La France attendait ça depuis 1920. Quatre-vingt-huit ans qu'un gymnastre tricolore n'avait plus en effet remporté de médaille au concours général individuel, depuis l'argent et le bronze de Marco Torres et Jean Gounot à Anvers ! Benoît Caranobe a réussi un vrai exploit jeudi en se hissant sur la troisième marche du podium à Pékin. Grâce à un total de 91,925 points, le Français s'est classé juste derrière le Chinois Wei Yang (94,575) et le Japonais Kohei Uchimura (91,975). L'autre Français qualifié pour cette finale, Thomas Bouhail, a terminé en 21e position.
Malgré sa belle dixième place obtenue à l'issue des qualifications, imaginer Benoît Caranobe sur le podium du concours général, la plus prestigieuse des épreuves de la discipline, tenait plus de l'utopie que de la réalité. Car jamais médaillé sur la scène internationale jusque-là, et opposé à des concurrents a priori plus complets que lui, il aurait vraiment fallu un miracle pour espérer voir le sociétaire du club de Noisy le Grand ramener une breloque de Chine. Et pourtant... une fois le concours terminé, ce n'est pas exagéré que de reconnaître que le Français a amplement mérité sa récompense. «Je réalise mais je suis surpris, a-t-il déclaré une fois après la cérémonie protocolaire. J'ai fait mon boulot. Je n'ai rien vu venir. A la fin, j'ai ouvert les yeux et j'ai fini ma sieste. C'est énorme !»
Parfait en saut, excellent au sol
Tout de suite parmi les prétendants au podium, grâce notamment à sa note obtenue en saut (16,600), la meilleure des vingt-quatre finalistes, Caranobe s'est ainsi rendu la tâche plus facile avant de passer sur les trois derniers appareils (sol, cheval d'arçons (photo Reuters), anneaux), qui sont loin d'être ses spécialités. Un temps classé deuxième, après son passage aux trois premiers agrès, puis retombé à la cinquième place à l'entame de son ultime difficulté du jour, le sol, le gymnaste tricolore ne s'est pourtant pas démonté. «J'ai eu un petit coup de stress, a-t-il reconnu après coup au micro de Canal +. Ça me tenait à coeur de faire un sans faute». Ce qu'il a d'ailleurs réussi à peu de choses près, dans un Palais national omnisports de Pékin surchauffé. Deuxième provisoire à quelques instants de la fin, le plus dur était fait. Restait à attendre les résultats de ses rivaux.
Les uns après les autres, ceux-ci ont alors craqué, aux premier rang desquels l'Allemand Fabian Hambuechen, qui a chuté à la barre fixe. Le Russe Maxim Devyatovskiy n'a rien changé non plus à la donne. Résultat, Benoît Caranobe a pu crier sa joie. Après l'or décroché à Athènes par Emilie Le Pennec aux barres asymétriques, la gymnastique française s'illustre encore. Et c'est loin d'être fini. Car non content de cette première médaille de bronze conquise de fort belle manière, Caranobe, qualifié pour la finale du saut, pourrait à nouveau créer la sensation. Ce qui maintenant ne serait finalement plus si étonnant.