Aulas se justifie (encore) et râle (encore)
Quatorzième de Ligue 1, l’Olympique Lyonnais est dans le dur. Vainqueur d’un seul de ses onze derniers matches, le club rhodanien est à six points du podium. Un constat peu reluisant qui intervient après un été également compliqué, émaillé par les départs de Lisandro Lopez, Michel Bastos et Fabian Monzon. Tout ça sans oublier le feuilleton Bafé Gomis, l’interminable saga qui, au final, a vu l’OL être obligé de revoir ses plans pour un international clairement poussé vers la sortie. Mais pas question pour le président Jean-Aulas de parler d’un OL en crise.

« Je m’inscris en faux, ce n’est absolument pas un déclin. Dire ça, c’est diffamatoire. Ce n’est pas la réalité. Ce qu’on voit là est une photo, à un instant donné. (…) Quel est le club en France qui investit dix millions par an sur la formation, cinq millions sur les féminines et qui amène cent trente millions d’euros de fonds propres dans la construction de son stade dont il va être propriétaire ? Lyon et personne d’autre. (…) Il y a crise et crise. La crise c’est quand l’OL n’est pas dans les cinq premiers à l’arrivée, mais là, c’est quelque chose de temporaire », a-t-il dans les colonnes de France Football. Mais les faits sont là.

Peu performants en championnat, l’OL a-t-il réellement les moyens de s’immiscer dans la course au podium après avoir privilégié le dégraissage des gros salaires et la montée au front des jeunes pousses du club ? « Cela n’a rien à voir avec la qualité de nos jeunes. Quand tout l’effectif était là, on était premier au bout de deux journées. Si on a dévissé, c’est uniquement à la suite d’un certain nombre de blessures très supérieur à la moyenne, ce qui a entraîné notre élimination en barrages de la Ligue des Champions et affecté la confiance des joueurs. » Les blessures, voilà donc le mal qui serait à l’origine de la baisse de régime sportive des Gones. Mais pour expliquer la crise lyonnaise, comment ne pas évoquer la gestion des récents mercatos ?

Obligé de recruter des joueurs de standing moins important, l’OL s’est t-il tiré une balle dans le pied en multipliant les renforts engagés à prix d’or, mais revendus parfois à perte ? Là encore, JMA trouve une parade. « Oui, vous avez raison de dire que le transfert de (Kader) Keita a été un échec, mais ce n’est pas moi qui l’ai choisi. Oui, vous avez raison de dire que celui de Makoun a été un échec. Celui d’Ederson, aussi. Mais leur départ n’a pas fait de moins-value. On a amorti ce qu’on pouvait amortir et quand on a pu trouver une solution, ils sont partis. (…) Quand on fait un transfert à Lyon, jamais le président ne s’achète une danseuse pour se faire plaisir. » Toujours à Lyon, Yoann Gourcuff est toutefois bien parti pour rejoindre la liste des renforts lyonnais ayant coûté plus cher qu’ils n’ont rapporté d’argent. Car outre les 22 M€ (hors bonus) dépensés par Lyon pour arracher le milieu de terrain aux Girondins de Bordeaux, Gourcuff coûte une fortune en salaire. FF indique d’ailleurs que cette saison, l’ancien Girondin pourrait coûter près de 7 M€ aux Gones. Une somme conséquente qui ne reflète pas vraiment l’apport sportif du joueur. « Quelle hargne, quel harcèlement sur un garçon comme Gourcuff ! Ce n’est pas juste. Il a eu des blessures, des difficultés à s’intégrer. L’accident industriel, ce n’est pas un mauvais recrutement, c’est quand vous finissez quatorzième ou quinzième alors que vous avez une équipe pour terminer dans les cinq premiers. »

Défenseur acharné de son OL, Aulas termine enfin son intervention en laminant la dernière rumeur circulant à son sujet : son départ. « Je ne suis pas à vendre. La situation actuelle est passionnante. Ce parc Olympique Lyonnais sur 45 ha va permettre à Lyon de devenir une métropole européenne. Les délais seront tenus, la date officielle de livraison du stade est prévue le 31 janvier 2016, mais je pense qu’on sera prêt dès la fin 2015. » Un stade qui donne visiblement beaucoup d’optimisme à JMA qui voit son OL retrouver une place dominante dans le paysage footballistique français. « L’OL est le seul club en France qui va attirer des investisseurs, car il va disposer d’un stade privé. (…) L’OL est à la veille d’une prédominance sur le modèle économique français. Bientôt, on luttera à armes égales avec Monaco et Paris et les autres clubs européens qui vont devoir s’adapter aux nouvelles règles édictées par l’UEFA (fair-play financier). À l’horizon 2016, l’objectif est d’être dans les trois premiers du championnat de manière stabilisée. » Tout un programme !

