On a souvent tendance à voir dans l’idéologie au cinéma la face visible de l’iceberg. Tout le monde réalise, même si cela reste à nuancer si l’on rentre dans les détails comme le fait l’excellent livre Le Cinéma des années Reagan, qu’un film comme Rocky IV est une ode aux Etats-Unis. Il suffit de se rappeler la scène introduisant le titre du film. Ces deux gants de boxe, chacun portant un imprimé du drapeau russe et américain, qui se rencontrent et explosent au contact l’un de l’autre, posent un manichéisme idéologique qui dépassent le simple combat sur le ring. Ce sont bien deux idéologies qui s’affrontent à travers deux boxeurs. De même, la promotion d’une hégémonie américaine sur le monde est claire dans des films comme Independance Day. Le monde va mal, il est menacé par une intervention extraterrestre mais les U.S.A. survivent et finissent par terrasser le Mal. Seulement, des films beaucoup plus consensuels, musicaux, sentimentaux et j’en passe, ne sont pas dénués de messages idéologiques. Pour démontrer cela, un peu comme une grande introduction avant une étude plus dense, voici une analyse critique du film Never Say Never de Jon Chu. Film/clip mettant en scène le jeune Justin Bieber. Ado préféré de bien des jeunes filles américaines. Quoi de plus consensuel qu’un film musical sur un adolescent chantant des bluettes ? Voilà un exemple parfait de la face cachée de l’iceberg.
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publié le 25/05/2011 à 15:37 par
lantiblog
Si je peux me permettre une petite remarque, "Never say never" se traduit tout simplement par "Il ne faut jamais dire jamais", en français, la langue que nous parlons tous, et dans laquelle cette expression est plus que courante. Ensuite, cette expression idiomatique est détournée par ce film.
"Il ne faut jamais dire jamais" (qui est équivalent ici à "Never say never") signifie en anglais comme en Français qu'il ne faut jurer de rien. Mais surtout, il y a une ironie dans la formulation, parce qu'on prescrit qu'il ne faut JAMAIS dire... "jamais"
Qu'est-ce que ça veut dire en gros? Qu'il y a un parti pris hypocrite sur la nature du destin. A l'échelle humaine, ce petit à réussi, il s'en est sorti, c'est bien. A l'échelle de l'histoire, l'Amérique (le Canada est profondément étasunien) a encore accouché d'un riche petit trou du cul, et la machine repart.
Les américains sont obnubilés par le succès et l'argent. Never say never veut dire : c'est le hasard qui fait les choses, les choses ont bien tourné pour moi. Vous pouvez continuer à rêver, en attendant je suis au dessus de vous.
Ce qui est encore plus révoltant, c'est qu'on utilise cette logique cynique pour la vendre comme produit. La boucle est bouclée. Il s'agit d'une bonne forme et d'une bonne conscience, elle va parfaitement avec une civilisation qui promet tout et ne donne rien. Pas étonnant que le rêve américain soit religieux. La providence divine, ou le hasard motivé, ce trouve derrière toute chose.
La liberté américaine consiste à se trouver un maître et à remercier le ciel qu'il y ait des puissants et des pauvres. Le rêve américain, c'est la plus grosse arnaque de l'histoire de l'humanité.