation de son propos :
"Bonsoir Al, je ne suis pas hostile au dialogue non plus. Là, tout de suite, ce n'est pas que je ne veuille pas te donner d'explication, mais je manque de temps pour développer. Globalement je rejoins les critiques sur le fond émises par Vincent. Toutefois, le travail demandé par l'animation d'un tel site est réel, et je respecte cet investissement. Mais les orientations thématiques et bibliographiques que tu donnes vont dans une direction très précise, qui dessine des contours idéologiques assez nets... avec lesquels je suis en opposition."
Encore une fois, beaucoup de flou. On parle de "contours idéologiques assez nets" sans définir ce qu'est cette idéologie attribuée au bréviaire. Et, faute de temps, pas d'explication.
Autre message, et autre réponse, de Vincent Joos cette fois :
"Salut, je ne vais pas argumenter par manque de temps. j'en ai marre des renaud camus et richard millet et des identitaires francais pseudo intellectuels, vois tu. ca sent le mauvais remake des annees 30, des rebatet et consorts qui se laissent seduire par leur culture et la beaute de leur verbe. marre du dialogue. bien a toi"
On retrouve là encore l'argument du manque de temps. Bizarrement, le temps est trouvé pour calomnier, pas pour expliquer. On m'accuse de sentir les années 30, alors que les références et commentaires (voir explications du début) démontrent une réflexion subtile et dense qui dépasse le cadre d'une pensée réactionnaire comme Vincent Joos le pense.
Je n'en veux pas à mes critiques, ma volonté d'échanger en est la preuve, mais force est de constater que la calomnie dont parlait Robespierre est encore bien vivante de nos jours. Une critique sans développement, justifications, c'est une calomnie.
L'article d'origine :
http://breviairedesvaincus.blogspot.fr/2012/09/mise-au-point.html
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