Comment ne pas regarder avec incrédulité, et sarcasme, la sortie – ce n'est pas encore fait ! – chaotique de la PlayStation 3 ? Sony se moque visiblement du passé (les promesses : fonctionnalités, manettes, dates) comme du présent (les annonces : prix, stocks, jeux, dates) et, du Tokyo Game Show, nous demande encore une fois de croire en un futur technologique merveilleux. Mais qui rêve éveillé ici ?
Le petit mea culpa de Ken Kutaragi, président de Sony Computer, devant la presse après son discours d'ouverture au Tokyo Game Show 2006 ne cache plus le désordre que provoquent, soit ses propos, soit, plus inquiétant encore, la stratégie hasardeuse et trop ambitieuse de Sony Computer avec sa PlayStation 3. Le visionnaire écouté, le père de la PlayStation, est devenu baratineur patenté. Sa présentation crédule et embarrassante de la pseudo nouvelle manette PS3 gyroscopique au dernier E3, par exemple, reste en mémoire. Comme la disparition des fonctions de vibration tout à coup inutiles de la manette dite
ouvelle. Une présentation des faits et de la réalité tout à fait personnelle de Sony Computer qui voudrait, peut-être, faire oublier le modèle super unique de PlayStation 3 équipé de deux prises HDMI et donc capable d'afficher côte à côte deux super écrans géants pour des cessions de 7 joueurs simultanés (la PS3 ne joue plus qu'à 4 finalement, comme tout le monde). Ou, également, les cinématiques de jeux PS2 puis PS3 se faisant passer pour des extraits de jeux.
Plus rien de ce que dit Ken Kutaragi n'est dorénavant fiable, voire même crédible. Depuis longtemps déjà, dès les prémisses de la PlayStation 2, Sony Computer enjolive ses arguments et nous vend un futur de l'image de synthèse et de l'interactivité plus rêvé que réel. Le projet PlayStation 3 et son processeur Cell puis sa technologie Blu-Ray sont présentés depuis des années comme une nouvelle étape révolutionnaire de la technologie. La PSP, et ses petits disques UMD, avait pour ambition de devenir le Walkman du 21e siècle. L'ère HD ou next-gen commencera quand la PlayStation 3 sera en vente ose même dire Sony Computer en s'appuyant sur ses 120 millions de PlayStation 1 et 100 millions de PlayStation 2 vendues. Oui, sauf que la PS3, forcément intimidée par tant de responsabilité, n'a pas vu le jour en mars 2006 comme plus ou moins prévu par Sony et que la sortie mondiale annoncée à grands cris pour novembre 2006 se transforme en sortie étalonnée avec, notamment, un report de quatre mois en Europe. Sans compter les quantités si insuffisantes à la demande pour le day one US (400 000) et japonais (100 000) que Sony réajuste sans cesse ses chiffres. Tant et si bien que maintenant ce sont des rumeurs lâchées par la concurrence d'un éventuel report au-delà de mars 2007 de la PS3 en Europe qui circulent sans que rien ne puissent les infirmer.
Que retenir alors des nouveaux propos de Kutaragi et des nouvelles annonces Sony Computer au Tokyo Game Show ? Se féliciter, évidemment, du retour, sinon utile du moins médiatiquement correct, de la déjà fameuse prise HDMI fantôme sur le premier modèle de PS3 (DD 20Go) et, bien sûr, de la baisse du prix de la dite console passant de 58 980 yens à 49 980 yens (395 € à 335 €, soit environ 20% de réduction), même si cette baisse n'aura lieu que pour le marché japonais, que les USA et l'Europe garderont le même prix qu'auparavant (500 $ / 500 €) et que les premiers analystes japonais fustigent déjà cette initiative qui brouille, une fois de plus, le message de Sony (l'action boursière de Sony a chuté de 1,9% depuis hier et de 12% ces 6 derniers mois pour le moins chaotique chez Sony).
On peut se conforter de la confirmation par Dolby Digital que la PS3 acceptera, en plus du Dolby Digital 5.1 désormais standard, le Dolby TrueHD associé aux disques Blu-Ray et qui restitue 7.1 canaux sonores. Guetter les impressions des témoins sur place au TGS des 200 jeux PS3 présentés, chiffre tout à coup énorme après la poignée vue à l'E3, même s'il ne contient aucune vraie nouveauté et que Warhawk, le seul jeu exploitant la fonction gyroscopique de la manette présentée in extremis à l'E3, est repoussé à l'été 2007. Se réjouir, avec un peu de sarcasme lucide quand, après le service Live Arcade de la Xbox 360 et la Virtual Console de la Wii, Kutaragi prévoit à son tour l'accès à des jeux MegaDrive et PC Engine sur PS3.
Mais comment résister au cynisme quand le seul jeu exploitant la surévaluée norme d'affichage 1080p sera un simple rhabillage visuel d'un Gran Turismo 4 en HD à la place d'un vrai nouveau Gran Turismo ? Comment ne pas s'inquiéter des rumeurs alarmantes autour du même Gran Turismo HD, dont un éventuel système de micro achats des éléments du jeu (voitures, circuits) sur Internet coûterait, tous comptes faits, 10 fois plus cher qu'un jeu vendu complet ? Un procédé si foncièrement mercantile et même pas explicitement démenti par l'annonce officielle des modes Premium (contenu en HD) et Classic (grande partie du contenu accessible en ligne...).
Et que croire ou penser des prochaines révolutions du super computer PS3 à nouveau annoncées ? Des services Internet dans les dix prochaines années inconcevables aujourd'hui, selon Kutaragi dont la vision du potentiel de la PS3 ne se concrétisera que dans les 3 à 5 ans à venir ; le GMS (Global Mapping System) qui doit permettre - un jour - aux utilisateurs d'up loader des photos de leur environnement proche et participer ainsi à une espèce de GPS ou de Google Earth self-made à domicile et d'interagir (??) avec les développeurs de jeux vidéo, comme par exemple ceux de Gran Turismo ? Et même, sans explication plus précise, les jeux PSOne et PS2 émulés téléchargeables, voire même, jouables directement en ligne, c'est à dire sans être stockés sur le disque dur de la PS3 ?
Tant d'effets d'annonces (Super Computer, processeur Cell revolutionnaire), de contre-vérités (l'ère de la HD n'aurait pas commencé), de changements de politiques (spécifications techniques, prix, dates, jeux...) donnent certes et sans trop d'effort, de quoi écrire à la presse spécialisée (Overgame inclus), mais érodent chaque jour un peu plus le profil d'une entreprise un jour fiable. Plus ennuyeux pour les gamers et le grand public installés dans la religion PlayStation depuis 12 ans, ces discours au mieux arrogants, au pire mensongers, transforment une console futuriste, pardon, un serveur de divertissements, légitimement désiré, en un objet de raillerie quotidienne. Sony va perdre quelques centaines de dollars par console vendue les premières années, mais avant même sa mise sur le marché, la PlayStation 3 perd chaque jour un peu plus de sa réputation. N'est-ce pas plus grave ?
source : Overgame.com site géniale soit dit en passant ! ! !