Voilà, certains sous-estiment Sinik, mais il n'est pas si mauvais que ça.

Ok, en ce moment il ne tourne pas à plein régime mais bon, il sort parfois de bonnes phases. Par exemple sur le son "2 victimes 1 coupable" qui parle du 11 septembre, il se mets à un moment dans la peau d'un mec qui va au travail dans les tours et regarde sa montre : "Il est 8 heures et bientôt des poussières". DOnc 8 heures et quelques minutes, mais la phrase peut être comprise comme : 8 heures, et dans quelques minutes plus que de la poussière. Et Sinik en a plusieures comme ça, des phases à retardement.

Donc là c'est Sinik et Diam's sur le son "Le même sang". Un son qui parait anodin, mais quand on connait un peu la vie de famille de Sinik prend tout son sens. Pour ceux qui ne savent pas, la soeur de Sinik est flic aux Ulis (sa cité). Et Sinik n'en a jamais parlé directement et à travers ce son si on lit entre les lignes que voit on dans le refrain :
"On a le même sang mais c'est pas pour autant qu'on se ressemble,
Pas pour autant qu'on s'entend
Pas pour autant qu'on avance dans le même sens
Pas pour autant pas pour autant qu'on s'aime pas"

Bref, le parallèle avec sa vraie vie est vite fait malgré que le morceau se présente d'abord comme une fiction.



Sinik fait d'ailleurs quelques phases bien placées :
"L'argent ça va, mais je préfère quand ça vient"
"Des substances,des poèmes, de mauvaises résolutions,
dans le cerveau plus de problèmes que de solutions"
"Je préfère vous savoir riche et en colère que pauvre et fiers de moi"


Bref, c'est pas du haut de gamme, mais c'est loin d'être aussi merdique que ce que prétendent les haineux, sans compte r que (attention je vais me faire des ennemis) le couplet de Diam's passe bien.

Un son qui glisse bien dans les oreilles, pas une grosse performance lyricale, mais un son qui n'a pas à rougir avec un gros beat, un flow normal et quelques phases bien trouvées.


Deuxième son : "Une époque formidable"
Pour moi un de ses meilleurs sons, il retrace sa jeunesse avec émotion et le fait bien, très gros beat, flow habituel, et lyrics de bonne facture, bref, pas vraiment de reproche à faire ici. LA piste emblématique de Sinik selon moi (si on excepte L'Assassin).


Qualité sonore merdique, désolé j'ai pas pu trouver mieux.

Enfin, un morceau où Sinik cogne beaucoup plus fort (en même temps c'était sur une mixtape, "En attendant l'album").


Voilà, pas mal de bonnes punchlines ici, son flow qui le suit depuis ses débuts, et une instru simpliste.

Bref, Sinik sans être un excellent rappeur est loin d'être aussi mauvais que certains le prétendent. Après, Sinik est un cliché ambulant, un peu homophobe, a fait de la prison (3 fois plusieurs mois), rappe des trucs qu'il exagère (comme dans le morceau représailles, dans le clip on croirait que Paris c'est les favelas du Brésil). Mais malgré tout il lui arrive de faire du bon son, et c'est tout ce qu'on lui demande au final, non ?

Et voilà, c'est la review de l'Autopsie, BIATCH !


Plutôt belle pochette pour cette autopsie, c'est mieux que les deux premières, et vous allez voir qu'on pourra dire cela pour presque tous les autres points.
Déja, environ 7 inédits de la part de Booba, plus des titres inédits de Dosseh, Seth Gueko et quelques invités.
Dosseh est assurément l'invité qui a le plus cartonné, avec le morceau Non-Stop où il s'acharne sur le beat avec un excellent flow et des phases bien trouvées, un artiste à suivre.
Despo Rutti lui nous ressort ses meilleures punchlines, chose décevante, vu que la plupart étaient connues.
Passons sur Seth et les autres invités qui globalement ont fait leur travail d'invités.