Et l'état des finances, dans tout ça?
Le temps du faste à l’Olympique Lyonnais est révolu. Obligé de se serrer la ceinture afin de rééquilibrer ses comptes, le club rhodanien s’est mis en mode économies et dégraissage depuis plusieurs saisons. Un régime au pain sec auquel vous ajoutez l’absence de participation en Ligue des Champions. Résultat : l’OL a publié hier soir les résultats concernant l’exercice 2012/2013 clôt le 30 juin dernier. Et sans surprise, les septuples champions de France sont toujours dans le rouge, même si des améliorations sont notables.

Premier constat, le chiffre d’affaires annoncé est de 137,6 M€. Un montant inférieur de 6% à celui du précédent exercice. Les Gones n’ont donc pas encore atteint leur objectif puisque pour la quatrième année consécutive, ils enregistrent des pertes. Un déficit qui s’explique en partie par la baisse de recettes à la billetterie (-30%) ainsi que des droits TV moins conséquents (-28%). Néanmoins, si l’absence de LdC a été chiffrée à 20 M€ par la direction lyonnaise, il convient de signaler que les pertes du club se sont réduites, passant de -28 M€ à -20 M€.

Au final, seules les ventes de joueurs (+138%) ont permis à l’Olympique Lyonnais de rattraper le coup. En effet, si les supporters pestent de voir partir leurs meilleurs joueurs au fil des saisons, le président Aulas sauve les meubles. Le patron rhodanien se montre d’ailleurs confiant. Au Progrès, ce dernier indique en effet que « les objectifs avaient été tenus » et qu’il espère toujours arriver à l’équilibre financier au terme de la présente saison.



Bon, et le mercato prochain, comment qu'on fait? On recrute le pâtissier du coin en priant très fort pour que ça passe?
OL Groupe a publié ses comptes ce mardi soir pour l’exercice 2012/13. Des comptes qui, comme nous vous l’indiquions ce matin, sont dans le rouge, avec des pertes de 20 M€. Le constat est là, mais la tendance est à un redressement significatif. Jean-Michel Aulas l’a confirmé, dans des propos relayés par Eurosport. « On arrive à la fin du plan de transition économique. On imagine, sauf pépin sportif, se retrouver dans une situation stable à la fin de cette saison (…). Cette année est la dernière en terme d’efforts excessivement importants au niveau de la structure », a-t-il lâché.

L’homme fort du club rhodanien a ensuite expliqué quelles étaient les conséquences de ces chiffres sur le plan sportif, et notamment sur l’issue des prochains marchés des transferts. « Il se peut qu’il y ait des ventes (cet hiver), oui. Si nous étions qualifiés pour la Ligue des Champions, nous aurions pu équilibrer nos comptes sans ça », a-t-il avoué. Un départ de poids (Gomis ? Briand ? Gourcuff ?) n’est donc pas à exclure en janvier selon le patron des Gones.

Par ailleurs, JMA a assuré qu’il ne fallait pas s’attendre à des transferts d’envergure, du moins au niveau des montants, pendant encore un long moment du côté de Gerland. « Jusqu’à ce que le Stade des Lumières soit opérationnel (en 2016), on n’ira pas vers des acquisitions extrêmement élevées », a-t-il conclu. Les supporters de l’OL savent donc déjà à quoi s’attendre...

Et Gomis?
« Il se peut qu’il y ait des ventes (cet hiver), oui. Si nous étions qualifiés pour la Ligue des Champions, nous aurions pu équilibrer nos comptes sans ça ». Jean-Michel Aulas a annoncé la couleur ce mercredi, son Olympique Lyonnais pourrait avoir à vendre des éléments en janvier. Et évidemment, on ne peut s’empêcher de penser à Bafétimbi Gomis (28 ans), placé sur la liste des transferts cet été puis finalement réintégré.

S’il a plusieurs fois déclaré qu’il terminerait la saison à Gerland, l’international tricolore est l’une des rares valeurs marchandes intéressantes d’un effectif rhodanien moyen. Du coup, les Gones seront peut-être tentés de le vendre dès cet hiver, la dernière possibilité pour eux de récupérer des liquidités, le contrat du buteur expirant en juin 2014. Interrogé par TMW, le représentant du joueur sur le marché italien, M. Di Fresco, a donné le prix fixé par l’OL pour un transfert en janvier.

« Connaissant le président de Lyon, le montant maximum demandé pour cet hiver devrait être de 3 M€, puisque le joueur est en fin de contrat en juin 2014 », a-t-il expliqué avant d’évoquer la rumeur concernant l’intérêt de la Lazio Rome. « Il n’y a encore eu aucune demande formelle de la part de la Lazio. On m’a même dit que, pour le moment, un autre joueur est l’objectif prioritaire des Biancocelesti. C’est étrange parce que selon moi, Gomis serait excellent dans le championnat italien », a-t-il conclu. Les prétendants de Bafé Gomis savent en tout cas désormais à quoi s’en tenir.