Qui ne connaît pas Another World, autrement appellé aux Etats-Unis Out of this World ou encore Outer World ?
Ah... bon, ben... baissez les doigts, je vais vous en parler.
Another World est une légende dans le monde des jeux vidéos, et si vous ne connaissez pas encore le jeu, il est temps de vous rattraper... mais n'anticipons pas.
A la base de ce jeu, nous avons un homme, Eric Chahi, un français (cocorico !), infographiste de son état. Monsieur Chahi n'a qu'un rêve, faire du jeu vidéo.

(belle coupe, non ?)
Il travaillera donc chez Chip, pour faire des jeux Atari; dessinant les graphismes de Jeanne d'Arc ( 1988 ), mais c'est surtout le jeu de point'n click Les voyageurs du temps en 1989 (il sera entre temps passé chez Delphine Software) qui lui fera un nom. Toutefois, Chahi a un projet, un jeu d'une conception novatrice tant sur le fond que sur la forme. Il dessine quelques paysages et se lance dans ce qui sera le projet Another World, le projet Un autre monde.
Il présente ses dessins à Delphine, mais la société n'est pas chaude du tout... alors tout seul, il va faire son jeu, oui m'sieur ! Dans le garage du domicile famillial, de A à Z, avec juste une petite aide pour la musique et le manuel. Mais quel est donc ce jeu qui le passionne autant ?
S'inspirant fortement du gameplay de Prince of Persia qui reste une des références du genre, Another World est un jeu d'aventure où le personnage, le professeur Lester Chaykin tente de s'évader un monde mystérieux où il a été propulsé suite à une mauvaise manoeuvre dans une expérience sur la téléportation des particules. Ainsi, le héros a une palette de mouvements très élaborée, allant du pas en avant, de la course, du saut sur place, au grand saut, et pourra même se servir d'un pistolet pouvant créer un bouclier temporaire ou une violente décharge d'énergie. L'aventure est longue, fastidieuse, pleine de subtilité et de déconvenues.
Chaque tableau cache un danger potentiel. Le jeu débute dans une étendue d'eau; si vous ne remontez pas assez vite à la surface, des tentacules vous attrape et vous noie: game over. Vous relancez le jeu, vous sortez de l'eau, vous vous dirigez vers la gauche, et là, une bête vous pique à la jambe et vous empoisonne, vous êtes mort. Vous relancez le jeu, vous sortez de la piscine, vous détruisez les bêtes à coup de pied, puis vous faites face à une monstrueuse créature; vous courrez en sens inverse pour lui échapper, et tombez dans un trou: il fallait sauter pour agripper une liane et repartir dans la direction inverse.
Another World, c'est ça; une série de gestes que le joueur se doit d'apprendre et de réaliser par coeur pour s'en sortir; résolument, on parlera de série de gestes ne laissant guère de place à l'improvisation. Le jeu est extrèmement dur, mais une fois qu'on connait tous les pièges, on peut le finir en moins de vingt minutes.
L'autre aspect particulier du jeu, c'est ses graphismes. Utilisant un nouveau système de graphismes vectoriels (entendez par là: avec des polygones et non de simples pixels) et une animation très détaillée grâce à l'ancêtre de la Motion Capture, le jeu a un cachet inimitable et un rythme sans faille.
Grâce à ses coûts de fabrication très peu élévé, le jeu sort à un prix cassé sur nombre de plates-formes (il était sorti à 200 francs sur Megadrive, neuf ! Du jamais vu !), et le succés est au rendez-vous; Chahi fera même la une du vingt heures d'Antenne 2, le jeu sera même numéro 1 des ventes au Japon, Delphine Software et Chahi décrochent le gros lot.
La suite est déjà plus connue; Another World connaîtra une suite sur Mega/Sega-CD, moins réussie (la participation de Chahi est très limitée), mais surtout appellera à lui un des plus grands jeux de tous les temps, à savoir Flash Back, qui reste encore aujourd'hui une grande référence. Après ce grand succés, Chahi bâtira sa propre société, Amazing Studio, et se lancera dans un autre projet au nom de code ténébreux: Heart of Darkness.
Maintes fois repoussés, le jeu mettra 5 ans à sortir (Flash back, pour la petite histoire, connaîtra une belle suite en 3D sur Playstation sous le titre de Fade to Black); il devait être une exclusivité Saturn, mais sortira sur PS et PC. Le jeu est éblouissant, le genre 2D poussé à son paroxysme. On raconte que Spielberg lui-même a été très intéressé par le jeu, et qu'il projetait de l'adapter au cinéma ! Hélas, malgré toutes ses qualités, le jeu fera un semi-échec... en 1995, date de sa sortie, tout le monde, presse et public a un mot à la bouche: 3D. Heart of Darkness semble appartenir à un monde révolu. Ce semi-échec dégoûtera Eric Chahi, qui reviendra vers son premier amour, la volcanologie.
L'histoire pourrait se terminer, sauf que...
Des fans désiraient voir Another World sur GBA, mais Delphine Software, qui possède les droits ne le voulait pas: c'était trop risqué. Chahi a alors proposé de faire lui-même le portage, et ce gratuitement. Résultat ?
http://www.foxysofts.com/index.php?l=content/gba/anworld.inc
La rom est téléchargeable ici, gratuitement ! Ceux qui connaissent l'original ne seront pas déçu, car il y a quelques petites différences, mais je n'en dis pas plus.... et ceux qui ont la chance de possèder un Flash Linker pourront même y jouer sur GBA ou sur DS !
Alors, qu'est-ce qu'on dit ?
PS: A ce qu'on dit, Chahi projette toujours de revenir dans le monde des jeux... croisons les doigts !