Venons en à l'hôte de ce disque, M. B2oba, qui dès l'intro (composée de deux parties, Intro et A3) mets les points sur les i, comme si après le semi-échec de 09 (dernier album de Booba), il se sentait obligé de montrer qu'il est le patron malgré tout. Et c'est réussi, l'intro mets directement dans l'ambiance, et A3 rappelle les moments les plus glorieux de la carrière de l'artiste, tels que Interlude (Temps Mort) ou Tallac (Panthéon). Une missive gavée de haine, LE morceau sombre du disque.

On enchaine directement avec Double Poney, le nouveau hit du maitre, un morceau comme lui seul sait si bien les faire, instru de folie, punchlines à gogo, et démonstration de flow. Que dire de plus, comme le disait l'abcdrduson, d'habitude les MC qui veulent faire de l'égotrip avec classe paraissent enfiler un costume trop grand pour eux, Booba lui est épargné. A noter que le titre fait référence à la taille de son membre érectile, d'où le "Double Poney". Bref, LE son pour rouler en Merco. A noter également que "Négro crois pas qu'on perd, la chatte à ton père" semble faire référence au semi-échec commercial de [/i]09[/i] (même si 90 000 ventes c'est respectable).

Un peu plus loin on trouve La vie en rouge, une track difficile à décrire, mais très bonne, l'ambiance y est particulière, peu de choses à dire, ça s'écoute.

Et comme il faut toujours quelques perles dissimulées sur un cd estampillé Tallac Records, c'est "Rats des villes" qui s'en charge. Un bon son pour les club, comme l'avait été Boulbi, mais version "Jungle" cette fois-ci, sur une instru lourdissime de Gallegos, encore une fois, Booba transcende l'instrumentale au travers de lyrics bien calibrés.

Prochain arrêt, la piste 18 avec "On contrôle la zone" du 92i au complet.
J'ai bien apprécié la partie de Djé, mais une fois de plus, Booba fait fort, et son passage bref marquera les esprits de par son efficacité, et sa durée (courte). Booba débarque, pose son couplet et se barre, c'est ce dont on a l'impression. Ou pour être plus juste, Booba débarque, détruit tout sur son passage et s'en va. Voilà, j'ai rendu à César ce qui lui appartenait.

Dernier arrêt important avant le terminus, "Foetus", un morceau où le rappeur du 92 retrace son périple de la testicule droite de son père à aujourd'hui, avec un certain humour.

Voilà, prenez les inédits d'Autopsie 3, mettez les sur 09 (et enlevez certaines tracks), vous obtenez un album de malade. Les inédits de Autopsie 3 auraient mérités une place sur un album. Malheureusement, le passé c'est le passé, et s'il faut retenir une chose, c'est que le patron est de retour, et que pendant qu'il était absent, les autres rappeurs dansaient le smurf. B2O semble bel et bien décidé à chausser les crampons et reprendre d'assaut le trône laissé vacant, j'en veux pour preuve l'annonce du prochain album pour la fin de l'année (cf. interviews tels que sur generationsfm.com), une chose est sûre, s'il continue sur sa lancée, il va pleuvoir des météorites cet hiver.

Citations de Autopsie vol 3 :
"J'écris mes versets sur le dernier BlackBerry Bold"
"Je ne fais pas partie du troupeau, j'égorge le garde-champêtre"
"Sans le génie, le sport, l'argent facile c'était mon ghetto, jamais je ne l'oublierai, jamais je ne serai un bon négro"
"Lunatic depuis la naissance, si si, avec du sang d'esclave j'écris cette missive, mon blase gravé sur le missile"
"56 000 euros le feat"
"Va dire au chauffeur que j'pose mon cul où je veux comme Rosa Parks"
"Concert à guichet fermé sur bateau d'esclaves"
"La rue mon premier amour, j'ai dû la trahir, mais je l'aimerai toujours"
"On nique ta mère et ta grand-mère, si elle est toujours en vie"
Voilà probablement la force de Booba, repousser les limites, on se dit qu'il n'osera pas le dire, pourtant, si, il le dit.
"J'encule le système français, oui, je suis expatrié"
"Parti du testicule droit, plus rapide que Michael Phelps"
"Les keufs m'ont à l'oeil, j'hésite à transporter mon gun, alors je commande une bouteille de Jack (Daniel's) pour mieux t'éclater la gueule"
Référence à Urban Peace 2 où il a jeté sa bouteille sur le public.

