Résultat
MANAUDOU SOMBRE, PHELPS FLAMBE
A PékinSi Michael Phelps irradie de bonheur dans le Cube, en ce mardi matin, après la conquète de sa troisième médaille d'or olympique, Laure Manaudou, quant à elle, s'enferme dans une profonde tristesse. La championne tricolore, septième du 100m dos, s'interroge même sur la suite à donner à son parcours olympique.
Laure Manaudou ou le cauchemar olympique. La Française enchaîne les déceptions.
C'était il y a moins de dix-huit mois et pourtant, cela semble une éternité. Au printemps 2007 à Melbourne, Michael Phelps et Laure Manaudou avaient embrasé les Championnats du monde : sept ors pour l'Américain, deux titres et cinq médailles au total pour la Française. Au sommet de son art, la jeune femme alors âgée de vingt ans véhiculait les plus belles promesses, certains se hâtant même d'en faire le pendant féminin de Phelps. Mais ce matin à Pékin, ces comparaisons se sont définitivement évaporées dans la chaleur du « Watercube ». Vingt-quatre heures après sa déroute sur 400m (8e et dernière de sa finale), Manaudou a été inexistante en finale du 100m dos (7e), pendant que Phelps, lui, a enquillé sur 200m sa troisième victoire et son troisième record du monde en. trois épreuves disputées.
Moins exigeant physiquement que le 400m, le 100m dos pouvait être l'occasion d'un sursaut pour Manaudou, dotée de qualités innées pour cette nage. Mais la nageuse entraînée depuis six mois par Lionel Horter n'a jamais été dans le coup. Sans être catastrophique, sa coulée de départ, habituel point faible, explique en partie qu'elle ait viré à mi-course en 6e position. Championne olympique en titre, Natalie Coughlin avait déjà pris les devants avec dans sa vague la Zimbabwéenne Coventry (1re et 2e à l'arrivée). La deuxième longueur prit des allures de calvaire pour Manaudou, incapable d'accélérer et même de résister : septième en 1'0''10, à six dixièmes exactement de son record sur la distance (59''50), la star tricolore a quitté le bassin olympique abattue, le visage marqué par ce deuxième échec de rang. La jeune femme est encore inscrite sur une épreuve individuelle, le 200m dos dont les séries débutent jeudi. Mais la médaille sur laquelle elle lorgnait en débarquant à Pékin (3e performeuse mondiale cette année) est inaccessible si elle ne montre pas d'autres qualités physiques et mentales. Ce matin, l'entourage de la championne n'envisageait pas qu'elle déclare forfait. Manaudou paie en tout cas une dernière année et demie chahutée par la rupture avec Philippe Lucas et la parenthèse italienne.
A l'opposé, quatre ans après avoir ramené six médailles d'or des Jeux d'Athènes, Phelps vit pour l'instant une semaine idyllique. Déjà sacré sur 400m 4 nages et avec le relais 4x100m, deux épreuves chacune assortie d'un record du monde, « Mickey » a récidivé sur 200m. En tête dès le plongeon, Phelps a asphyxié ses adversaires en virant à mi-course avec sept dixièmes d'avance sur les temps de passage de son monstrueux record du monde claqué à Melbourne (1'43''86). A coup de coulées sous-marines hors normes à chaque virage, l'Américain a creusé l'écart pour finalement ôter neuf dixièmes à son ancienne marque (1'42''96) et devancer le Coréen Park Tae-hwan, le champion olympique du 400m. Un doigt levé vers le ciel a ponctué la troisième des huit levées de son pari insensé. Car Phelps, en finale demain sur 200m papillon, est plus que jamais en course pour effacer le record des sept ors de Mark Spitz aux Jeux de Munich (1972). Il pourrait même, comme son aîné, battre un record du monde sur chaque épreuve.
La démonstration de force américaine a officiellement commencé. En plus de son phénomène, la meilleure nation mondiale peut compter sur d'implacables spécialistes. Loin devant Manaudou, Coughlin, vainqueur en 58''96, a doublé son or olympique d'Athènes sur 100m dos, sans reprendre toutefois le record du monde à Coventry. Sur cette même épreuve, Aaron Peirsol a lui aussi empilé son deuxième or olympique en maîtrisant sa course de bout en bout. Pas du tout paniqué par le départ canon du Britannique Tancock, Peirsol a lâché les chevaux dans la seconde longueur pour rafraîchir de 0''35 son record du monde. Quatre ans après Athènes, un nouveau doublé olympique (le 200m dos commence demain) lui tend les bras. Heureuse Amérique.

tags :
posted the 08/12/2008 at 07:00 AM by
itamariisback