Aprés plusieurs heures d'ecoute,le constat est sans appel:B2O est le King du Rap FR.
Aprés la semi-deception de 09 et de son parcours global depuis temps mort,Booba revient avec cette mixtape qui casse la baraque.
Alors ca reste une mixtape,avec des sons deja connus ou remixés,mais alors les inedits du Duc de boulogne font ultra mal.

Des instrus de malade mental et des lyrics percutants.
6 vrais exclus de 3 minutes ou + dont "Foetus" qui est pour moi deja le "son de l'année" du coté rap francais.

Et 2 invités sur la mixtape innatendus,Despo rutti et Seth Gueko avec 2 sons inedits exellents.

Booba est pour moi toujours le numero un,il a toujours ce +,ces instrus que les autres n'ont pas,ce flow et sa facilité a manier les punchlines...

En attendant Salif ce CD est l'indispensable de l'été.

Chronique : Rois Sans Couronne - Nessbeal



Salut à tous, aujourd'hui c'est la chronique par mes soins de l'album Rois Sans Couronne de l'artiste Nessbeal que je vous propose.

Un petit CV s'impose pour ceux qui ne connaitraient pas ce génie de la musique (je pèse mes mots, ne vous inquiétez pas, je le prouverai un peu plus loin). Après avoir évolué au sein du groupe Dicidens (des proche de Lunatic) et avoir fait partie du 92i, Nessbeal se fait les dents avec un premier morceau (BECT) qui, tout en étant dans la continuité de ce qu'il faisait avec Dicidens montre enfin l'étendue de la puissance lyricale de Ne2S. Qu'on se le dise, Nessbeal est fait pour officier en solo. Après un premier opus quasiment classique : "La mélodie des briques", Nessbeal effectue une seconde frappe avec "Rois Sans Couronne". Il serait facile de critiquer Nessbeal. Dégaine à faire peur, arrêté l'école en troisième, parle en argot dans les interview, mais si nous sommes là, c'est pour juger l'album. Et puis Nessbeal sans son allure sombre, ce n'est pas Nessbeal.

L'intro donne directement le ton, Nessbeal n'est pas là pour blaguer :
"Tellement profond, normal que tu ne comprennes pas,
c'est comme Van Gogh, Nessbeal sera couronné le jour de son trépas"
Des paroles incroyablement lucides quand on connait le parcours de Ness (reconnu comme un des meilleurs lyricistes, mais dont les ventes n'ont jamais dépassé les 20 000, score ridicule par rapport à son immense talent).

Arrive ensuite un hymne à son quartier, "Le loup dans la bergerie", avec une prod de Skread enrichie à l'uranium (sans déconner, l'instrumentale est une claque monumentale, avec de la cornemuse qui donne envie de monter sur le ring), Nessbeal n'avait plus qu'à enchainer les phases de manière implacable. Il le fait parfaitement et on a droit à quelques belles phases au cours de ce son :
"C'est pas T.I., mais Nessbeal et son bered d'eteye*'"
*Théïere marocaine
"Y'a plus personne sur la piste de danse, criblée de balles la compétition dort aux urgences"
Nessbeal mets une petite claque au passage aux Psy4 de la Rime à travers sa phase "C'est pas des chialeuses, les fils de la lune", vu que Soprano et son crew sont accusés de faire du rap pour faire mouiller les gamines et vendre des disques, cela contrastant avec leurs débuts.

On saute quelques tracks (faut bien vous laisser un peu de découverte) pour arriver à la piste numéro 6, "On aime ça", un morceau, disons-le, clairement orienté pour tourner en voiture pendant l'été. Nessbeal se fait plaisir avec un morceau frais et léger. Pas représentatif de sa discographie, mais on a tous à un moment où l'autre connu des moments heureux, et c'est ce qui est retranscrit sur cette track.

Direction "Légende d'hiver" et "Rois Sans Couronne" pour un début de rechute au fin fond du précipice depuis lequel Nessbeal écrit. Mais c'est avec "Autopsie d'une tragédie" qu'on replonge définitivement dans la noirceur qui le caractérise. Morceau d'anthologie tout simplement, c'est parti pour l'analyse de la track :
Déja, l'instru est parfaite pour Ness, sombre, sans espoir. Ensuite, Nessbeal effectue une excellente performance (presque du niveau de "L'oeil du mensonge"), un flow parfaitement adapté à la prod et aux lyrics à la fois. Nessbeal nous décrit sa vie de merde de sa tendre jeunesse à aujourd'hui, d'une manière poignante, propice à nous arracher une larme. J'aurais bien cité des extraits, mais ça ne se raconte pas. Ca se vit :

http://www.deezer.com/track/876733

Je saute directement à la track 12, dont le titre m'intrigue. "Les anges aux visages sales" avec en plus le Rat Luciano en featuring (Luciano, c'est un peu le Nessbeal marseillais pour simplifier, tous deux ont énormément de points communs).
Déja l'instru prend aux tripes, et comme si ça ne suffisait pas, Nessbeal apparait comme possédé. En transe ?
"Tellement proches du sol qu'on croit qu'ils ont le diable
Tellement loins du ciel les anges aux visages sales
Coupables pour l'éternité, pauvres à perpétuité
Les anges aux visages sales "

"Vivant ils veulent t'enterrer, quand tu veux être inséré,
incinérer nos rêves khoya arrête d'espérer. [...] Ferme ta gueule paye l'air que tu dois respirer. Désemparés sont nos pères, ils savent ce qu'on fait, plus la peine de se cacher. Pour pleurer faut que je sois bourré"

"Ecoeurés, jeunes mais déja essouflés, lacérés, esprits torturés, dormir sans rêver"
Nessbeal a sûrement laissé sa part d'humanité hors de la cabine au moment d'enregistrer ce morceau tant il kicke l'instru sans relâche.

Et enfin, dernière track marquante de l'album, "Clown Triste".
Je cite, pas la peine de commenter :
"Un peu psychotique, j'ai plus l'inspir' sans les narcotiques
Enfant enfermé dans un corps d'homme
Trapéziste attiré par l'vide que Dieu m'pardonne"

"N'écoute pas mon fils j'chante un d'ces moments où il n'ya plus d'espoir
Imagine qu'on est 10 dans un appart' rempli d'blattes
Premier trimestre, en 3ème ils m'ont mis un blâme
Les profs n'comprennent pas la vie des pauvres
Prouve que t'es pas un looser, dans ce cirque le clown s'transforme en fauve
Des fois j'oublie que j'suis d'passage comme les oiseaux
En boîte, nos panthères ont d'la coke plein le museau
Chef d'orchestre le clown se doit de divertir un zoo
J'ai jamais compris ce monde, j'capte rien j'ai pas d'réseau"

Juste magistral, s'il y'a une recette pour sortir d'excellents albums, chez Nessbeal, la recette est connue.
"HLM Rezident" Dicidens
"La mélodie des briques" Nessbeal
"Rois Sans Couronne" Nessbeal

3 albums, 3 tueries (dont un classique, la mélodie des briques). Testé, approuvé.

17.5/20


Tracklist :
1 - Rimes instinctives
2 - Le loup dans la bergerie
3 - Réalité française
4 - H.L.M. Bonnie & Clyde
5 - La vie des pauvres - Featuring Wallen
6 - On aime ça
7 - Légende d'hiver - Featuring K-Reen
8 - Rois sans couronne
9 - Autopsie d'une tragédie
10 - Au-delà de l'horizon
11 - Tu vois c'que j'veux dire
12 - Les anges aux visages sales - Featuring Le Rat Luciano
13 - Dans la jungle - Featuring Dicidens
14 - Clown triste
15 - Casablanca - Featuring Cheba Maria
16 - Ca ira mieux demain

PS: à noter qu'une mixtape est sortie hier contenant 12 titres et un DVD d'1h30, intéressant pour ceux qui ne connaissent pas encore le personnage.